La pandémie a mis un coup d'arrêt violent à l'économie française

Le climat général des affaires en France a connu une dégradation sans précédent en mars avec la mise en place des mesures de confinement pour ralentir la progression de l'épidémie de coronavirus, tandis que l'activité et la consommation totale des ménages français s'avèrent inférieures d'un tiers à leur niveau habituel, selon des données publiées ce jeudi par l'Insee.
Grégoire Normand
Dans la construction, la chute de l'activité est spectaculaire.

Les mauvais indicateurs se multiplient. Après la publication des indices PMI médiocres mardi dernier, l'Insee vient de confirmer que l'activité est en chute libre dans la plupart des domaines. Dans son dernier point de conjoncture publié jeudi 26 mars, l'organisme de statistiques estime que la perte d'activité par rapport à une semaine normale est d'environ 35%.

L'ensemble de l'économie française est frappée de plein fouet par cette crise sanitaire. La propagation du virus sur l'ensemble du territoire, le durcissement et la reconduction probable des mesures de confinement, la fermeture administrative d'un grand nombre d'établissements ont mis un coup d'arrêt brutal à des pans entiers de l'économie française.

Le climat des affaires en France a chuté "lourdement" en mars, cédant 10 points par rapport au mois de février, son recul le plus fort depuis le lancement de cet indicateur en 1980. Le gouvernement, qui avait anticipé un recul de 1% de la croissance du PIB en 2020, devrait rapidement revoir ses prévisions à la baisse. Pour l'économiste de COE-Rexecode, Emmanuel Jessua, interrogé par La Tribune "la perte d'activité en heures travaillées est de l'ordre d'un tiers pendant la durée du confinement, ce qui correspond à un cout de trois points de PIB annuel pour un mois de confinement. Si le confinement se poursuit au delà d'un mois, la récession sera pire que celle de 2009.  Un mois de confinement entrainerait une récession de 2,6%, alors que nous avions prévu +1,2% de croissance avant la crise sanitaire".

Perte de 3 points de PIB annuel avec un mois de confinement

La crise actuelle, par son ampleur et sa durée, peut déboussoler le travail des économistes dans leurs travaux de prévision. "À partir de l'estimation de ces effets « instantanés », il n'est pas aisé de déduire des prévisions trimestrielles ou annuelles d'évolution du PIB français" explique l'organisme.

Malgré toutes ces difficultés, les économistes estiment que la perte d'activité liée à un mois de PIB serait d'environ 12 points de PIB trimestriel, soit 3 points de PIB annuel. Si les mesures de confinement se prolongent encore pendant des semaines et que la situation sanitaire ne s'améliore pas rapidement, la pandémie pourrait faire des ravages avec des faillites d'entreprises en cascade et des destructions d'emplois par milliers.

La construction dans le rouge

Parmi les secteurs étudiés, la construction est celui qui connaît la plus forte dégradation d'activité avec une baisse de -89%. Le BTP, qui avait connu une amélioration sensible en raison notamment du cycle électoral en 2019 et d'une forte hausse des investissements des collectivités locales, se retrouve dans la tourmente. Beaucoup d'entreprises du secteur ont dû stopper les chantiers pour pouvoir assurer la santé de leurs salariés. Compte tenu du poids de ce secteur dans le PIB tricolore, la contribution négative en points de PIB est estimée à -5 points.

Lire aussi : Le BTP et le gouvernement vont définir un "protocole" avant la reprise des travaux

Dans l'industrie (hors agroalimentaire), la perte d'activité est également spectaculaire (-52%) avec une contribution négative à la valeur ajoutée évaluée à -6 points. Du côté des services marchands, la baisse est également vertigineuse (-36%) par rapport à une semaine normale. Sachant que le poids du tertiaire est très élevé dans l'économie tricolore, les dégâts de la propagation de la maladie sur l'ensemble du territoire pourraient être faramineux.

Pour les services non-marchands, la diminution est moins impressionnante (-14%). Les secteurs les moins touchés sont l'agriculture et l'industrie agroalimentaire avec une baisse de -4%. La contribution au PIB est neutre selon les calculs des statisticiens. Il demeure que l'agriculture et l'industrie agroalimentaire restent sous pression avec la fermeture des marchés, le besoin de main-d'oeuvre et le manque de débouchés alors que les professionnels sont en première ligne dans cette crise.

"Ces chiffres agrégés masquent une très grande hétérogénéité entre les secteurs. Trois grandes catégories de secteurs se dessinent. En premier lieu, les biens et services essentiels pendant la période de confinement, qui travaillent à plein régime : services de santé, hopital, industrie pharmaceutique, commerce alimentaire, énergie-eau, télécommunications. L'activité est également très soutenue dans les secteurs sollicités en amont : industrie chimique, agriculture et agro-alimentaire, emballage, entreposage, transport de marchandise... La proportion d'emplois maintenus sur site est estimée à plus de 50% pour l'ensemble de ces secteurs" explique le directeur des études Emmanuel Jessua.

"Une seconde catégorie de secteurs connaît au contraire un effondrement. C'est par exemple le cas dans les autres secteurs industriels (textile, automobile...). Les chantiers dans le BTP sont à l'arrêt, l'activité dans l'hébergement-restauration est gelée, le secteur culturel et du spectacle est en léthargie.

 Dans le tertiaire, les services aux entreprises comme le conseil, les services juridiques continuent de fonctionner partiellement avec le maintien du travail à distance.  Il est également possible de maintenir une activité dans l'administration publique et l'enseignement où le télétravail est possible."poursuit l'économiste.

Effondrement de la consommation des ménages

L'autre point inquiétant est la chute extrême de la consommation des ménages français alors qu'elle constitue un moteur traditionnel de l'activité hexagonale. Avec la fermeture d'un grand nombre de commerces non-alimentaires, de restaurants, de bars et brasseries, de lieux culturels et de salons, l'arrêt ou ralentissement de nombreux services de transports, la baisse de la consommation est estimée à -35% également.

Là encore, quasiment tous les secteurs sont concernés par cette baisse. La chute la plus impressionnante concerne la construction (-90%) avec une contribution négative au PIB d'environ 1 point. Le recul de la consommation dans l'industrie hors agroalimentaire est évalué à -60% avec une contribution négative très importante (-18 points). Dans les services marchands, la perte d'activité par rapport à une semaine normale est d'environ un tiers (-15 points  de PIB). Enfin, dans les services non-marchands, le repli s'élève à -34% (-2 points de PIB).

Les seuls secteurs à tirer leur épingle du jeu sont l'agriculture et les industries agroalimentaires avec une hausse de 6% et une contribution légèrement positive au PIB (1 point). "Au-delà de ces effets d'offre liés aux contraintes que le confinement fait peser sur les heures travaillées, la baisse de la demande mondiale et le fait que les entreprises vont puiser dans leurs stocks vont également avoir des répercussions importantes sur l'activité française"affirme M.Jessua.

Hausse du chômage partiel

La mise en place des dispositifs facilitant le chômage partiel a fait bondir le nombre d'inscriptions ces dernières semaines. Selon les chiffres les plus récents communiqués par le ministère du Travail, 100.000 entreprises ont fait une demande de chômage partiel pour environ 1,2 million de salariés. À l'opposé, seulement 28 demandes ont été refusées par les services de l'État implantés en région (Direccte). Ce qui représente une enveloppe d'environ 4 milliards d'euros. La somme de 8,5 milliards d'euros annoncée par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire la semaine dernière et inscrite dans le projet de loi de finances rectificative pourrait être rapidement dépassée."Nous sommes très incertains sur le profil de la reprise. Les faillites d'entreprises, les destructions d'emplois, la confiance des ménages et des investisseurs peuvent jouer un rôle important. Beaucoup de mécanismes peuvent accroître la persistance de ce choc majeur et retarder ou atténuer la reprise" signale enfin Emmanuel Jessua.

Grégoire Normand
Commentaires 22
à écrit le 28/03/2020 à 12:53
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la majorité des Français ont six semaines de conge ils faut les prendre pendant cette crise c'est la meilleurs des solutions et coutera le moins a la France puisque l'Europe est défaillante comme toujours, est quelle ne sert plus a rien sauf a ...

à écrit le 27/03/2020 à 9:53
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Philippe Juvin s'insurge ce matin, déplore l'état de délabrement des services de santé de la France. Il se demande "comment on en est arrivé là". Ce type est un européiste acharné, membre du parti européiste LR. Autant dire qu'il porte directement la...

à écrit le 26/03/2020 à 23:56
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Plus intéressant, ce soir nous lisons , Coronavirus : la grande gêne des médias français et le triomphe du Professeur Raoult rapportée par UPR. Cette gêne terrible des grands médias français est un aveu. Soit de leur incompétence. Soit de l...

le 27/03/2020 à 1:06
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M.Gédéon avez vous une prophétie à nous proposer? C'est vrai qu'en comparaison de ce que propose certains média vous êtes intéressant mais... En faite, je ne sais pas quoi dire. Pensez vous que vous avez raison?

le 27/03/2020 à 1:22
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Quand vous parlez de l'UPR, Vous parlez bien du nouveau type de centrale nucléaire si j'ai bien ompris?!

à écrit le 26/03/2020 à 21:29
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Au sortir du confinement, une mesure permettrait de sauver nombre d'entreprises et d'emplois : qu'à taux de TVA inchangé, l'Etat laisse aux entreprises 5 points de TVA collectée non reversés au Trésor, ce durant 18 mois.

le 27/03/2020 à 1:09
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Je propose la même chose en ce qui concerne les salariés. Mais du coup on fait payer tout ça à qui?

à écrit le 26/03/2020 à 19:48
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Bon c'est vrai que j'entre pas dans le détail mais économiquement et écologiquement ça à du bon: -Le matin j'engueule les oiseaux parce qu'ils me réveillent à 7h, -Je travaille pas et je ne travaillerais pas 48h ou, je les regarderai bosser depui...

à écrit le 26/03/2020 à 15:29
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Ca va repartir car le traitement par CHLOROQUINE EST CONFIRME, les patients pris à temps vont pouvoir être soignés.Très bonne nouvelle ce jour, soit l' OMS n' en parle pas encore,mais la nouvelle est..fraiche et vient de paraitre au Journal...

le 26/03/2020 à 17:48
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D où sont issues vont sources d informations que vous citez... de votre poche? De toute façon vous oubliez de dire que le manque de masque - par exemple- résulte d’une série de décisions prises à vpartir de fin 2011...sous Sarko Finalement , bien...

le 26/03/2020 à 20:06
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@Brehat Laisse, tu va t'habituer et tu va pourrait même finir par l'aprécier. Tout comme Latribune. Même si c'est difficile et que nous aussi on peut être bête..

le 26/03/2020 à 20:35
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Encore l'évangile selon l'UPR la secte à 0,1 %.

le 26/03/2020 à 20:56
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@tototiti Les petits trolls européistes sont à point, quoique peut-être un peu blets ....

le 27/03/2020 à 2:01
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Source UPR, la voix d'Asselineau donc, alors tout va bien. On aurait du...., ya ka faut qu'on..., bla bla de comptoirs de bistrots, toujours les mêmes litanies. La critique est aisée, mais l'art est difficile.

à écrit le 26/03/2020 à 15:05
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Pour ceux qui aiment comparer... Chez nous dans notre belle France, un litre de carburant type go coûte en moyenne 118.9 cents....au Luxembourg voisin, moins de 90 cents, aux usa, $1.40 le gallon, soit 35 cents du litre.... Juste pour méditer.

le 26/03/2020 à 17:53
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Oui.. et 2,60 €en Norvège bien sûr pays producteur 2,80 en Suède ... des pays à la réputation et gestion des deniers publics exemplaires ... c est un choix politique et économique des pays... la tva servant aussi à payer les professionnels de santé...

à écrit le 26/03/2020 à 14:57
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quand lemaire disait qu'il y aurait un petit deficit de 3%, je disais 6, bon, maintenant je dis plutot 8-9, fonction des reactions l'inaction et le m'enfoutisme vont se payer cher, la ligne de crete est tres etroite qu'il ferme trop longtemps les b...

le 26/03/2020 à 16:09
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A vous lire on pourrait penser qu'il y a un problème seulement en France. Avez vous vu aux USA le nombre d'inscrits au chômage ? 3.3 millions en 1 semaine et pour beaucoup ce chiffre est sous évalué car les lignes d'inscriptions étaient bloquées.

à écrit le 26/03/2020 à 14:18
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Le PIB de Singapore chute de 10% entre janvier et mars....cela promet. Tant que la Grande Bretagne fait pure que nous, tout va bien.

à écrit le 26/03/2020 à 13:48
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C'est des milliers de morts ou des millions de chômeurs. Pour l'instant les "morts" l'emportent. Qu'en sera t il dans 3 mois ?

le 26/03/2020 à 16:37
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Et bien on aura les morts Et les chômeurs. Et les études montreront qu'on pouvait difficilement éviter les morts vu l'ampleur de la vague mais que finalement au regard de la démographie française ça n'a rien d'une fin du monde. Et les mêmes étu...

à écrit le 26/03/2020 à 13:16
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Du coup ,les banques sont dans le positif ? Plus de liquidités, plus de prêts accordés Les victimes se sont les populations et l’économie quotidienne et ordinaire d’un pays ?

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