Crise du logement neuf : nouvelle chute du nombre de permis de construire

Seulement 372.500 nouveaux logements ont été autorisés sur un an, en novembre, selon des chiffres provisoires du ministère de la Transition écologique publiés ce vendredi. Il s'agit d'une chute de 25,5% sur 12 mois, qui traduit la crise que subit le logement neuf.
La diminution des autorisations concerne tous les types d'habitat: l'individuel pur (-31,7%), l'individuel groupé comprenant les lotissements (-25,1%), et le collectif (-24,8%).
La diminution des autorisations concerne tous les types d'habitat: l'individuel pur (-31,7%), l'individuel groupé comprenant les lotissements (-25,1%), et le collectif (-24,8%). (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

La crise du logement neuf semble inarrêtable avec, au premier plan, une dégringolade des permis de construire. Sur le seul mois de novembre, les autorisations de logements diminuent et s'établissent à 30.400, soit une baisse de 1% par rapport à octobre.

Mais surtout, « de décembre 2022 à novembre 2023, 372.500 logements ont été autorisés à la construction, soit 127.300 de moins que lors des douze mois précédents (-25,5%) et 19,1% de moins qu'au cours des douze mois précédant la crise sanitaire (mars 2019 à février 2020) », a annoncé le ministère de la Transition écologique qui a publié ses chiffres provisoires ce vendredi.

Et la diminution des autorisations concerne tous les types d'habitat: l'individuel pur (-31,7%), l'individuel groupé comprenant les lotissements (-25,1%), et le collectif (-24,8%). Aussi, le nombre estimé de chantiers commencés, qui suit traditionnellement de quelques mois celui des permis, serait aussi « en repli » avec 294.700 mises en chantier sur 12 mois, soit une baisse de 19,6%.

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Une crise du neuf aux multiples facteurs

Cette dégringolade révèle l'intensité de la crise à laquelle fait face le secteur du bâtiment. L'immobilier neuf subit à la fois la forte baisse de pouvoir d'achat des acquéreurs et un renchérissement des coûts de construction.

En effet, la hausse rapide des taux d'intérêt a exclu beaucoup d'acquéreurs du marché, notamment les primo-accédants à la propriété, dont les revenus sont en outre rognés par l'inflation. Résultats, la production de nouveaux crédits à l'habitat hors renégociation est passée au mois d'août sous la barre des 10 milliards d'euros (9,9 milliards), selon la dernière annonce de la Banque de France, du 5 octobre... du jamais vu depuis mars 2016.

Du côté des promoteurs et constructeurs, les crises mondiales successives (pandémie, guerre en Ukraine...) ont fait s'envoler les coûts des matériaux de construction, et le durcissement de la réglementation environnementale sur les projets neufs ajoute encore un surcoût aux opérations. À ce sujet, en visite au Salon de l'immobilier d'entreprise le 13 décembre, le ministre du Logement, Patrice Vergriete a affirmé que « nous devons continuer à produire, mais nous devons aussi rapprocher les prix de l'ancien et les prix du neuf ». Pour combler le « décalage » entre les deux types d'habitat, « nous devons trouver les bons outils pour sortir à des prix acceptables et solvabiliser tant le particulier que l'investisseur », a-t-il insisté.

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Un point central a d'ailleurs été abordé lors de l'événement : les terrains qui restent une valeur rare et donc chère. « Le prix d'un logement neuf est constitué du coût du foncier, de charges techniques et d'honoraires de ventes », lui a confirmé Patrick Supiot, directeur immobilier d'entreprise chez Vinci Immobilier. Justement, les promoteurs pointent fréquemment du doigt une frilosité selon eux des maires à accorder des permis, sous la pression d'administrés peu enclins à accepter de nouvelles constructions... ce qui fait monter le prix des terrains.

150.000 suppressions d'emplois d'ici 2025

À cause de cette crise, des emplois sont menacés. Le secteur anticipe la suppression de 150.000 emplois d'ici 2025, ainsi qu'une baisse d'activité pour 2023. La Fédération française du bâtiment (FFB) a tiré la sonnette d'alarme en septembre :

« A l'horizon 2025, si rien n'est fait, donc si l'on laisse la crise du neuf s'enclencher, l'activité bâtiment reculera d'environ 8% hors effet de prix, soit 14 milliards d'euros en moins. S'en suivra une réelle montée des défaillances et une chute de l'emploi, avec près de 150.000 destructions de postes », a déclaré Olivier Salleron, président de la FFB, lors d'une conférence de presse.

Concernant les défaillances d'entreprises, même si elles restent contenues, elles progressent « de près de 39% entre les huit premiers mois de 2022 et 2023 », a averti Olivier Salleron.

Pour limiter l'ampleur de la crise, la FFB réclamait notamment le redéploiement du Prêt à taux zéro (PTZ) sur 40% du territoire et la revalorisation de ses barèmes. Ce à quoi a partiellement répondu le gouvernement. Ce dernier a annoncé que lPTZ sera maintenu et élargi en 2024. Il va être amélioré pour les ménages les plus modestes et élargi aux revenus moyens l'an prochain, pour répondre à la crise du crédit immobilier, mais il ne pourra plus servir à faire bâtir une maison, par souci écologique.

Toutefois, la réforme, qui se prolongera jusqu'en 2027, recentre le PTZ sur les achats d'appartements neufs en zone tendue - c'est-à-dire où il est difficile de se loger - ou d'un logement ancien avec travaux en zone non tendue. Une condition déplorée par le secteur du bâtiment puisque cela « exclut à peu près 90% du territoire », selon le président de la FFB.

Seuls éléments positifs : le retour de la commande publique (bâtiments administratifs, écoles) et le quasi doublement de MaPrimeRénov', dispositif-phare du gouvernement d'aide à la rénovation énergétique.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 29/12/2023 à 19:47
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limmobilier nest pas interessant pour Macron qui le detruit avec methode au profit des entreprises du CAc 40 detenu par des etrangers . il faut le remercier le plus rapidement possible avant que le RN ne prenne sa place . il est pire que Holla...

à écrit le 29/12/2023 à 17:06
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Mais sinon, la Transition écologique, ça n'est pas justement de construire moins ? Donc de quoi se plaint on ? Qu'est-ce qu'on veut, finalement ? De l'écologie ? Du PIB ? Et s'il manque des logements, ça ne serait pas parce qu'on fait venir en France...

le 29/12/2023 à 20:31
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Commentaire très pertinent ! Merci.

le 30/12/2023 à 9:39
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en vous lisant on voit que vous etes tres proche de madame le pen et de son ideologie. Vous allez mettre qui a vider votre poubelle a nettoyer les rues ou travailler dans les entre d'epruratio et de traitement des dechets vous voulez le fair...

à écrit le 29/12/2023 à 14:27
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....plus le ZAN!

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