
Les Jeux sont loin d'être faits. Le comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojo) cherche toujours à boucler son budget. Et dans le contexte d'inflation galopante, ce n'est pas une mince affaire. Le conseil d'administration, qui s'est tenu ce lundi, et auquel a assisté la ministre des Sports Amélie Oudéa- Castéra, a validé une rallonge de 400 millions d'euros, portant le budget à presque 4,4 milliards d'euros. (sans compter la partie infrastructures gérée par La Solideo - société de livraison olympique-). En cause de cette hausse des coûts, l'inflation qui a renchéri l'enveloppe prévue de 195 millions d'euros. La flambée des prix de l'énergie, mais aussi celle des matériaux, pèse lourd. Les frais liés à la construction ou à l'aménagement de la quarantaine de sites et infrastructures qui les accompagnent, sont en hausse de 165 millions d'euros. Des dépenses aussi ont été sous-évaluées, comme les frais liés à la sécurité. La seule soirée d'ouverture sur la Seine nécessite plus de moyens que prévu : 30 millions d'euros de plus. Côté recettes, le comité compte sur la contribution du CIO, le comité international olympique, mais aussi sur l'argent tiré de la billetterie - un quart des recettes - . De leur côté, les droits télévisés devraient représenter 750 millions d'euros... Enfin, la majorité des recettes devrait être apportées par les entreprises partenaires.
La course aux sponsors
Et justement, les sponsors sont le nerf de la guerre. EDF, Orange, Danone, Carrefour, BPCE, Sanofi, ... ont déjà donné leur accord, mais des partenaires de haut rang se font encore attendre. Et non des moindres. C'est le cas, par exemple, de LVMH, le géant du luxe, qui n'a toujours pas donné son aval malgré ses bénéfices record. Le groupe de Bernard Arnault est encore en discussion avec le comité. Les ministres de l'Economie, Bruno Le Maire, comme celui du Budget, Gabriel Attal tentent de convaincre les patrons. Ils n'ont de cesse, en ce moment, de solliciter les entreprises françaises pour qu'elles mettent au pot. Mais la période n'est pas propice. Face à l'envolée des prix de l'énergie, devant l'incertitude économique qui s'annonce en 2023, elles font souvent valoir qu'elles ont d'autres dépenses plus importantes à honorer en ce moment. Beaucoup aussi ne veulent pas donner pour donner... « Les JO ce n'est pas un dû, résume un patron français. Parce que l'on est une entreprise de l'Hexagone, on devrait forcément participer ! ... c'est limite du racket », s'agace-t-il. Les grands groupes du CAC 40 sont notamment perplexes quant à leur implication dans cet événement, alors que pour la plupart, la majorité de leur chiffre d'affaires est réalisé en dehors de l'Hexagone.
Le Cojo, n'en reste pas moins optimiste, assurant même qu'il est en avance sur son objectif, qui consiste à réunir 80 % des 1,1 milliard d'euros issus des sponsors d'ici à la fin de l'année.
La chasse aux dépenses inutiles
Pour limiter les dépassements, le comité d'organisation passe toutefois en revue tous les postes,... quitte à rogner sur ses ambitions. Restauration, transport, services sur les sites d'entraînement... de nombreuses prestations sont revues à la baisse.
Par exemple, le village olympique ouvrira quelques jours plus tard que prévu, histoire de réduire la facture.
Le comité avait aussi prévu à l'origine d'offrir le transport (métro / RER) avec l'achat d'un billet pour assister à une compétition... Finalement ce ne sera pas le cas, car c'est beaucoup trop coûteux.
Des sueurs froides pour le gouvernement
Reste qu'à Bercy, le financement des JO Paris 2024 prend des allures de casse-tête. Les grands argentiers du pays s'inquiètent, car si le budget n'est pas tenu, au final, ce sera l'Etat qui devra payer la facture. Il est le garant de l'événement.
Le Cojo a d'ailleurs reçu le coup de pouce de l'Etat, mais aussi des collectivités comme la ville de Paris, et la Métropole du Grand Paris), pour l'organisation des jeux paralympiques.
Il n'empêche, Emmanuel Macron a promis qu'il n'y aurait pas d'impôts JO.... L'exécutif le répète : « les Jeux payeront les jeux ». Au total, l'addition devrait atteindre plus de 8,7 milliards d'euros. « Mais, il ne faut pas s'en tenir à la partie coûts, car cela va générer des retombées économiques importantes », plaident les organisateurs.
Il n'empêche, à un moment où les ménages français peinent, pour beaucoup, à boucler leur fin de mois, où de nombreux salariés demandent des augmentations, le gouvernement craint que toute demande aux Français, notamment pour un événement sportif essentiellement parisien, crée des tensions sociales. Quelques manifestations organisées par des militants écologiques ont déjà eu lieu, pour demander l'arrêt des jeux. Pour l'heure, elles n'ont pas beaucoup mobilisé, mais il ne faudrait pas que dans le contexte social actuel, elles prennent de l'ampleur.
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