Hébergement d'urgence : le gouvernement débloque 120 millions d'euros en plein épisode de froid

Le ministre délégué au Logement, Patrice Vergriete, a annoncé que des crédits supplémentaires seront engagés pour « renforcer le système d'hébergement d'urgence ». Cette annonce intervient alors que le pays est touché par un épisode de froid intense. Cette enveloppe correspond à 10.000 places supplémentaires, ce que réclamaient déjà mi-décembre des élus et associations.
Cette enveloppe supplémentaire servira à répondre aux besoins urgents, notamment pour accueillir des femmes et des enfants à la rue, mais aussi à « réformer en profondeur le système d'hébergement d'urgence ».
Cette enveloppe supplémentaire servira à répondre aux besoins urgents, notamment pour accueillir des femmes et des enfants à la rue, mais aussi à « réformer en profondeur le système d'hébergement d'urgence ». (Crédits : Philippe Wojazer)

Une grande partie de la France connaît un épisode de froid intense, en raison du phénomène météo nommé « Moscou-Paris ». Résultat, l'ensemble des préfectures de métropole ont activé le plan grand froid ce lundi. Pour rappel, il vise à mettre à l'abri les personnes vulnérables lorsque les températures deviennent trop basses, en ouvrant notamment davantage de places en hébergement d'urgence. Dans ce contexte, le ministre délégué au Logement a annoncé le déblocage d'une enveloppe de 120 millions d'euros supplémentaires pour justement « renforcer le système d'hébergement d'urgence ».

« Le but n'est pas seulement de créer des places, mais d'éviter que les gens rentrent dans l'hébergement d'urgence et de les (en) faire sortir plus rapidement », a précisé Patrice Vergriete, en visite d'un centre d'accueil de jour dans le XVe arrondissement de Paris.

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C'est la raison pour laquelle l'enveloppe servira à répondre aux besoins urgents, notamment pour accueillir des femmes et des enfants à la rue, mais aussi à « réformer en profondeur le système d'hébergement d'urgence ». Ce qui passe, estime le ministre, par « une meilleure coordination avec les collectivités locales », mais aussi en faisant en sorte que « le moins de personnes puissent rentrer dans l'hébergement d'urgence » en prévenant les expulsions. Dans les faits, cette nouvelle enveloppe correspond à 10.000 places supplémentaires.

« On ne veut pas rentrer dans le jeu de la place, car on aurait presque plus intérêt à essayer de raccourcir les délais dans l'hébergement d'urgence », a nuancé le ministre.

Cri d'alerte des associations et des élus

Selon le ministère du Logement , le nombre de places en hébergement d'urgence, hors dispositif grand froid, est passé de 198.000 au 1er janvier 2023 à 203.000 aujourd'hui, « contre 93.000 il y a dix ans ». Et depuis 2017, 440.000 personnes à la rue ont, par ailleurs, retrouvé un logement grâce au plan « Logement d'abord », a fait valoir le ministre, rappelant aussi les « 500 effectifs supplémentaires pour la veille sociale » (le numéro d'urgence 115, maraudes, accueil de jour...) annoncés en novembre.

Reste que si le gouvernement se félicite de son bilan, les associations et les élus locaux estiment qu'il n'en fait pas assez. Ces 10.000 places en plus correspondent justement à ce que réclamaient des centaines de personnes physiques ou morales (associations, personnalités, élus) dans une tribune publiée dans le journal Le Monde mi-décembre. « Le seul maintien des 203.000 places d'hébergement d'urgence actuel est une réponse insuffisante », soulevait le texte, précisant que près de 3.000 enfants, dont 700 de moins de trois ans, sont refusés chaque soir par le 115. Les associations de solidarité y dénonçaient également, comme depuis des mois, la saturation de ce numéro d'urgence.

Mi-décembre également, les maires socialistes et écologistes de six grandes villes (Bordeaux, Grenoble, Lyon, Paris, Rennes et Strasbourg) avaient, en outre, demandé un rendez-vous au président Emmanuel Macron pour évoquer ce système d'hébergement d'urgence qu'ils jugeaient « à bout de souffle » et « la crise humanitaire en cours ». Ces six villes ont même intenté début octobre des recours contre l'État pour lui demander de rembourser les sommes dépensées par les municipalités afin de venir en aide aux sans-abri. Un « cri d'alerte » qui est « resté lettre morte », fustigeaient les élus.

Près de 500 places dans le Pas-de-Calais

En parallèle, 470 places d'hébergement d'urgence ont par ailleurs été ouvertes dans le Pas-de-Calais, afin d'aider les habitants sinistrés par les inondations. L'Elysée avait indiqué dimanche soir que le président « s'était entretenu » dans la journée avec sa Première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Objectif, « leur demander d'accélérer les réponses à la situation que traversent les habitants du Pas-de-Calais, notamment avec l'arrivée du froid sur des sols détrempés, voire toujours inondés ».

« Il leur a demandé d'agir encore plus vite pour aider les populations sinistrées, les plus précaires et les sans-abris », a précisé la même source.

La cheffe du gouvernement est attendue mardi dans le département « pour évoquer toutes les solutions à mettre en place », a fait valoir Matignon. Le Pas-de-Calais restait classé dimanche en vigilance orange aux crues pour deux cours d'eau, la Lys Plaine et la Canche. Selon le dernier bilan de la préfecture, 95 communes et 2.084 habitations ont été touchées par ce deuxième épisode de crues exceptionnelles en moins de deux mois, qui a entraîné l'évacuation de 743 personnes.

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(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 09/01/2024 à 9:55
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Tant que ce genre de décision sera prise au niveau de l’Etat, on aura toujours l’idée qu’il n’y a rien de fait pour trouver suffisamment de places d’hébergement à chaque fois que la météo devient plus rigoureuse. C’est un problème qui doit se régler ...

à écrit le 09/01/2024 à 8:33
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Nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 08/01/2024 à 22:47
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On ne pourrait pas débrancher le robinet de la Dette pour le rebrancher sur la caisse de retraite des parlementaires et, pourquoi pas? sur celle des ministres nommés depuis 1981. Pour ce qu'ils ont fait d'utiles, les uns et les autres...

à écrit le 08/01/2024 à 20:27
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Le gouvernement débloque 120 millions pour que les gens ne dorment plus dans le froid on ne peut que dire bravo ! Mais ne pensez vous pas qu'il serait plus malin de ne pas avoir fait exploser le marcher de la location immobilière voir avoir ...

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