Impôt de production : les entreprises moyennes (ETI) sonnent la charge contre le gouvernement

Après le Medef, les représentants des entreprises moyennes (ETI) ont vilipendé la décision du gouvernement de reporter la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) à 2027. « La France est encore loin d'avoir comblé les écarts avec les autres Etats européens », a avancé l'organisation citant une étude de l'institut Rexecode, réputé proche du patronat. A quelques jours de la présentation du budget 2024, l'exécutif est sur une ligne de crête. Entre la montagne d'investissements à financer pour la transition écologique et la poussée de fièvre des prix de l'essence, le gouvernement pourrait repousser sa promesse de désendettement.
Grégoire Normand
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et celui des Comptes Publics Thomas Cazenave.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et celui des Comptes Publics Thomas Cazenave. (Crédits : Reuters)

« J'ai besoin de vous ». A la fin du mois d'août, le président de la République Emmanuel Macron a martelé ce message à plusieurs reprises dans une vidéo diffusée à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à Longchamps. Au centre des préoccupations du patronat, la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) des entreprises, un impôt de production qui devait disparaître en 2024. Mais l'exécutif a fait volte-face en annonçant l'étalement de sa suppression jusqu'en 2027. Cette annonce a provoqué une bronca dans les milieux patronaux tricolores.

Lire aussiImpôt sur les entreprises : Bruno Le Maire reporte la suppression de la CVAE à 2027

Lors d'un point presse organisé ce mardi 19 septembre dans les locaux du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI), plusieurs dirigeants ont regretté cette décision. « On est face à un mur d'investissements notamment dans la digitalisation, la transition écologique. Comment les entreprises vont pouvoir mener une telle transformation ? », a déclaré Philippe d'Ornano, vice-président du METI et PDG de Sisley. Avec Frédéric Coirier, dirigeant de Poujoulat et vice-président de l'organisation patronale, ils demandent un alignement des impôts de production français sur la moyenne européenne.

La France sur la première marche du podium des impôts de production selon Rexecode

La baisse de la fiscalité sur les ménages et les entreprises est devenue le mantra d'Emmanuel Macron depuis 2017. Depuis le début de son premier quinquennat, le chef de l'Etat a mis l'accent sur la politique de l'offre avec des baisses d'impôts importantes. Selon une étude de Rexecode, un centre de recherche réputé proche du patronat, les impôts de production contribuent grandement au différentiel de fiscalité entre les entreprises des différentes pays de la zone euro.

En 2019, la part des impôts de production en pourcentage de la valeur ajoutée des entreprises culminait à 6,3% dans l'Hexagone contre 0,8% en Allemagne ou 2,9% en Italie. « Cette fiscalité pénalisait plus fortement les entreprises industrielles et les ETI », souligne Rexecode. Mais depuis, la donne fiscale sur la production a changé. Le plan de relance annoncé à l'automne 2020 a fait baisser les impôts de production d'environ 10,6 milliards d'euros. Avec la suppression totale de la CVAE d'ici 2027, l'écart avec les autres pays de la zone euro se réduirait. Mais la France resterait malgré tout en tête.

Entre l'inflation et la transition, le gouvernement pris au piège du désendettement

Confronté à une nouvelle flambée des prix des carburants et une montagne d'investissements à financer pour la transition, la finalisation du budget 2024 vire au casse-tête. L'exécutif avait promis de continuer de baisser la fiscalité lors du second quinquennat Macron tout en réduisant l'endettement de l'Hexagone mais cette trajectoire semble de plus en plus difficile à tenir. Lors d'une réunion téléphonique avec des journalistes la semaine dernière, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave ont confirmé des hausses de la fiscalité sur le gaz, le gazole non-routier (GNR) pour les professionnels ou encore sur infrastructures de transport.

Lire aussiBudget : le gouvernement révise à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024

En face, les dépenses nécessaires à la transition vont s'allonger à mesure que le réchauffement climatique s'accélère. Lors d'une réunion du conseil national de la refondation (CNR) ce mardi 19 septembre, la Première ministre a détaillé les 7 milliards d'euros budget de l'Etat en faveur de la transition écologique. A cela s'ajoutent les 3 milliards de financements sur des projets plurinannuels selon un communiqué de Matignon. Au final, la promesse d'une suppression totale de la CVAE pourrait être compromise par ce contexte brûlant.

Lire aussiBudget 2024 : Bercy veut accélérer sur la fiscalité écologique, mais le flou du financement persiste

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 20/09/2023 à 9:03
Signaler
C'est bien la France ça ! On supprime des impôts et ça râle encore car la suppression n'est pas assez rapide !

le 20/09/2023 à 14:05
Signaler
Oui, la suppression n'est pas assez rapide. En pourcentage de la valeur ajoutée des entreprises, cela représente en France 4,9% alors qu'en Allemagne , c'est 0,8%, en Italie c'est 2,9% en Espagne c'est 1,7% etc. Nos entreprises doivent courir avec u...

à écrit le 19/09/2023 à 22:25
Signaler
Ce qu oublie de dire Rexecode : c est que dans les autres pays les impôts sur les contribuables sont plus élevés : aux usa, Gb, Allemagne tous les salariés payent l impôt quelque soit leur salaire qui équivaut à 2-3 mois de salaires en France seul ...

à écrit le 19/09/2023 à 20:40
Signaler
Tout cela se mesure indirectement par la balance du commerce extérieur.

à écrit le 19/09/2023 à 18:47
Signaler
Les entreprises française n'ont qu'à investir et produire à l'etranger où elle ne devront pas entretenir un système sovétique

le 20/09/2023 à 9:02
Signaler
Certaines (Renault, Total...) ont tenté d'investir en Russie mais les retours sur investissement se font toujours attendre.

le 20/09/2023 à 10:31
Signaler
Sans compter qu'avec la guerre, ces entreprises 'et d'autres) ont dû abandonner plusieurs dizaines de milliards (chacune). Et les Allemands vont être confrontés aux mêmes problèmes en Chine...Alors, les investissements à l'étranger, pas si sûr.

le 20/09/2023 à 10:33
Signaler
Sans compter qu'avec la guerre, ces entreprises (et d'autres) ont dû abandonner plusieurs dizaines de milliards (chacune). Et les Allemands vont être confrontés aux mêmes problèmes en Chine...Alors, les investissements à l'étranger, pas si sûr.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.