Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie le jure : pas question de revenir au "quoi qu'il en coûte" et à cette forme d'argent magique débloqué au moment de la crise du Covid.
Il n'empêche, pour aider les Français à protéger leur pouvoir d'achat face à l'inflation, le gouvernement n'hésite pas à ouvrir très largement les vannes de la dépense publique.
Pas de dérapage budgétaire grâce à la cagnotte
Prolongation du bouclier tarifaire, de la ristourne sur l'essence (même si elle baisse progressivement), prime aux gros rouleurs, aides aux ménages les plus modestes, revalorisation des pensions, des minima sociaux, des bourses, relèvement de la prime Macron... la liste des mesures présentées en Conseil des ministres ce jeudi 7 juillet est longue et représente, selon le gouvernement, autour de 20 milliards d'euros au total.
L'exécutif assure que le financement de ces mesures nouvelles est compensé "par le rebond de la croissance observé fin 2021, supérieur aux attentes et dont l'effet positif sur les recettes publiques se poursuit en 2022". Autrement dit, c'est le reste de la croissance de l'an dernier, la bonne tenue de l'emploi, ainsi que les rentrées fiscales (notamment de la TVA et de l'impôt sur les sociétés) qui permettent de rester dans le cadre fixé par le gouvernement, sans creuser le déficit public au-delà de - 5 % cette année.
Lors de la transmission la semaine dernière du projet de loi de finances rectificatif, au Haut conseil des finances publiques, le gouvernement s'était félicité d'avoir une cagnotte de plus de 55 milliards d'euros supplémentaires par rapport à ses prévisions d'automne, du fait de ces meilleures recettes.
C'est dans ce surplus d'argent "surprise" qu'il entend piocher pour financer la prolongation ou la mise en place de nouveaux dispositifs anti-inflation d'ici cette fin d'année. Tout comme il a déjà pioché pour financer les mesures de ce premier semestre 2022.
L'exécutif promet de ne pas dépasser moins 5 % de déficit
"Le gouvernement sera attentif au respect des dépenses publiques", plaide ainsi l'exécutif, qui promet avec sa politique de soutien, d'augmenter le pouvoir d'achat des Français sans creuser le déficit et la dette.
Si cet équilibre budgétaire fonctionne cette année, il semble nettement plus fragile pour les années suivantes. En effet, l'inflation promet de se maintenir - au moins autour de 2%- ; dans un contexte de retour du Covid et de guerre en Ukraine, les tensions autour de l'énergie risquent de rester importantes.
Mercredi 6 juillet, lors de sa déclaration de politique générale, Elisabeth Borne a fait état de sa responsabilité à ne pas creuser la dette alors que les taux d'intérêts remontent. La première ministre mise sur la réforme des retraites et le retour au plein emploi pour retrouver des marges de manœuvres financières.
Autant dire un pari audacieux, alors que le recul de l'âge de départ à la retraite cristallise les oppositions. Atteindre le plein emploi, dans une économie qui ralentit et dont la croissance est atone, est tout aussi hasardeux.
Ce jeudi, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, présentées pourtant avant le projet de loi, la Cour des comptes, a enjoint à l'exécutif de bâtir une trajectoire budgétaire "crédible" et de mieux "documenter", les économies associées, tout en prenant les mesures nécessaires pour doper la croissance. Comme un avertissement...