Dopée au « quoi qu'il en coûte », la France peut prendre le temps de corriger son déficit, juge la Cour des comptes

Alors que les comptes publics de la France sont en zone rouge avec la politique du "quoi qu'il en coûte" mise en place face au Covid-19, la Cour des comptes conseille une sortie progressive des mécanismes d'aides pour ne pas fragiliser le tissu économique fortement soutenu. L'institution évoque aussi cinq secteurs dans lesquels des réformes pourraient permettre "d'améliorer la qualité de la dépense publique".
(Crédits : Christian Hartmann)

Prêts garantis par l'Etat (PGE), fond de solidarité, chômage partiel, reports des prélèvements obligatoires... Le "quoi qu'il en coûte" d'Emmanuel Macron depuis mars 2020 a d'ores et déjà coûté 206 milliards d'euros aux finances publiques jusqu'à mars 2021, comme l'évaluait le comité de suivi et d'évaluation. Résultat le déficit public français s'enfonce à 9,4% sur l'année 2021 et la dette publique doit atteindre 117% du PIB cette année. C'est sur ce dérapage que la Cour des comptes souhaite apporter ses fortes recommandations, dans un rapport de 200 pages commandé en février par le Premier ministre Jean Castex.

Pour les Sages de la rue Cambon, le redressement des comptes publics - à amorcer en 2023 - doit passer par des réformes. A un an de l'élection présidentielle, l'exécutif actuel pose les fondations mais c'est bel et bien à l'exécutif issu de l'élection qu'incombera le redressement des comptes publics.

"Il y a deux erreurs à éviter : oublier la croissance et ne compter que sur la croissance", défend le premier président de la Cour Pierre Moscovici.

"Quelles que soient les perspectives de croissance en sortie de crise, la crise sanitaire laissera des marques durables sur l'économie française et les finances publiques", prévient aussi l'institution, qui juge souhaitable une stratégie "qui allierait renforcement de la croissance et réduction progressive du déficit public".

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Pas d'inversion de la courbe des dépenses

Pour autant, la Cour des comptes ne prône pas de baisse de la dépense de publique. La priorité est de freiner les dépenses publiques en fixant leur rythme de progression "à un niveau conduisant à une réduction du déficit public suffisante pour permettre une décrue de l'endettement public au plus tard à compter de 2027".

Pour l'heure, le gouvernement s'est fixé l'objectif de ramener la progression des dépenses à +0,7% par an jusqu'en 2027.

Le rapport évoque toutefois trois scénarios, l'un où l'augmentation de la dépense est de +0,6% par an à partir de 2023, un autre à +0,3%, et un dernier où les dépenses se stabilisent.

Si la Cour prône une stratégie progressive, c'est aussi en raison des risques de faillites à la coupure des aides. "Il y a effectivement plus de risques à retirer trop tôt les mesures de soutien que trop tard", note l'institution.

Cinq réformes pour faire des économies

La Cour évoque cinq secteurs dans lesquels des réformes pourraient permettre "d'améliorer la qualité de la dépense publique", à la fois en termes d'équité et d'efficience: le système des retraites, les dépenses d'assurance maladie, la politique de l'emploi et notamment l'indemnisation du chômage à ajuster aux cycles économiques, ainsi que les minima sociaux et la politique du logement "dont il faut accroître l'efficacité et le ciblage, notamment en direction des ménages les plus défavorisés".

Sur le contenu des réformes, notamment celle des retraites, qu'Emmanuel Macron a remis dans le débat public récemment après la mise en suspens de la réforme présentée en 2018, la Cour ne tranche pas.

"La Cour incite à prendre le temps, de crainte qu'une réforme précipitée ne fasse tomber la réforme", comprend-on à Matignon.

Enfin, la Cour conseille d'envisager que toute baisse de prélèvements obligatoires (par exemple des allègements d'impôts destinés à renforcer l'activité de la France) soit financée "par des hausses ciblées de même ampleur portant sur d'autres assiettes ou par une remise en cause de dépenses fiscales de faible efficacité".

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 (Avec AFP et Reuters)

Commentaires 16
à écrit le 17/06/2021 à 2:32
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Comme les philosophes grecs prenaient le temps de penser imbibés de vinasse pendant que leurs esclaves travaillaient... la France a le temps de s'effondrer sous le poid de sa dette.

à écrit le 16/06/2021 à 18:10
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On aurait dû laisser la sélection naturelle opérée ,cela aura fait des retraités en moins et de la place pour les jeunes sur le marché du travail .À moins qu'avec des masques .......

à écrit le 16/06/2021 à 17:19
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La Cour des comptes alerte. C'est sont boulot. Mais où sont SES propositions réelles et concrètes d'économie?? - - - - - - - Certes, les mesures d'économie ne sont pas populaires en période d'élection quand il faut promettre tout et n'importe quoi...

à écrit le 16/06/2021 à 14:46
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Ce rapport est déjà jeté à la corbeille, par l'exécutif, à peine remis. Comme tous les autres depuis 1981, et tous les suivants. AUCUNE volonté politique RESPONSABLE de réduire déficits et donc dette. Dette de 120% " stabilisée à partir de 2027 " !!!...

à écrit le 16/06/2021 à 14:06
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Le bateau coule, mais "encore un instant, monsieur le bourreau"; citation plus récente: "la maison brûle et nous regardons ailleurs". Je ne crois pas que, dans le Privé, on aurait attendu quarante ans pour redresser la barre.

à écrit le 16/06/2021 à 12:50
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Une curiosité qui échappe toujours à nos journalistes : les Enarques de la même promo sont , soit au Conseil d'Etat , soit à la Cour des comptes .... soit au Pouvoir . Janus , je sais , il a 2 faces mais là avec trois , on est à Jurassic Park ...

à écrit le 16/06/2021 à 11:16
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Le politique n'est qu'à l'image de la population. On ne sait pas qui engendre l'autre. C'est l'histoire de l'oeuf et de la poule. Cela fait 40 ans qu'on attend que les réformes réduisent les déficits mais en réalité les Français souhaitent continuer ...

le 16/06/2021 à 11:48
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Oui, très bien dit, mais un politicien qui ne présente pas une reforme digne de ce nom est un criminel de l'histoire donc il ne devrait pas exister.

le 16/06/2021 à 12:59
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c'est normal ...Moscovici a été ministre er , à son époque , la Cour des Comptes lui prodiguait des conseils ....Là , c'est l'inverse !

le 16/06/2021 à 12:59
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c'est normal ...Moscovici a été ministre er , à son époque , la Cour des Comptes lui prodiguait des conseils ....Là , c'est l'inverse !

à écrit le 16/06/2021 à 10:53
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Pour faire des économies suffit d'avoir le courage et de taper fort dans les privilèges et avantages des députés, sénateurs, présidents /secrétaires des régions, des fonctionnaires avec des retraites et primes généreuses injustifiés et très inégalita...

le 16/06/2021 à 17:11
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Je crains que vous vous trompez de cible. Il faut certes diminuer les avantages de nos députés, ministres etc ne serait-ce que pour l'exemplarité. Il faut aussi réduire les différentes strates de l'administration ajoutées les unes sur les autres au f...

à écrit le 16/06/2021 à 10:09
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Une économie consisterait à se passer de Mr Moscovici et des autres cumulards de son espèce qui discréditent la classe politique et construisent ainsi un boulevard pour Mme Lepen et ses idées simplistes.

le 16/06/2021 à 10:53
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@MOUGEON: La classe politique s'est discréditée toute seule: entre l'abstention massive, les électeurs évaporés et ses brillants résultats économiques, on en est à craindre l'arrivée d'un dictateur légalement élu.

à écrit le 16/06/2021 à 10:05
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vu qu'il y a le temps, la france va le prendre, elle commencera la semaine de 4 jeudis, au moment et lieu des calendes grecques.......et le jour ou il faudra s'y mettre, y aura des cris de singes de gauche haineux hurlant que c'est surtout pas le meo...

à écrit le 16/06/2021 à 9:27
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Ils n'ont toujours pas baissé les impôts tandis que les prélèvements obligatoires publics et privés ont explosé comme la facture de EDF, une véritable honte surtout avec ce scandale du compteur linky et la facture des poubelles qui elle prend au moin...

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