Les faillites d'entreprises, une bombe à fragmentation pour 2021

Les économistes d'Asterès dans une note dévoilée ce mercredi redoutent un effet de rattrapage au moment du débranchement des aides. Les faillites d'entreprises pourraient se multiplier dans les secteurs les plus meurtris par la crise. Les procédures dans les tribunaux de commerce pourraient s'envoler (+25% en 2021) par rapport à 2019.
Grégoire Normand
La proportion d'entreprises connaissant des difficultés de liquidité a été multipliée par 2,5 en 2020 passant de 3,8% à 10%.
La proportion d'entreprises connaissant des difficultés de liquidité a été multipliée par 2,5 en 2020 passant de 3,8% à 10%. (Crédits : Reuters)

Les vagues d'épidémie pourraient faire des ravages dans les semaines à venir. Selon une note du cabinet Asterès commandée par les administrateurs et mandataires judiciaires, le nombre de faillites d'entreprises devrait fortement augmenter dans les mois à venir. La mise en place de nombreuses aides en 2020 et leur prolongement cette année ont largement contribué à amortir le choc de la crise sanitaire. Les liquidations judiciaires ont diminué de 37% en 2020.

Avec le chômage partiel, le fonds de solidarité et les prêts garantis, les annulations de charges et reports de cotisations, l'Etat s'est en quelque sorte substitué aux entreprises pour assurer les salaires des entreprises fermées administrativement et les charges fixes (loyers, factures...).

« Les aides ont eu des effets très importants. Même si les prévisions de croissance sont révisées à la hausse, le rattrapage économique devrait être partiel. Des entreprises devraient sortir du marché. Beaucoup sont endettées et se retrouvent avec des problèmes de liquidité ou en situation d'insolvabilité. Les procédures pourraient augmenter dans une proportion située entre 2,3% et 12,1% » a déclaré l'économiste Pierre Bentata lors d'un point presse ce mercredi 7 avril. La levée de toutes ces mesures au moment de la reprise devrait être particulièrement délicate. Beaucoup d'économistes redoutent un débranchement trop rapide de ces perfusions.

« Les faillites sont là pour sanctionner une mauvaise gestion en temps normal. Là, le manque de chiffre d'affaires n'est pas la conséquence d'une mauvaise gestion mais à l'impossibilité de travailler. Il faut donc soutenir les entreprises en difficulté [...] La levée des restrictions pourraient commencer à partir du 15 mai et l'économie pourrait être libérée en quasi totalité dès cet été. Le rebond sera d'autant plus important que les entreprises seront sauvées » a ajouté l'économiste Nicolas Bouzou.

Un effet « rattrapage » inévitable sur les entreprises zombies

La mise sous cloche de l'économie au cours de l'année 2020 a mis en difficulté un grand nombre de secteurs. Si certains comme l'industrie ou le bâtiment ont pu sortir rapidement du marasme, d'autres, dans les services marchands notamment, restent profondément meurtris. Beaucoup d'établissements dans la restauration, l'hôtellerie ou la culture pourraient tirer le rideau dans les mois à venir. Les économistes tablent sur un effet « rattrapage » au cours des mois à venir. Parmi les sociétés les plus menacées, figurent en premier lieu « les entreprises zombies ». Ces firmes qui avaient déjà des difficultés de liquidité avant la crise devraient rapidement mettre la clé sous la porte au moment de la levée de mesures de prophylaxie et de la fin des aides.

« Bien que ce rattrapage concerne l'ensemble des secteurs, il devrait être plus fort dans les domaines qui ont subi les restrictions les plus fortes, car dans ces derniers, les aides publiques ont eu un rôle prépondérant. Ainsi, dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, les procédures ouvertes devant les tribunaux de commerce pourraient augmenter de 25% par rapport à l'année 2019 » expliquent les économistes. « Le défi du débranchement des aides publiques sera très important. Il faut vraiment une expertise et un connaissance très fine de l'entreprise pour pouvoir traiter au cas par cas » a précisé Pierre Bentata. A cela s'ajoutent « l'insuffisance de la reprise » et la multiplication des problèmes de liquidité. La proportion d'entreprises connaissant des difficultés de liquidité a été multipliée par 2,5 en 2020 passant de 3,8% à 10%.

Un effet « domino » redoutable

L'ensemble des conséquences macroéconomiques des défaillances d'entreprises est à ce stade encore difficile à appréhender. Plusieurs économistes craignent des effets « domino » dans des régions où certaines filières sont très implantées comme l'aéronautique dans le Sud Ouest par exemple. En effet, les difficultés enregistrées par Airbus ont déjà mis à terre de nombreux fournisseurs et sous-traitants. A l'échelle des métropoles de Toulouse et Bordeaux, beaucoup de PME et TPE sont asphyxiées par ces pertes.

Les répercussions sur le marché du travail pourraient être immenses. D'après des travaux menés par l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), près de 175.000 emplois pourraient disparaître en raison des faillites d'entreprises. « Plusieurs études ont observé qu'en période de crise, davantage d'emplois sont détruits si celle-ci s'accompagne de faillites plutôt que d'une baisse généralisée et homogène de l'activité » ajoutent les auteurs de la note. La grande hétérogénéité des entreprises et des secteurs va accroître les difficultés d'accompagnement pour les pouvoirs publics lors de la période de transition vers la reprise.

> Lire aussi : Défaillances d'entreprises : 175.000 emplois menacés en 2021

Grégoire Normand
Commentaires 11
à écrit le 11/04/2021 à 17:52
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Si les propositions du député Romain GRAU sont adoptées, les surprises seront positives.

à écrit le 08/04/2021 à 10:15
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Du coup ils nous sortent Edouard Philippe parce que Macron s'est grillé une fois de plus en exécutant les ordres idiots de l'UE. Bref les présidents pro-UE sont condamnés à ne faire qu'un seul mandat mais visiblement ça ne les gène pas, on se doute q...

à écrit le 08/04/2021 à 3:51
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Resultat evidemment previsible. Les ordres de bruxelles ont ete suivi a la virgule pres. La resultante sociale va etre une belle explosion. Avant 22 ? La question est posee.

à écrit le 08/04/2021 à 1:19
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Normale les faillites après les aides Ils aurons que 10 % a rembourser Du total des aides Jolie coup une belle escroquerie. Quel pays ......

le 08/04/2021 à 9:23
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Non juste le modèle économique de macron ! Cela lui permet de faire oublier la vastitude du vide de préparation et des risques juridiques !!! (pas pour lui, mais comme le conseil de défense) l'irresponsabilité juridique permet tout !

à écrit le 07/04/2021 à 16:29
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ca couple a quoi qu'il en coute, he ben ca va effectivement couter!

à écrit le 07/04/2021 à 16:28
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Tout ce que souhaite la connivence du néolibéralisme c'est de racheter tout cela a l'euro symbolique!

à écrit le 07/04/2021 à 16:05
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Pourquoi, quelqu'un pouvait en douter? avec le chômage partiel par exemple et les habitudes prisent pendant le confinement et le couvre feu, vous imaginez que les gens vont se remettre a consommer? Tout employé qui aurait perdu de 15 a 20% de son ...

à écrit le 07/04/2021 à 16:04
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Assez cyniquement ça permettra a d'autres de s'équiper à moindre coût dans les liquidations judiciaires. Quand on voit le prix des matos "pros", sérieux, ça fait peur, on se demande comment des choses peuvent être rentables un jour. L'investissement ...

le 07/04/2021 à 20:31
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C'est précisément le drame français : le sous investissement des entreprises. L'immense majorité des créations d'entreprises sont des micro entreprises créées par des personnes qui ne trouvent pas de boulot et n'ont que peu de capitaux pour démarrer ...

le 08/04/2021 à 9:31
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Ils vont pouvoir faire des émissions comme aux us, ou les gens se battrons sur la dépouille des autres.... avec la tnt, l'état peut même se faire de l'oseille ! mais je pense plus a ceux qui ont amassé des capitaux, qui tiennent les médias, y a du f...

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