L'emploi intérimaire a nettement ralenti en 2018

Le travail temporaire a augmenté de 1,8% en 2018, en net ralentissement par rapport à 2017 (8,5%). L'essoufflement de la croissance française et le coup de frein de l'activité dans la zone euro ont eu des répercussions sur le marché de l'emploi intérimaire.
Grégoire Normand
L'emploi temporaire a reculé dans l'industrie contrairement aux autres secteurs (BTP, commerce, transports et services).
L'emploi temporaire a reculé dans l'industrie contrairement aux autres secteurs (BTP, commerce, transports et services). (Crédits : Reuters)

Selon le baromètre Prism'emploi publié vendredi dernier, l'emploi temporaire a progressé en moyenne de 1,8% au cours de l'année 2018. Cela correspond à la création de 13.000 emplois à temps plein.

Après avoir connu une année 2017 très dynamique, le marché du travail temporaire a ralenti en lien avec une croissance qui s'essouffle. Au cours de l'année 2017, les créations d'emplois dans ce secteur avaient bondi à 8,5% d'après le bilan publié l'année dernière. Ce qui représentaient environ 50.000 emplois en équivalent temps plein.

Lire aussi : Pourquoi la croissance a chuté à 1,5% en 2018

Un net ralentissement en fin d'année

Les créations d'emplois ont connu une évolution contrastée en 2018. Si l'emploi intérimaire a été relativement dynamique pendant le premier semestre, les résultats du baromètre signalent une rupture à partir du mois de juillet. « Les tendances mensuelles, comprises entre +10,4 % en mars et -5,9 % en décembre, sont restées positives jusqu'en août 2018. Le tassement observé à partir du mois de septembre a continué tout au long du quatrième trimestre », souligne l'organisation professionnelle.

L'essoufflement de la croissance économique tricolore a eu des répercussions sensibles sur le marché du travail. Dans sa dernière note de conjoncture publiée en décembre, l'Insee notait que « l'emploi intérimaire s'est légèrement replié depuis le printemps et se retournerait sur l'ensemble de l'année 2018 (-22.000 après 123.000 en 2017). » Rien qu'en décembre, le travail temporaire a diminué de 5,9%, correspondant à la baisse mensuelle la plus prononcée de l'année. 

Recul dans l'industrie

Le coup de frein est particulièrement visible dans l'industrie. Selon les chiffres de l'enquête réalisée par Prism'emploi, le secteur industriel a connu une détérioration continue passant de 8,9% au premier trimestre à -9,1% au dernier trimestre, sachant que l'industrie représente près de la moité des effectifs intérimaires en 2018. Les enquêtes de conjoncture réalisées par le cabinet Markit signalent que les carnets de commandes ont chuté à partir du début du second semestre avant de se redresser depuis janvier dernier.

Les effectifs intérimaires dans les transports ont, de leur côté, connu une rapide érosion entre le premier et le quatrième trimestre passant de 17% à -8,9%. Le secteur du bâtiment et des travaux publics a connu une évolution moins défavorable. Les créations d'emplois dans le BTP sont restées dans un intervalle entre 6,5% et 3,2%.

Du côté des services, l'emploi est resté relativement stable avec des créations qui ont oscillé entre 6,9% et 4,6% au quatrième trimestre. Les effectifs d'intérimaires dans les services représentent 15,8% du travail temporaire. Contrairement au bilan 2017, les résultats ne sont pas orientés à la hausse dans l'ensemble des secteurs.

Lire aussi : L'industrie européenne sous tensions

Les cadres plébiscités pour le travail temporaire

Par catégorie, les créations de postes pour les cadres et les professions intermédiaires ont accéléré en 2018 avec une hausse de 3,5% en moyenne sur l'année. Les employés ont connu une évolution similaire (3,5%) tandis que chez les ouvriers qualifiés et les ouvriers non-qualifiés, le marché du travail temporaire a marqué le pas entre le début et la fin de l'année.

Le Sud-Est en tête

Il existe également de fortes disparités territoriales. Dans le Sud-Est de la France, la progression de l'emploi temporaire est la plus marquée à l'échelle de la France. La région Auvergne-Rhône-Alpes (5,1%) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (3,9%) sont les deux zones qui enregistrent les plus importantes progressions.

À l'inverse, l'emploi temporaire a reculé en Occitanie (-0,7%) et en Normandie (-1%). Pour les auteurs du baromètre, les régions qui tirent leur épingle du jeu sont celles qui sont les plus dynamiques dans les services et le BTP.

Montée en puissance du CDI intérimaire

Moins connu, le CDI intérimaire est depuis septembre 2018 intégré au Code du travail dans le cadre de la loi "Avenir professionnel". Ce type de contrat, qui existe depuis 2014, connaît une montée en puissance selon les chiffres collectés par Prism'emploi. À la fin de l'année 2014, seulement 393 contrats de ce type avaient été enregistrés contre 51.600 en novembre 2018.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 04/02/2019 à 16:35
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"Montée en puissance du CDI intérimaire" ÇA sent fortement le langage des conseillers des marchés financiers. "Quand les avocats d’affaires écrivent les lois" https://www.monde-diplomatique.fr/2013/01/GOANEC/48589 (gratuit et passionnant)

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