Sous perfusion, les pays de l'OCDE font pour l'instant reculer la vague de faillites

FOCUS DATA. Avec les dispositifs d'aides déployés par les États, le nombre de défaillances d'entreprises a chuté de 30% en 2020 en moyenne dans l'OCDE, par rapport à la période d'avant-crise. Un record qui pourrait masquer un scénario à venir bien plus rude, selon un rapport de l'organisation. Pour l'heure, en France et chez les voisins européens, le reflux des faillites est sans précédent.
Les dispositifs d'aides des Etats de l'OCDE aux entreprises ont permis d'éviter une vague de faillites en 2020, en particulier pour les petites et les jeunes entreprises
Les dispositifs d'aides des Etats de l'OCDE aux entreprises ont permis d'éviter une vague de faillites en 2020, en particulier pour les petites et les jeunes entreprises (Crédits : https://unsplash.com/s/photos/business)

Prêts aux entreprises, financement de la masse salariale avec des dispositifs comme le chômage partiel, report d'impôts, moratoires sur la dette, extension des garanties des prêts.... La plupart des gouvernements des 37 pays de l'OCDE ont mis les bouchées doubles en 2020 pour soutenir les entreprises prises en étau par les restrictions liées au Covid-19. Résultat, les faillites d'entreprises ont diminué de 30% en moyenne en 2020, selon un rapport publié ce jeudi par l'OCDE. A noter que ce risque de voir déferler une vague de banqueroutes a, en particulier, été écarté pour les petites et les jeunes entreprises, observe l'organisation.

Mais parce qu'elle est liée à la perfusion des finances publiques, cette baisse du nombre de défaillances est en trompe l'oeil. Le retour de bâton risque d'être violent, souligne-t-elle.

Une déflagration à venir ?

En France, en raison des mesures d'aides prises dans l'urgence, les défaillances ont chuté de 69% au pic de la crise en avril 2020 - par rapport à avril 2019 -, grâce à l'arsenal de mesures dégainé par le gouvernement. Face à la catastrophe économique pour de nombreux secteurs, la France a mobilisé à l'été 2020 100 milliards d'euros dans le cadre du plan "France relance".

Made with Flourish

Pour 2021 et les années suivantes, la déflagration pourrait être immense. Selon l'OCDE, cette mise sous perfusion risque de fragiliser le tissu productif à moyen terme. De fait, beaucoup d'entreprises qui étaient déjà en difficulté avant la crise vont devoir se confronter au remboursement des prêts garantis par l'Etat pendant des années alors qu'elles étaient déjà à l'agonie. La montée de l'endettement multiplie les risques d'une hausse du nombre d'entreprises non viables (en vie mais trop endettées pour investir et croître), appelées entreprises zombies.

D'autre part, ces mesures pourraient finalement ne faire que retarder une nouvelle vague de faillites, estime l'OCDE dans son rapport. Lorsque les mesures d'urgence seront levées, une éventuelle montée des faillites poserait des risques systémiques importants, car le choc peut se propager dans toute l'économie.

Une levée progressive des aides

Pour éviter la catastrophe, l'OCDE préconise alors pour les gouvernements de « mettre en œuvre une stratégie équilibrée pour éliminer progressivement les politiques d'aide d'urgence ».

L'organisation recommande également de ne pas se concentrer uniquement sur les mesures limitant la détresse financière, mais également sur des solutions pour rendre la transformation numérique plus inclusive ou encore des mesures qui incitent à l'innovation et à la croissance des startups.

Reste que les perspectives économiques, tout comme la situation sanitaire, sont aujourd'hui encore incertaines avec la résurgence du nombre de contaminations et une stratégie vaccinale à la traine dans certains pays comme la France.

Lire aussi : « En sortie de crise, il ne faudra pas retirer les perfusions de façon trop brutale », Laurent Berger (CFDT)

Commentaire 1
à écrit le 18/02/2021 à 10:09
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Comme quoi le "ho la la mais que la dette est grosse mondieu mondieu mondieu, il va falloir que vous vous saigniez pour la rembourser !" est enfin obsolète au final non ? Trop facile même ! Ah on aura bien rigolé aussi avec cette imposture hein.....

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