La réforme des APL rapportera finalement peu à l'État

Selon une estimation de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, la réforme des APL devrait finalement permettre des économies de l'ordre de 500 millions d'euros à 700 millions d'euros, soit deux fois moins qu'initialement prévu.
Photo d'illustration. Jusqu'à maintenant, ces aides prennent en compte les revenus engrangés deux ans plus tôt par le bénéficiaire. Désormais, elles seront calculées à partir de ses revenus actuels ou, plus précisément, de ceux engrangés dans les douze mois précédents avec une réactualisation tous les trois mois.
Photo d'illustration. Jusqu'à maintenant, ces aides prennent en compte les revenus engrangés deux ans plus tôt par le bénéficiaire. Désormais, elles seront calculées à partir de ses revenus actuels ou, plus précisément, de ceux engrangés dans les douze mois précédents avec une réactualisation tous les trois mois. (Crédits : Jean-Paul Pelissier)

C'est un dossier qui plombe depuis le début le quinquennat d'Emmanuel Macron. Sans cesse retardée, la réforme des aides au logement (APL) est enfin prête pour début 2021 mais rapportera moins qu'attendu à l'État à cause des effets de la crise.

"Ça a été un chantier difficile", a admis ce vendredi Vincent Mazauric, directeur général de la CNAF, l'organisme qui verse ces aides au logement via les caisses d'allocations familiales.

Il s'exprimait aux côtés de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, pour détailler le lancement au 1er janvier 2021 de cette réforme qui prévoit désormais de calculer les APL "en temps réel".

Jusqu'à maintenant, ces aides prennent en compte les revenus engrangés deux ans plus tôt par le bénéficiaire. Désormais, elles seront calculées à partir de ses revenus actuels ou, plus précisément, de ceux engrangés dans les douze mois précédents avec une réactualisation tous les trois mois.

L'idée est de mieux adapter les aides à la situation réelle des gens. Depuis l'annonce de cette réforme, le gouvernement a toujours vanté son caractère équitable et rationnel.

"Le système de calcul des APL ne change pas", a encore insisté vendredi Mme Wargon. "Cette réforme va nous permettre d'être plus justes."

La réforme, annoncée en 2018 au début du quinquennat, aura finalement deux ans de retard.

Reportée à plusieurs reprises, sa mise en place s'est d'abord heurtée à de grandes difficultés techniques au sein des caisses d'allocations familiales, confrontées à des situations très diverses.

Les difficultés sont aussi symboliques. Les premiers mois de la présidence de M. Macron avaient été marqués par l'annonce d'une baisse ponctuelle des APL. Même si elle était sans rapport avec l'actuelle réforme, le sujet reste sensible politiquement.

Lire aussi : Baisse des APL : le double discours du gouvernement

Le gouvernement a d'ailleurs pris garde de compenser d'éventuelles conséquences négatives de la réforme pour certains groupes de personnes, en particulier les étudiants.

"Particulièrement opportun"

"Ce sera plus favorable pour les étudiants qui travaillent", a détaillé Mme Wargon, admettant en revanche que les aides diminueront logiquement pour ceux qui entrent dans la vie active à la fin de leurs études.

Les difficultés techniques et politiques apparemment réglées, la réforme semblait bien partie début 2020. C'était sans compter sur un autre imprévu: la crise sanitaire avec un strict confinement décrété pendant plusieurs semaines au printemps.

Difficile d'imposer aux caisses, déjà lourdement éprouvées par l'urgence de la situation sociale, d'appliquer une réforme complexe. Elle a donc à nouveau été reportée.

Lire aussi : Coronavirus: le gouvernement repousse (encore) la réforme des APL

Cette fois, malgré un nouveau confinement depuis fin octobre, c'est pour de bon. Les bénéficiaires des APL recevront ces prochains jours un courrier explicatif et un simulateur sera en ligne début janvier.

Mais tous ces délais vont aussi coûter cher à l'État. À l'origine, il comptait faire 1,2 milliard d'euros d'économies par an grâce à la réforme.

L'idée, c'était que les revenus moyens augmentaient en suivant la croissance économique. Et, comme plus de revenus signifient moins d'aides, le montant global des APL aurait fortement diminué.

Mais la croissance n'est plus là. La crise sanitaire est passée par là et s'est mutée en crise économique, avec une récession de plus de 10% au programme cette année.

La réforme doit toujours permettre des économies mais "dans le budget actuel, le chiffre est entre 500 et 700 millions d'euros", soit deux fois moins qu'initialement prévu, a admis Mme Wargon.

La ministre a toutefois prévenu que cette estimation était encore très incertaine, car il est particulièrement difficile de calculer précisément le nombre de foyers qui verront leur aide augmenter.

En tout état de cause, cette évolution justifie les arguments du gouvernement qui répète depuis le début que cette réforme obéit à un impératif de justice sociale plutôt que d'équilibre budgétaire.

"Un nombre important de ménages verront leur aides augmenter", a résumé Mme Wargon, jugeant que la réforme avait un caractère "particulièrement opportun" en temps de crise.

Commentaires 3
à écrit le 21/11/2020 à 10:43
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Le coût du train de vie des hauts politiciens et hauts fonctionnaires avec leurs avantages (voitures, chauffeurs, avion, piscine de vacance mais aussi repas) coûtent bien plus cher et inutilement alors que l'APL sert aux plus pauvre de survivre... Ou...

à écrit le 21/11/2020 à 8:19
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17 milliards d'euros qui concourent à la bulle immobilière, l'exemple type de mauvaises mesures impossibles à réformer!

à écrit le 20/11/2020 à 19:55
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Si je comprends bien, la réduction des APL avait pour but d'assurer des ressources à "l'Etat"; et à quel usage, ces ressources pour ce panier percé? Car je suppose qu'il n'était pas question de les mettre de côté.

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