Energie : face à la flambée des coûts, la CCI Nantes-Saint-Nazaire crée la coopérative d’approvisionnement Estuaire Energies

Pour aider les entreprises à faire face à la crise de l’énergie et aux enjeux de compétitivité qui en découle, la Chambre de Commerce et d’Industrie Nantes-Saint-Nazaire vient de créer la société coopérative Estuaire Energies. Objectif : mutualiser les achats d’énergie et accélérer la transition énergétique des entreprises.
Les fondateurs d'Estuaire Energie ont déjà attiré une douzaine de sociétaires parmi lesquels le spécialiste du photovoltaïque Armor, le logisticien IDEA, le motoriste Fetis, l’équipementier électronique Lacroix, l’entreprise de BTP Charier, la fonderie Bouhyer, le spécialiste de l'habitat et de la rénovation énergétique Cetih… ou, encore, la Banque Populaire Grand Ouest.
Les fondateurs d'Estuaire Energie ont déjà attiré une douzaine de sociétaires parmi lesquels le spécialiste du photovoltaïque Armor, le logisticien IDEA, le motoriste Fetis, l’équipementier électronique Lacroix, l’entreprise de BTP Charier, la fonderie Bouhyer, le spécialiste de l'habitat et de la rénovation énergétique Cetih… ou, encore, la Banque Populaire Grand Ouest. (Crédits : Frédéric Thual)

C'est une réponse apportée par la Chambre de commerce et d'industrie Nantes-Saint-Nazaire pour permettre aux entreprises de faire face à la crise de l'énergie, devenue la deuxième préoccupation des dirigeants de Loire-Atlantique, derrière les recrutements, selon la CCI. Un an tout juste après le démarrage de la guerre en Ukraine, la chambre consulaire vient de créer la Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC) Estuaire Energies. Avec une ambition : reprendre la main sur les questions d'énergie. « Nous sommes passés d'une époque où l'on branchait ses appareils dans la prise sans que personne ne se préoccupe de son coût à un moment où l'énergie est devenue une composante structurante du prix qui doit être intégrée dans le coût de revient des produits », rappelle Yann Trichard, président de la CCI Nantes. Autrement dit, d'abondante et peu chère, l'énergie est devenue un sujet méconnu, complexe à aborder, coûteux et finalement assez mal maitrisé face à la complexité des offres proposées à l'heure de la renégociation de son contrat.

De là est né Estuaire Energies, sur un modèle déjà éprouvé dans le Nord de la France avec la création en 2018 de la coopérative Ener-A. A l'origine de celle-ci, Franck Sprecher, a été recruté par la CCI nantaise pour piloter le projet nantais, autour d'une triple mission : acheter de l'énergie, décarboner et produire de l'énergie localement. Et ce, potentiellement pour les 80.000 entreprises implantées en Loire-Atlantique.

Un objectif de 100 gigawattheures

D'individuel, le recours à l'énergie doit devenir une démarche collective impliquant une certaine dose de confiance envers Estuaire Energies qui se propose de négocier et gérer les contrats d'approvisionnement auprès de dix a quinze producteurs d'énergie (EDF, Engie, Iberdrola, ENI...) en Europe. Et de massifier les achats. « Nous constituerons des groupes, avec des courbes de charges, une enveloppe de kilowattheures, selon les besoins, un mix énergétique voulu et la typologie des entreprises et nous irons négocier, pour elles, avec les producteurs, qui pourront ainsi calibrer leurs besoins. Ce qui permettra d'avoir des prix plus attractifs et de sécuriser la stratégie des entreprises par un contrat cadre, triparti », indique Franck Sprecher.

L'objectif est d'atteindre un volume de 100 gigawattheures, composé en groupes de 30 à 50 GWh. « Rien n'empêche une entreprise de faire ces démarches seule, mais cela impose des compétences, une connaissance des marchés et des contrats qu'elle n'a généralement pas », dit-il. Une démarche qui devrait aussi amener Estuaire Energies à acheter de l'électricité auprès des producteurs d'énergie renouvelables, des propriétaires d'installations photovoltaïques, etc.

L'implication des collectivités

Dans le Nord, où les premières opérations d'achat ont seulement été réalisées en 2021, en raison de l'inertie du Covid, ces négociations auraient permis d'abaisser les factures d'au moins 15%. « L'énergie n'était jusque-là pas un enjeu stratégique, c'est devenu un enjeu de différenciation et de compétitivité. On est passé d'un achat simple à un achat complexe. L'électron est devenu un bien commun à gérer. Or, nous n'avons pas l'expertise. La stabilité des prix va nous permettre de bâtir des stratégies », reconnait François Guérin, PDG du groupe Cetih (Compagnie des Équipements Techniques et Industriels pour l'Habitat), spécialisé dans les secteurs de l'enveloppe de l'habitat et de la rénovation énergétique. Aux côté des groupes Armor, du logisticien IDEA, du motoriste Fetis, de l'équipementier électronique Lacroix, de l'entreprise de BTP Charier... ou, encore, de la Banque Populaire Grand Ouest, Cetih est l'un des premiers à rejoindre Estuaire Energies qui compte à ce jour une douzaine de sociétaires. « L'autre intérêt d'une société coopérative, c'est que l'on va pouvoir faire entrer les collectivités, avoir accès à des installations photovoltaïques comme des lycées et bénéficier de soutiens financiers, comme l'Ademe par exemple, qui ne peut flécher ses aides vers une seule entreprise », souligne Franck Sprecher.

Impliquer les entreprises par les politiques RSE

Société coopérative d'intérêt collectif, constituée sous la forme d'une SAS, Estuaire Energies permettra à toute entreprise, qu'elle soit, TPE, PME ou ETI industrielle, présente sur le territoire de Loire-Atlantique, voire des Pays de la Loire, de devenir sociétaire, via une prise de participation de 1.000 à 3.000 euros, selon leur collège d'appartenance. Et d'avoir ainsi voix au chapitre. Car au-delà de la négociation des tarifs d'électricité, Estuaire Energies entend conseiller les entreprises pour accélérer la décarbonation de leur activité, promouvoir la sobriété et la production d'énergie renouvelable pour sortir de la dépendance des marchés financiers. « Il s'agit de travailler de manière continue sur ces trois piliers -achat-décarbonation-production- dans une démarche globale visant à atteindre l'objectif de 40% d'énergie renouvelables fixé par l'Union Européenne », rappelle Franck Sprecher. Et de donner de la visibilité aux entreprises. En soutenant ces démarches, celles-ci pourront aussi ajouter une brique à leur politique de RSE.

Vers 25% de productions locales

De part son statut de SCIC, qui implique « une lucrativité limitée et de réinvestir ses excédents », Estuaire Energie pourrait à l'avenir investir ou co-investir dans des centrales de production pour accélérer le déploiement des ENR et racheter l'électricité aux petits producteurs dont les installations sont éparpillées sur les toitures. Avec l'objectif de fournir 25% de l'énergie grâce aux productions locales d'ici à cinq ans. Une manière aussi de sécuriser les approvisionnements et les prix. En Loire-Atlantique, Estuaire Energies compte s'appuyer sur un effectif de six personnes et lancer les premières propositions aux fournisseurs d'énergie dès le second trimestre, de façon à être opérationnel d'ici la fin de l'année où de nombreux contrats signés jusqu'en 2023 devront être renégociés.

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