L’actionnariat salarié monte en puissance, dopé par la crise du Covid-19

Plébiscité dans l'effort de relance post-Covid, l'actionnariat salarié a le vent en poupe. Avantageux pour les collaborateurs d’un point de vue économique, il l’est aussi pour les entreprises. Nombreuses sont celles séduites par ce modèle, y compris celles de taille intermédiaire. Certains experts prédisent même que 100% des PME y auront bientôt recours.
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Au sortir du confinement en mai, le gouvernement français avait affiché sa volonté de généraliser l'actionnariat salarié, qui permet à un salarié d'acquérir des actions de son entreprise dans le cadre de son épargne salariale. Un développement réclamé de plus belle par des économistes dans le débat en vogue sur le partage des richesses.

Pour l'économiste Patrick Artus, l'actionnariat salarié relève d'une « logique économique ». « Dans la réalité, une part importante du risque d'entreprise est supportée par les salariés : dans les récessions, les salaires ralentissent et il y a des licenciements ». De ce fait, « ils doivent recevoir une partie du revenu du capital », justifie le directeur de la recherche et des études de Natixis. Pour les salariés encore, ce dispositif est aussi « un bon moyen de compenser les éléments de baisse probable de participation et d'intéressement assis sur les résultats 2020 qui vont porter les stigmates de la crise du Covid », observe de son côté Xavier Collot, directeur épargne salariale et retraite chez Amundi, interrogé par l'AFP.

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Sentiment d'appartenance

Autre atout cette fois pour les sociétés, associer les salariés à leur capital permet de développer un sentiment d'appartenance à l'entreprise, particulièrement important en période de crise et une motivation collective pour atteindre des objectifs de croissance.

Cela permet aussi de « créer une base d'actionnaires stables », un salarié actionnaire restant en moyenne investi treize ans dans la société, souligne Xavier Collot. L'actionnariat salarié, favorisé par la Loi Pacte, est « plutôt au beau fixe » et la tendance va être « amplifiée dans les mois à venir puisque c'est une façon de reconstituer une partie des fonds propres de l'entreprise » que la crise du Covid-19 a mis à mal, note l'expert.

La France, championne d'Europe

En 2019, la France est restée le premier pays européen par le montant total du capital détenu par les salariés (près de 110 milliards d'euros) mais aussi par le nombre d'actionnaires salariés (près de 3 millions, soit près de 40% des salariés actionnaires en Europe), selon des chiffres publiés par Amundi.

« Il n'y a pas eu d'arrêt brutal » pendant l'épreuve du confinement, constate Xavier Collot. « 80% des entreprises ont confirmé qu'elles maintenaient leur opération au deuxième semestre ou en 2021 et 20% ont souhaité la reporter ». Et de souligner des « effets d'aubaine » pour les salariés qui ont souscrit ces derniers mois en profitant non seulement des faibles cours induits par la chute des marchés boursiers mais aussi de la décote appliquée par les entreprises (de 20% à 40% selon la durée de blocage des sommes).

Pour ses 30 ans d'actionnariat salarié, Eiffage, dont 17,1% est détenu par ses salariés, a ainsi fait état d'un record dans sa campagne de souscription 2020. Chez Ubisoft, le programme d'actionnariat salarial a été adopté début juillet en tant que « levier de la politique de recrutement et de fidélisation des équipes du groupe ».

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Un modèle qui se diffuse

Au-delà des grands groupes, les opérations d'actionnariat salarié séduisent désormais les entreprises de taille intermédiaire (ETI) cotées et non-cotées. « En effet, les opérations réalisées par ces dernières progressent de 100 % entre 2018 et 2019 », selon le baromètre d'Amundi.

Pour nombre d'acteurs économiques, il faut pousser la dynamique encore plus loin, des études démontrant en outre que les entreprises à fort actionnariat salarié sont plus performantes que la moyenne. « L'actionnariat salarié devrait (...) devenir systématique dans nos 140.000 PME », écrivait mi-juillet Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit Lyonnais dans une chronique publiée dans les Échos.

D'autres pistes sont largement évoquées. Comme « baisser significativement la fiscalité appliquée aux plus-values pour des titres conservés plus de 20 ans », fait valoir l'ancien président d'Essilor Xavier Fontanet dans la première édition du magazine de l'ICR (Institut du capitalisme responsable) parue en juillet. Ou même, « associer la fonction publique à cette dynamique » d'investissement. « Peut-être que cela fait partie du monde d'après », conclut Xavier Collot.

Commentaire 1
à écrit le 22/07/2020 à 10:19
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On recherche tout les moyens qui puissent supprimer la notion de retraite, de chômage et de sécurité sociale c'est a dire de progrès social! Le chacun pour soi et le bénéfice pour les autres devient la norme!

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