Hausse d'impôt : le Conseil d'analyse économique estime « absurde » de l'écarter face à la « situation budgétaire »

Président délégué du Conseil d'analyse économique (CAE), organe placé auprès du Premier ministre, Camille Landais, estime, « absurde » de « refuser toute hausse au vu de notre situation budgétaire ». La semaine passée, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est redit « opposé à toute augmentation d'impôt ».
Camille Landais, président délégué du Conseil d'analyse économique qui se présente comme une instance pluraliste composée d'économistes professionnels reconnus et de sensibilités diverses.
Camille Landais, président délégué du Conseil d'analyse économique qui se présente comme une instance pluraliste composée d'économistes professionnels reconnus et de sensibilités diverses. (Crédits : DR)

Le gouvernement a-t-il les moyens d'écarter toute hausse d'impôt ? Pour Camille Landais, président délégué du Conseil d'analyse économique (CAE), organe placé auprès du Premier ministre, poser la question, c'est y répondre.

« Certes, nous avons déjà un taux de prélèvements obligatoires élevé et la consolidation de notre déficit primaire ne pourra se faire seulement en augmentant les recettes », a-t-il affirmé dans les colonnes du quotidien Les Echos.

« Mais à l'inverse, je ne vois pas comment cette consolidation budgétaire pourra être défendue sans faire contribuer tout le monde, notamment les plus riches.»

Lire aussiDérapage du déficit : le gouverneur de la Banque de France appelle à s'occuper « enfin sérieusement des dépenses »

La semaine passée, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'était redit « opposé à toute augmentation d'impôt » en France, malgré l'annonce par l'Insee d'un déficit public en dérapage à 5,5% du PIB en 2023. « On peut parfaitement faire des économies sur la dépense publique sans aller piocher dans les poches des Français et je reste totalement opposé à toute augmentation d'impôts sur nos compatriotes », avait ainsi déclaré le ministre au micro RTL. Il s'était uniquement montré ouvert à une hausse de la contribution sur la rente inframarginale des énergéticiens, gonflée ces dernières années par la hausse des prix de l'énergie.

Lire aussiTaxe sur les superprofits : après le dérapage du déficit public, les énergéticiens de nouveau dans le collimateur de l'Etat

« La question de la fiscalité des très hauts revenus et patrimoines se pose pleinement, ne serait-ce que pour des raisons d'équité », a insisté Camille Landais, jugeant « très largement exagérée » l'idée d'une « hypermobilité des grandes fortunes » d'un pays à l'autre.

Ne pas écarter une remise en cause de la fiscalité des entreprises

Interrogé sur l'éventualité d'une remise en cause de la fiscalité des entreprises, le président délégué du CAE a estimé que cela ne pouvait « pas être écarté non plus », bien que « le débat sur la taxation des superprofits ne (lui) semble pas être le bon », risquant d'aboutir à des « dispositifs peu efficaces, massivement contournés par les entreprises ».

Lire aussiLa France pourra-t-elle vraiment éviter une hausse d'impôts ?

Il a, en outre, appelé à faire contribuer les retraités actuels « à l'effort, ne serait-ce que pour des considérations d'équité intergénérationnelle » et mis en question certaines dépenses « très élevées, mais avec une efficacité limitée ». Il cite le Crédit d'impôt recherche (CIR) pour les entreprises et le « système d'aides à l'apprentissage, beaucoup trop généreux pour les étudiants du supérieur ».

Le gouvernement a annoncé la semaine précédente un dérapage du déficit public en 2023. Dix milliards d'euros d'économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncés pour 2025, mais des « économies supplémentaires » seront nécessaires dès 2024, selon Bruno Le Maire.

Après le doublement, dès le 31 mars, du reste à charge des patients sur les médicaments, les transports sanitaires ou les consultations médicales, qui doit rapporter 800 millions d'euros de recettes annuelles, plusieurs postes de dépenses sociales sont dans le viseur dont celles liées aux arrêts-maladies.

Le Medef fait part de ses inquiétudes

La déclaration de Camille Landais devrait donner du grain à moudre au Medef  : « Nous sommes inquiets de ce que nous entendons ici et là », a affirmé dimanche dernier le président du Medef Patrick Martin, devant le risque de voir des baisses d'impôts au bénéfice des entreprises remises en cause pour des raisons budgétaires.

« La CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) devait être supprimée intégralement en 2023. Puis on nous a annoncé que ce serait étalé sur 2023-2024. Puis qu'elle s'éteindrait progressivement d'ici 2027 », a rappelé le dirigeant dans un entretien au Journal du Dimanche.

Selon lui, « une nouvelle remise en cause » du calendrier de suppression de cet impôt « entamerait la confiance qu'on peut placer dans la parole de l'Etat ». Jeudi, dans un communiqué, le président du Medef a dit avoir « bien entendu » la « ligne rouge » de Gabriel Attal, le Premier ministre, mercredi soir, sur TF1 et souligné que « nous serons vigilants à ce qu'elle ne soit pas franchie ».

La CPME, deuxième organisation patronale, a jugé jeudi quant à elle « positive » la volonté du gouvernement de ne pas augmenter les impôts, et espéré que serait tenu l'engagement de supprimer complètement la CVAE d'ici la fin du quinquennat.

(Avec AFP)

Commentaires 23
à écrit le 03/04/2024 à 17:49
Signaler
Les retraités...n'oubliez pas qu'ils doivent penser au financement (présent ou futur) de leur dépendance, souvent dans des Ephad qui, de leurs côtés, n'auront d'autre solution que d'augmenter leurs tarifs s'ils doivent assurer la qualité de service q...

à écrit le 03/04/2024 à 12:02
Signaler
le conseil d'analyse économique ..... encore une trouvaille qui permet de planquer les copains issus de nos "écoles et universités dites supérieures" ....la nomenklatura française vit bien .... les agences diverses , les organismes de recherche , les...

à écrit le 02/04/2024 à 17:00
Signaler
la moindre prise en charges des médicaments me choque quand je vois nombre de mes voisins partir tout les ans en cure en couple en guise de vacances !!!!!!!

à écrit le 02/04/2024 à 16:52
Signaler
Avant de parler hausses d'impôts et de taxes, il FAUT économiser sur de multiples dépenses plus ou moins somptuaires, ou les supprimer, à tous niveaux depuis l'état jusqu'aux collectivités locales, incluant toutes les strates administratives et les m...

à écrit le 02/04/2024 à 15:20
Signaler
Les impôts ils n'ont que çà comme solution ? Remettez l'impôts sur les sociétés à 50% comme avant, rétablissez l'ISF que vous avez bêtement supprimé : Bref la solution ce serait de tout remettre comme c'était avant qu'une bande d'incapable n'arrive !...

à écrit le 02/04/2024 à 13:38
Signaler
Il est quand même inimaginable que dans ce pays tout se solde par des hausses d'impôt! Heureusement que les entreprises privées ne fonctionnent pas comme cela, l'Etat (dirigé depuis si longtemps par des incapables qui ne connaissent rien à l'économi...

le 02/04/2024 à 13:54
Signaler
Faire des économies sans piocher dans la poche des français est juste impossible. La seule façon de faire des économies sera de réduire les allocations et autres subventions. Donner moins ou prendre dans la poche, ce n'est au fond que 2 faces d'une...

le 02/04/2024 à 14:56
Signaler
Je ne suis pas tout à fait en phase avec vous, l'Etat est censé gérer un budget comme toute organisation économique qui prend en compte un volet dépenses et un volet recettes, et la moindre des choses et d'essayer de s'y tenir. A défaut il faut effec...

à écrit le 02/04/2024 à 13:09
Signaler
Pour info aux membres de ce conseil , la retraite moyenne sécu pour les retraités est de , 733 euros par mois pour les femmes , 900 euros pour les hommes , de quoi s'éclater. Pour info aussi , les retraites ont été désindexées pendant des années et ...

le 02/04/2024 à 13:41
Signaler
En tenant compte de l’ensemble des ressources, le niveau de vie médian des retraités est ainsi de 2 310 € par mois, ce qui est supérieur au niveau de vie de l’ensemble de la population, qui est de 2 110 € par mois.

à écrit le 02/04/2024 à 12:28
Signaler
@Adieu BCE. Comme une piqûre de rappel: RAYMOND - 2 février 2021 à 14 h 26 min [Partie 3.4. La terre brûlée. Dès lors, force d’événements dommageables à répétition, si le fossé des inégalités sociales s’exacerbe d’une manière irréfutable depuis des d...

à écrit le 02/04/2024 à 11:40
Signaler
Ce Président délégué du Conseil d'analyse économique (CAE) - organe placé auprès du Premier ministre - cherche-t-il à noyer le poisson avec un effet de style? Car je ne lis toujours pas en filigrane de ses propos le début d'une véritable correction d...

à écrit le 02/04/2024 à 11:13
Signaler
Il est totalement injuste et hypocrite d'augmenter les impôts sur les plus "riches". Ceux qui accepteront de payer sont ceux qui déjà payent suffisamment, alors que ceux qui se sont organisés en toute légalité pour ne pas payer continueront de ne pa...

à écrit le 02/04/2024 à 10:46
Signaler
Qui nomme les « experts » du CAE? Cela devient lassant d’avoir toujours les sempiternelles analyses gauchisantes, bien éloignées des réalités de la situation budgétaire. La France aura bien du mal à lever les liquidités nécessaires à son innocemment,...

le 02/04/2024 à 11:15
Signaler
Totalement d'accord

à écrit le 02/04/2024 à 9:46
Signaler
Les riches en europe payent entre 0 et 0.5% d'impôts c'est encore un faux débat donc.

le 02/04/2024 à 11:21
Signaler
Oui, vous avez raison. Faire payer plus ceux qui payent déjà sans toucher les vrais riches qui continueront à payer moins de 1%... Un faux débat hypocrite du clergé gauchiste pour justifier un centre de coûts inutile comme le CAE.

à écrit le 02/04/2024 à 8:55
Signaler
A table. Macron réunit des tables rondes, fait des tours de table sans grand succès, faut-il obliger les oppositions à se mettre à table, à s'assoir à la table des négociations, et Macron à jouer carte sur table et sans doute taper du poing sur la ta...

à écrit le 02/04/2024 à 8:45
Signaler
Quelle augmentation des recettes fiscales peut-on attendre d'une baisses de l'impôt sur les sociétés? J'apprécierais, pour ma part, que nos parlementaires amputent leurs indemnités substantiellement pour montrer qu'ils ne sont pas indifférents à une ...

le 02/04/2024 à 13:09
Signaler
@henry : il y a sans doute très peu car en général, une baisse les impôts d'une entreprise française va pratiquement de pair avec une demande de baisse de prix des services achats de multinationales dont le siège social sera localisé dans un pays fis...

le 02/04/2024 à 13:11
Signaler
@henry : le scénario que je viens d'évoquer était ce qu'il s'était passé quand Hollande avait créé le CICE.

à écrit le 02/04/2024 à 8:40
Signaler
Il n'a pas tort de dire que les impôts vont augmenter, vu que la france est incapable d'économiser 1 euro...ça se fera idéalement sur la tva car c'est un impôt à large base et qui rapporte bcp ( cf rocard), et que la france n'a pas de pb de consomm...

le 02/04/2024 à 13:05
Signaler
La CSG avait surtout été créée pour ne pas baisser les pensions des retraités actuels car dans un système par répartition sainement géré, si le nombre de cotisants baisse pour un retraité, les pensions doivent baisser, si les salaires des cotisants b...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.