Ponction sur les excédents de l'Unedic : le bras de fer se durcit entre le gouvernement et les partenaires sociaux

Cela tombe mal pour le gouvernement Borne. En pleine négociation sur l'assurance-chômage, dont Emmanuel Macron veut continuer de durcir les conditions et accroître le prélèvement sur les excédents du régime, les partenaires sociaux unanimes contestent les prévisions financières de l'Unedic. Selon eux, la dégradation à venir du taux de chômage, inévitable avec le refroidissement de l'économie, ne saurait justifier la ponction voulue par l'Etat. Un coup dur pour des finances publiques lourdement déficitaires.
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

Patronat et syndicats ont estimé vendredi que la trajectoire financière projetée par le gouvernement pour l'Unédic était irréaliste et envisagent de s'en affranchir pour négocier une nouvelle convention d'assurance chômage.

Suite à une première réunion de calendrier entre partenaires sociaux le 12 septembre, l'Unédic a présenté lors de cette deuxième séance de négociations ses propres prévisions, projetant un taux de chômage de 7,4% en moyenne pour 2024 et 2025, contre 7,0% et 6,4% pour le gouvernement.

Le gouvernement entend prélever sur les excédents de l'Unédic, qui dépendent du taux de chômage, entre 2 et 4 milliards d'euros par an pour financer les politiques publiques de l'emploi et de la formation ainsi que France Travail à compter du 1er janvier prochain.

Ce nouvel organisme aura en effet besoin de moyens supplémentaires pour l'accompagnement de près de deux millions d'allocataires du RSA dont il aura la charge, en plus des chômeurs.

Mais la ponction sur les recettes de l'Unédic, qui est lourdement endetté, va l'obliger à emprunter à court terme sur les marchés pour honorer ses échéances de remboursement, ce qui lui coûtera 800 millions sur quatre ans.

"Au moment où il est demandé à chaque entreprise de rembourser son PGE (prêt garanti par l'Etat contracté pendant la crise sanitaire), où il est demandé aux salariés et aux ménages de rembourser leurs emprunts immobiliers, on ne comprendrait pas que l'Etat s'arroge le droit de réemprunter pour ne pas honorer une dette", a commenté à l'issue de la réunion le négociateur du Medef Hubert Mongon.

"La dette de l'Unédic, c'est la dette de l'Etat" car elle entre dans le calcul de la dette publique au sens du traité de Maastricht, a relevé de son côté le négociateur de la CFDT Olivier Guivarch.

Face à cette situation, les partenaires sociaux ont indiqué qu'ils pourraient, lors de la prochaine séance de négociation jeudi prochain, déclarer qu'ils s'affranchissent de la lettre de cadrage du gouvernement, qui pourrait en retour refuser de conventionner l'accord trouvé entre partenaires sociaux.

"La grande agressivité du gouvernement dans sa lettre de cadrage peut faire qu'on ait tous intérêt à essayer une voie de passage à huit", à savoir les cinq syndicats et les trois organisations patronales présentes autour de la table, a estimé Denis Gravouil, le négociateur de la CGT.

Pour y parvenir, les négociateurs devront encore arriver à des compromis sur le contenu de la nouvelle convention d'assurance chômage.

Jeudi prochain, ils parleront notamment de la durée minimale de cotisation ouvrant droit aux allocations, que la CFDT voudrait ramener à quatre mois et la CGT à deux. Seront également abordés les sujets des droits rechargeables, de l'allocation plancher et des saisonniers.

A la réunion suivante le 4 octobre commencera à être abordée l'épineuse question des seniors sur laquelle les négociateurs sont en attente de mesures gouvernementales suite au relèvement de l'âge de départ en retraite.

Lors des séances suivantes seront examinées les questions des cotisations patronales, de la rupture de contrat à la fin d'une période d'essai, ou encore du non-recours aux droits.

Outre une date limite pour aboutir fixée au 15 novembre pour ces négociations, le cadre fixé par le gouvernement grave dans le marbre les réformes déjà engagées ces dernières années.

Le document du gouvernement interdit donc aux partenaires sociaux de remettre en cause le mode de calcul de l'indemnisation, moins favorable depuis 2019 aux demandeurs d'emploi alternant chômage et contrats courts.

Pas question non plus de revenir sur la modulation des règles d'indemnisation en fonction de la conjoncture économique: depuis le 1er février 2023, la durée d'indemnisation a ainsi été réduite de 25% et ne sera rallongée qu'en cas de forte dégradation économique.

Cette mesure, tout comme le nouveau mode de calcul de l'indemnisation, sont défendus par le patronat. Ce dernier s'oppose, en revanche, au "bonus malus", qui module à la hausse ou à la baisse le taux de contribution d'assurance chômage des entreprises de certains secteurs (les transports par exemple) qui abusent des contrats précaires. Le système de bonus malus sera néanmoins discuté par les négociateurs le 12 octobre.

© Agence France-Presse

Commentaires 19
à écrit le 24/09/2023 à 13:29
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L'état stratege socialiste donc bienveillant ne sait plus à qui faire les poches pour ses gabegies! Jeter l'argent par la fenêtre oui mais seulement celui des autres, et la il faut trouver des victimes qui ont gere au lieu de tt cramer! Hey et si...

à écrit le 24/09/2023 à 11:21
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Le gouvernement ne pense qu'à augmenter ses recettes. On a un ministre de l'économie hélas, pas un ministre des économies.

à écrit le 24/09/2023 à 9:53
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La dette est d'environ 60 milliards il n'y aucun execedent. Encore une vision purement politicienne. M.Macron est bien dans cette ligne politique de tambouille. La dette est garantie par l'état donc par le contribuable dont se moque bien cet exécutif...

à écrit le 23/09/2023 à 17:47
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Bien sûr qu'il est plus réaliste d'envisager le chômage à 7,4% qu'à 6,4% en 2025 avec la nécessaire récession qui arrive pour corriger les degâts du quoi qu'il en coûte global post covid. Les dirigeants politiques en Frances n'auront jamais le courag...

le 23/09/2023 à 20:00
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Les dépenses publiques sont en partie distribuées aux entreprises sous forme de subventions , réductions fiscales mais aussi en marchés publics et insidieusement en arrêts maladie et chômage ! oui oui les chefs d'entreprises incitent leurs salariés â...

le 23/09/2023 à 21:03
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Ce que vous dites est certainement vrai mais s'ils vous plait arretôns d'assimiler les réductions fiscales à des dépenses. Si normalement l'état à décidé arbitrairement qu'il peut confisquer 100 et après il ne prend que 80 ce n'est pas un cadeau qu'i...

à écrit le 23/09/2023 à 12:42
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De quoi nous plaignons nous? Nous élisons des gens qui font partie d'une clique que nous salarions et qui n'ont plus dès lors qu'une idée: y demeurer; nous leur assurons même une retraite généreusement calculée. Ils considèrent que la discussion du b...

le 23/09/2023 à 20:05
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Les créateurs de grandes fortunes agissent uniquement dans le sens de leurs propres intérêts pas dans celui de l'intérêt général .Certes ils ne le font pas ouvertement mais par l'intermédiaire de groupes de pression : lobby Pour info il y a 9.000 cab...

le 24/09/2023 à 11:00
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@ldx: Etes-vous sûr? La générosité est discrète; nous serions sans doute étonnés si le rideau était tiré.

à écrit le 23/09/2023 à 12:06
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La lecture et compréhension des comptes de résultats et des bilans des entreprises ou agences publiques en disent beaucoup plus long que le blabla politique toute étiquette confondue depuis 40-50 ans. La réalité c est que l état - représenté et ...

le 23/09/2023 à 20:10
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Faux les parlementaires sont des marionnettes manipulées par les lobbys en tout genre d'un coté et de l'autre par la haute administration et les plus dociles et dévoués des parlementaires finissent dans les entreprises privées qu'ils ont servi indi...

à écrit le 23/09/2023 à 12:05
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C'est exactement pareil pour les caisses de retraite complémentaires des salariés du secteur privé AGRIC et ARCCO: puisque ces caisses sont bien gérées et donc pas en déficit, le gouvernement veut ponctionner les réserves de ces dites caisses. Da...

à écrit le 23/09/2023 à 11:04
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L'Etat n'est plus capable que de cela : ponctionner les économies réalisées par les autres. Et le tout, pas pour investir ou assurer des services publics de qualité, mais pour distribuer des subventions sur tout et n'importe quoi : l'endettement et l...

le 23/09/2023 à 11:46
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Clientélisme de gauche comme de droite , les cadeaux fiscaux et sociaux n étant jamais compensé au budget par des économies mais par le endettement . En fait l état a pour l Unédic le même fonctionnement que pour la sncf : il n investit pas et fait e...

le 23/09/2023 à 11:46
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Clientélisme de gauche comme de droite , les cadeaux fiscaux et sociaux n étant jamais compensé au budget par des économies mais par le endettement . En fait l état a pour l Unédic le même fonctionnement que pour la sncf : il n investit pas et fait e...

le 23/09/2023 à 11:52
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Clientélisme de gauche comme de droite , les cadeaux fiscaux et sociaux n étant jamais compensés au budget par des économies mais par le endettement .Woerth en sait quelque chose … En fait l état a pour l Unédic le même fonctionnement que pour la sn...

le 23/09/2023 à 11:52
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Clientélisme de gauche comme de droite , les cadeaux fiscaux et sociaux n étant jamais compensés au budget par des économies mais par le endettement .Woerth en sait quelque chose … En fait l état a pour l Unédic le même fonctionnement que pour la sn...

le 23/09/2023 à 18:23
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Oui, l'état est un prédateur et de nombreux français attendent dans leur nid le butin de ses prédations.

à écrit le 23/09/2023 à 10:59
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Ce n'est qu'une manière de plus de cacher cet immense détournement d'argent public qu'est France Travail, une honte qu'étrille régulièrement la cours des comptes. Bah ils se font du fric avec al dette alors pourquoi pas avec le chômage hein !? On est...

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