En France, la classe politique s'écharpe sur la guerre entre Israël et le Hamas

Si tous les partis ont condamné les violences et appelé à une désescalade des tensions entre Israël et le Hamas palestinien, le soutien à apporter à Israël, dont la politique de colonisation des territoires palestiniens est décriée par La France Insoumise, divise la gauche. De son côté, le parti Les Républicains a pris dimanche le gouvernement à parti au sujet du financement de l'Autorité palestinienne.
Elisabeth Borne, la Première ministre, a violemment critiqué les prises de positions de Jean-Luc Mélenchon et de LFI, et a été prise à parti par Eric Ciotti, le président des Républicains.
Elisabeth Borne, la Première ministre, a violemment critiqué les prises de positions de Jean-Luc Mélenchon et de LFI, et a été prise à parti par Eric Ciotti, le président des Républicains. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Pas d'union sacrée en France face à l'horreur de la guerre en Israël. Depuis que les forces militaires islamistes du Hamas ont attaqué l'Etat hébreu samedi matin, la classe politique est unanime sur la condamnation des violences en cours, mais s'écharpe sur la responsabilité des deux camps.

Ainsi, le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a condamné samedi sur X, anciennement Twitter, « les attaques terroristes qui frappent Israël ». La Première ministre Élisabeth Borne a ajouté que « le terrorisme sous toutes ses formes doit être combattu et les civils protégés ». Parmi les partis d'opposition, la plupart ont manifesté un soutien à Israël. Le parti de droite Les Républicains (LR) a apporté un appui « total » et « inconditionnel » à l'Etat hébreu confronté à une attaque « immonde ». Marine Le Pen, leader du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), s'est déclarée « plus que jamais aux côtés de la démocratie israélienne ».

A gauche, même condamnation des violences pour le Parti Socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF), Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) et La France Insoumise (LFI). « Condamnation totale de l'attaque lancée ce matin par le Hamas », a déclaré samedi Olivier Faure, le premier secrétaire. Du côté du PCF, son leader a condamné « sans réserve » l'attaque du Hamas, qualifiée d'« inacceptable et injustifiable ». Chez EELV, la secrétaire nationale Marine Tondelier a défendu « le droit indiscutable des Israéliens de vivre en sécurité », tout en mettant en garde contre la violence de la riposte, appelant à éviter « une réaction indiscriminée sur les civils de Gaza ». Enfin, chez la France insoumise, le député François Ruffin a lui aussi exprimé une « condamnation totale » des attaques, tout en s'inquiétant que « la réponse soit dans les mains du gouvernement israélien le plus brutal depuis 30 ans ».

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Jean-Luc Mélenchon et LFI accusés de relativiser les attaques

Le leader du parti, Jean-Luc Mélenchon, a expliqué samedi que « toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza ne prouve qu'une chose : la violence ne produit et ne reproduit qu'elle-même ». « Horrifiés, nos pensées et notre compassion vont à toutes les populations désemparées victimes de tout cela. Le cessez-le-feu doit s'imposer », a-t-il ajouté sur la plateforme X.

« L'offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d'intensification de la politique d'occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est », a également affirmé dans un communiqué le groupe parlementaire de LFI. Le député LFI Louis Boyard a ajouté : « Trop longtemps que la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine. Trop longtemps que la France renvoie dos à dos la violence de l'Etat israélien et celle de groupes armés palestiniens ».

Ces propos rappelant l'escalade des tensions ces derniers mois suite à la politique d'intensification de la colonisation des territoires palestiniens par le gouvernement ultra-conservateur de Benyamin Netanyahu, sont interprétés par une grande partie de la classe politique comme une tentative de LFI de trouver des justifications à l'attaque du Hamas contre Israël.

Depuis Bordeaux, où elle assistait au campus de rentrée du parti présidentiel Renaissance, la Première ministre n'a guère pris de gants pour dénoncer les « ambiguïtés révoltantes » du parti de Jean-Luc Mélenchon. Elisabeth Borne a ainsi estimé que « l'antisionisme » de LFI est « parfois une façon aussi de masquer une forme d'antisémitisme ».

Ses propos ont mis en fureur les dirigeants insoumis. Ils sont « ignobles », a répondu le coordinateur de LFI, Manuel Bompard. « J'ai exprimé la position constante de notre pays depuis De Gaulle », s'est indigné Jean-Luc Mélenchon. « L'approbation du massacre en cours déshonore Mme Borne. La France ne parle pas comme ça ! », a-t-il ajouté dans une référence apparente aux opérations de représailles israéliennes, avant d'accuser la Première ministre de « ralliement » à « un point de vue étranger ».

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La Nupes fragilisée ?

Cette controverse sur le Proche-Orient ouvre également un nouveau front dans la crise sans fin que traverse l'alliance des partis de gauche, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Divisée pour les élections européennes de juin 2024, elle ambitionne pourtant de présenter un candidat commun à l'élection présidentielle de 2027.

Le député PS Jérôme Guedj a estimé dimanche que la question de rester dans l'alliance de gauche Nupes se pose, après les déclarations de LFI et de son leader, Jean-Luc Mélenchon. Or, Jérôme Guedj était jusqu'alors l'un des plus fervents défenseurs de la Nupes, née au lendemain de la présidentielle de 2022 « Ça me dégoûte de voir et de constater que certains - le communiqué du groupe LFI, les tweets de (Louis) Boyard, de Jean-Luc Mélenchon et peut être de quelques autres -  ont immédiatement été dans une forme de relativisme, de renvoi dos à dos, d'absence de ce minimum de compassion qui fait notre humanité commune », a développé le socialiste sur la Radio de la communauté juive (RCJ).

Le vocabulaire employé par LFI passe mal auprès de ses partenaires. "Que certains à gauche parlent du Hamas comme +des forces armées palestiennes+ me dégoûte. Le Hamas est une organisation terroriste", a répliqué dimanche la députée socialiste Valérie Rabault.

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LR appelle à couper les ponts avec l'Autorité palestienne

A droite, le président des Républicains, Eric Ciotti, a demandé dimanche dans un courrier adressé à Emmanuel Macron de « cesser tout financement » de l'Autorité palestinienne, « tant que nous n'obtiendrons pas des garanties solides sur l'usage des subsides internationaux », au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël.

Installée en Cisjordanie et présidée par Mahmoud Abbas, l'Autorité palestinienne n'a pas de contrôle sur Gaza, d'où sont parties les attaques du Hamas contre Israël.

« Par sa faiblesse et sa corruption, l'Autorité palestinienne porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle », estime le député des Alpes-Maritimes, qui condamne « avec une fermeté absolue ces menées terroristes » et apporte « un soutien inconditionnel à l'Etat d'Israël qui a le droit inaliénable de se défendre face aux factions qui veulent sa destruction depuis 65 ans ».

En appelant le chef de l'Etat « solennellement à agir au nom de la France », Eric Ciotti considère que « l'Europe ne peut pas continuer à financer une structure gouvernementale » qui « n'a plus d'autorité que le nom », selon lui « incapable de jouer son rôle face aux groupements terroristes qui gangrènent les territoires palestiniens et qui contrôlent depuis de nombreuses années la bande de Gaza ».

Le patron de LR demande également de « couper définitivement les vivres aux organisations terroristes comme le Hamas », en « prenant toutes les dispositions au niveau national pour priver les puissances étrangères qui participent au financement des terroristes de tous les avantages dont ils peuvent disposer en France, au premier rang desquelles figure le Qatar ».

Le Qatar est par ailleurs un allié économique proche de la France, qui avait soutenu sa candidature pour la Coupe du Monde de football en 2022, le pays étant le principal actionnaire du club de football Paris-Saint-Germain (PSG).

Commentaires 6
à écrit le 09/10/2023 à 0:05
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j' ai 67 ont à toujours entendue conflit israélo .palestinien .avec tout les traités les accords de paix !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!..le travail à pas été fini depuis 85 ans !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 09/10/2023 à 0:05
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j' ai 67 ont à toujours entendue conflit israélo .palestinien .avec tout les traités les accords de paix !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!..le travail à pas été fini depuis 85 ans !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

à écrit le 08/10/2023 à 21:26
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Nos politiques s’écharpent sur ki ké ki « condamne » le plus fort. Mais quand on a 2 peuples dont une bonne part de la population est fanatique religieux ou nationaliste (et souvent les 2 en même temps) qui se partagent un bout de désert avec une nat...

à écrit le 08/10/2023 à 19:30
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Débat impossible. Dès qu'on ose critiquer la politique du gouvernement israélien on se fait taxer d'antisémitisme.

à écrit le 08/10/2023 à 18:18
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Ils font parler d'eux.

le 08/10/2023 à 18:27
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tout à fait ! nos élus sont ils devenus de simple exécutants de la politique ?

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