Réforme des retraites : le Conseil constitutionnel valide l'essentiel de la réforme et rejette la demande de référendum

Les Sages du Conseil constitutionnel se sont prononcés sur la conformité de la réforme des retraites au regard de la Constitution. Ils ont finalement validé l'essentiel de la réforme, dont le report de l'âge de départ à 64 ans, mais ont rejeté une demande pour un référendum d'initiative partagée (RIP). De son côté, l'intersyndicale a appelé le gouvernement à ne pas promulguer la réforme.
Les décisions du Conseil, chargé de contrôler la conformité des lois à la Constitution, ne sont susceptibles d'aucun recours.
Les décisions du Conseil, chargé de contrôler la conformité des lois à la Constitution, ne sont susceptibles d'aucun recours. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 14 avril et mis à jour à 18H52]

Après trois mois de crise politique et sociale, les Sages de l'aile discrète du Palais-Royal ont, enfin, rendu leur décision. Le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel de la réforme, dont le report de l'âge de départ à 64 ans. Mais il rejette une demande pour un référendum d'initiative partagée (RIP) déposée par la gauche. Une seconde demande, déposée ultérieurement, doit cependant faire l'objet d'une nouvelle décision le 3 mai.

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Peu de temps après cette annonce, la Première ministre Elisabeth Borne a réagi assurant que « ce soir, il n'y a ni vainqueur ni vaincu », indiquant que « le texte arrive à la fin de son processus démocratique ».

« Avec cette réforme, notre système de retraites sera à l'équilibre en 2030. La volonté du gouvernement est désormais de poursuivre la concertation avec les partenaires sociaux pour donner davantage de sens au travail, améliorer les conditions de travail et atteindre le plein emploi », selon un communiqué du gouvernement publié en même temps que le tweet de la Première ministre.

L'index senior et le CDI senior rejetés

Six dispositions secondaires du texte ont également été rejetées, des « cavaliers sociaux » qui « n'avaient pas leur place dans la loi déférée » qui est de nature financière. Parmi ceux-ci : l'index sur l'emploi des seniors, qui devait être obligatoire dès cette année pour les entreprises de plus de 1.000 salariés, et dont la non-publication devait être passible de sanctions financières. Également censuré, le CDI seniors, un ajout des sénateurs de droite, qui devait faciliter l'embauche des demandeurs d'emploi de longue durée de plus de 60 ans.

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L'institution présidée par l'ex-Premier ministre socialiste, Laurent Fabius, n'a pas suivi les parlementaires de gauche ou du Rassemblement national, qui avaient plaidé un détournement de procédure parlementaire pour faire adopter la loi. Un choix qui « ne méconnaît, en lui-même, aucune exigence constitutionnelle », selon le Conseil, qui évoque cependant le « caractère inhabituel » de l'accumulation de procédures visant à restreindre les débats. Le gouvernement a, en effet, fait le choix d'un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS) comme véhicule législatif pour sa réforme.

Quatre recours avaient été déposés devant le Conseil, deux provenant des députés membres de la NUPES et du RN, un autre des sénateurs socialistes. Enfin, le gouvernement a également déposé un recours pour se prémunir de tout soupçon. Dans le détail, le Conseil constitutionnel devait se prononcer sur deux points : la conformité constitutionnelle de la réforme, ainsi que la possibilité de déclencher une longue et complexe procédure référendaire. À titre indicatif, les décisions du Conseil ne sont susceptibles d'aucun recours.

L'intersyndicale appelle à ne pas promulguer la réforme

L'annonce des Sages n'a pas manqué de faire réagir chez les syndicats. L'intersyndicale a appelé le président à ne pas promulguer la réforme, a déclaré Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT, et qu'elle n'acceptera pas de réunion avec l'exécutif avant le 1er mai. Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a, en effet, invité les syndicats à le rencontrer mardi à l'Elysée, « quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel », selon la présidence. « Ce sera nécessairement le début d'un cycle que le président et le gouvernement poursuivront dans les prochaines semaines avec les partenaires sociaux. La porte de l'Elysée restera ouverte, sans préalable, pour ce dialogue », a dit l'entourage du chef de l'Etat.

« Le sort politique de la réforme des retraites n'est pas scellé », averti Marine Le Pen

Du côté de l'opposition, Marine Le Pen a affirmé que « si la décision du Conseil constitutionnel clôt la séquence institutionnelle, le sort politique de la réforme des retraites n'est pas scellé ».

De son côté Jean-Luc Mélenchon a jugé que la décision du Conseil constitutionnel « montre qu'il est plus attentif aux besoins de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain ».

 « Avec l'ensemble de la Nupes, nous regrettons cette décision. Nous avions des arguments solides pour obtenir une censure complète », a réagi la présidente du groupe LFI-Nupes, Mathilde Panot, en direct de l'Assemblée nationale. Elle a assuré que la décision du Conseil constitutionnel va créer un précédent dangereux quant à l'usage du 49.3 et du budget pour faire passer des lois. La Nupes a ainsi appelé Emmanuel Macron à ne pas promulguer cette loi.

Le président des Républicains Eric Ciotti a, lui, appelé « toutes les forces politiques » à « accepter » la décision du Conseil constitutionnel, tout en estimant que « la censure de certains articles sanctionne les erreurs de méthode du gouvernement ». « Nous appelons à la réunion rapide d'une grande conférence sociale » sur le pouvoir d'achat et le travail, a-t-il ajouté dans un communiqué, soulignant que « la question du travail et sa réhabilitation doit revenir au cœur de nos discussions ».

Les abords du Conseil constitutionnel sous bonne garde

Signe d'une grande tension, les neuf membres du Conseil étaient sous bonne garde. Toute manifestation aux abords de son siège était interdite depuis jeudi soir après un bref blocage dans la matinée. Et d'impressionnantes barrières anti-émeutes ont été érigées rue de Montpensier. La Comédie française, voisine du Conseil, a annulé ses représentations de ce vendredi.

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 Peu après la décision des Sages, une foule commençait à se réunir devant le Conseil constitutionnel

Borne « lucide » sur la force de la mobilisation

Interpellée dans les rayons d'un hypermarché d'Eure-et-Loir lors d'un déplacement, Elisabeth Borne, a, elle, dû essuyer les protestations de plusieurs manifestants. Elle a reconnu être « lucide » sur la force de la mobilisation. La locataire de Matignon a profité de cette occasion pour annoncer que le Smic augmenterait « d'un peu plus de 2% » au 1er mai, portant à 6% sa hausse sur un an

Depuis le déclenchement du 49.3, le 16 mars dernier, et plus encore depuis le 20 mars lorsque le gouvernement est passé à neuf voix d'être renversé à l'Assemblée, le temps politique semblait suspendu aux décisions du Conseil constitutionnel.

« Le combat syndical est loin d'être terminé »

La décision du Conseil constitutionnel intervient au lendemain de la douzième journée de mobilisation, marquée par une forte baisse de la participation. Quelque 380.000 manifestants ont défilé jeudi en France, dont 42.000 à Paris, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Le 6 avril, 570.000 personnes s'étaient mobilisées en France, dont 57.000 à Paris, selon la place Beauvau. De son côté, la CGT a comptabilisé « plus d'un million de manifestants » jeudi, contre deux millions la semaine dernière.

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Difficile pour l'heure de déterminer si cette décision des juges sonne la fin du conflit social pour autant. Les syndicats, qui ont présenté jusqu'ici un front uni contre cette réforme, avaient fait savoir jeudi qu'ils entendaient, eux, continuer le combat, même en cas de validation par les Sages, notamment lors des manifestations traditionnelles du 1er-Mai.

Quel que soit leur verdict, « le combat syndical est loin d'être terminé », avait ainsi averti le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, lors d'une nouvelle journée de manifestation. Du côté de l'exécutif, une réunion au sommet de la majorité est d'ores et déjà programmée lundi 17 avril à l'Élysée.

(Avec AFP)

Commentaires 28
à écrit le 15/04/2023 à 17:01
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si cette réforme est si bonne et indispensable pourquoi ne se l'appliquent t'ils pas ? ( pareil pour le sénat) ; leur décision ne me surprend même pas ....

à écrit le 14/04/2023 à 20:03
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Après le référendum de 2005, la réforme des retraites !!!! Décidément, tout cela nous démontre qu'il est temps de changer de constitution.

le 14/04/2023 à 22:25
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@Elsa: D'accord! Mais aurons-nous à choisir une république Royale, Impériale, Dictatoriale ou plus simplement Républicaine; un grand mal provient de notre Parlement de fonctionnaires qui ne comprend toujours pas qu'il doit équilibrer les comptes et d...

le 16/04/2023 à 17:45
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bien d'accord avec vous : trop de profiteurs de la république , les rentes d'état ça commence à bien faire

à écrit le 14/04/2023 à 19:37
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Raz le bol de tous ces démagogues qui dénigrent en permanence cette réforme des retraites. If faut que toute cette contestation absurde s'arrête enfin, certains français sont ridicules

le 14/04/2023 à 23:17
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Raz le bol de ces seniors donneur de leçon qui ont endettes le pays comme jamais au lieu de créer de la richesse .. sont partis e. Préretraite au 58 ans …effet boomerang assuré dans moins de 10 ans notre génération baissera votre retraite car nous co...

le 15/04/2023 à 0:18
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@Charlie : vous avez raison sur les anciennes dettes. Elles ont été contactés par ceux à la retraite aujourd'hui et même par ceux déjà décédés. Mais vous oubliez que la dette est alimentée de façon continue tous les ans depuis 50 ans et vous êtes don...

à écrit le 14/04/2023 à 19:21
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Le rip sur cette question est d'une absurdité consternante. Ceux qui sont contre la reforme pourront elire leur majorité aux prochaines élections qui prendra les résponsabilités politiques de ce choix: la démocratie c'est choisir et assumer les cons...

à écrit le 14/04/2023 à 19:21
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Il y en a une qui est contente ce soir ,la spécialiste française des affaires sociales, directrice déléguée de l’Assurance maladie, Marguerite Cazeneuve qui a été chargée par Emmanuel Macron de mener à bien la réforme des retraites en décembre 2022. ...

à écrit le 14/04/2023 à 19:07
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Ils ont tout perdu en divisant les français, la fièvre va monter et rien d'autre ne pourra être fait sans violence de part et d'autre au grand bonheur de l'Europe de Bruxelles et de son marionnettiste US !

à écrit le 14/04/2023 à 18:50
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Bref : les éternels mécontents ne sont pas content. Et le Conseil Constitutionnel devient un ramassis de vendus, bien entendu : c'est tellement plus facile comme ça. Mais, comme disaient les Romains : "dura lex, sed lex".

à écrit le 14/04/2023 à 18:44
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Le Conseil Constitutionnel a acté le résultat des prochaines présidentielles, Marine LEPEN dispose d'un boulevard pour accéder à la Présidence de la République Française.

à écrit le 14/04/2023 à 18:35
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Sur un point au moins c'est clair au vu des derniers commentaires de la NUPES de Melanchon et de EELV de Rousseau, ces partis sont clairement disqualifiés parce qu'anti démocratiques. Pour le FN/RN de Jordan Bardella...on sait depuis longtemps même ...

le 14/04/2023 à 19:12
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C’est ça.Attention,les chemises brunes et la peste noire.Le refrain est usé.

le 14/04/2023 à 23:32
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Bravo Mr Macron vous avez debrouissalle le chemin pour l arrive de Marine Le Pen et vous lui avez montrer la marche à suivre à coup de 44.7, 49.3 … salarié du privé de 55 ans et concerné par cette réforme je peux vous garantir que mon entreprise va d...

à écrit le 14/04/2023 à 18:14
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"Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a invité les syndicats à le rencontrer mardi à l'Elysée" Il connaissait déjà la décision du CC c'est pour ça.

à écrit le 14/04/2023 à 18:13
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Il n'y a plus que la prochaine élection présidentielle pour changer l'âge de départ. Je voterai pour celui qui s'engagera à supprimer l'obligation des 64 ans.

le 14/04/2023 à 18:33
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C'est bien, continuez de détruire notre pays! Elle est là la vrai décadence: c'est quand le peuple l'accepte (ou s'en fout, au choix).

le 14/04/2023 à 18:53
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La gauche se moque bien de vous, car c'est elle qui a mis en place les 43 annuités et croyez moi ces 43 annuités feront plus de dégâts.

le 14/04/2023 à 20:52
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Réponse à ISIGNY, l'allongement de la durée de cotisation décidée par la gauche ( Marisol Touraine ) ne modifiait pas l'âge légal de départ ; seule était allongée la durée de cotisation. Les travailleurs pouvaient donc partir à 62 ans s'ils le souhai...

le 14/04/2023 à 23:05
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Pour les personnes nées en 1963 cela dépendra du mois, seuls seront concernées par votre explication seront ceux qui sont nées vers la fin 1963. Sauf si changement et si j'ai bien compris car ça a été très mal expliqué.

le 15/04/2023 à 7:30
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Ceux nés en 1963 devront bien avoir effectué 170 trimestres au lieu des 168, pour une retraite à taux plein, quel que soit le mois de leur naissance. C'est pour ceux qui sont nés en 1961 que va jouer le mois de naissance. Prendre en compte la durée...

à écrit le 14/04/2023 à 18:08
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Le CC montre une nouvelle fois que c’ est une institution défaillante. Nous n'avons pas d’autre choix que de se débarrasser de ce régime

le 14/04/2023 à 21:25
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Comment un conseil qui a accepté le doublement du salaire de ses membres sur une décision politique sans base légale pourrait-il être qualifié d'indépendant ?

à écrit le 14/04/2023 à 18:08
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Il n'y a plus que la prochaine élection présidentielle pour changer l'âge de départ. Je voterai pour celui qui s'engagera à supprimer l'obligation des 64 ans.

le 14/04/2023 à 18:28
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Vous avez raison mais après les prochaines élections aucun vainqueur ne changera pour revenir à 62 ans ou 60 ans, les caisses sont vides.

le 14/04/2023 à 18:35
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@Mickael Fallait déjà pas voter pour celui qui proposait 65 ans en 2022 alors que c'était dans son programme, mais bon , fallait sauver la démocratie de l'ogresse à l'époque.Ce sont les mêmes d'ailleurs maintenant qui critiquent le manque de dém...

le 14/04/2023 à 18:53
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Si c'est une question de financement pourquoi ne pas plafonner les retraites par répartition et celles par financement de l'état. Je trouve un peu excessif certaines indemnités des membres de ces conseils en outre cumulables avec leurs pensions de re...

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