![Le candidat Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme à Aubervilliers la semaine dernière.](https://static.latribune.fr/full_width/1892715/macron-presidentielle.jpg)
À peine dévoilé, le programme budgétaire du candidat Macron serait-il déjà caduc ? Lors de la présentation de son programme la semaine dernière à Aubervilliers, le prétendant à son propre siège a dessiné les grandes lignes de la trajectoire budgétaire du prochain quinquennat s'il est réélu. Emmanuel Macron a annoncé qu'il voulait commencer à rembourser la dette publique en 2026 et repasser sous la barre des 3% en 2027. Dans le même temps, il a estimé le coût de son programme à 50 milliards d'euros par an et a affirmé qu'il voulait faire 15 milliards d'euros de baisses d'impôts chaque année réparties équitablement entre les ménages et les entreprises.
Du côté des dépenses nouvelles, il a promis douze milliards d'euros supplémentaires pour l'éducation, 10 milliards pour la transition écologique et 8 milliards d'euros pour la santé. Il a également promis le plein emploi (chômage à 5%) à l'horizon 2027 qui permettrait un gain pour les finances publiques de 15 milliards d'euros.
Sauf que la guerre en Ukraine pourrait bien changer la donne. En effet, les prévisions du budget 2022 sont largement dépassées. Au moment du vote du budget en fin d'année 2021, les comptables de Bercy tablaient sur une croissance du PIB de 4% en 2022. En outre, la pandémie, les mesures du "quoi qu'il en coûte" et le plan de résilience présenté la semaine dernière ont fait exploser les chiffres de la dette publique estimée dorénavant à plus de 115% du PIB et ceux du déficit à 7% du PIB.
Macron veut poursuivre la politique du "sérieux budgétaire"
Après deux longues années de pandémie, le candidat à l'Elysée veut faire preuve de "sérieux budgétaire" assure un pilier de la campagne du candidat. Lors de sa présentation à la presse, le chef de l'Etat a affirmé qu'il voulait faire passer sa réforme des retraites en priorité dès le début du quinquennat avec un texte présenté au Parlement avant la fin de l'été. Parmi les autres grands chantiers fiscaux avancés figurent la baisse des impôts de production (suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises/7 milliards d'euros), déjà amorcée depuis la pandémie (10 milliards d'euros par an), des économies sur les dépenses de fonctionnement des collectivités (10 milliards d'euros) avec "des mutualisations" et des contractualisations entre l'Etat et les collectivités.
Des prévisions de croissance en baisse pour 2022
Même s'il est encore tôt de mesurer l'ensemble des répercussions de la guerre en Ukraine sur l'économie française, la dégradation de la conjoncture va forcément peser sur la croissance de 2022. La plupart des économistes et instituts de conjoncture ont récemment abaissé leurs prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2021. Après seulement un mois de conflit, les économistes tablent entre 0,5 et 1 point de moins de croissance. La perspective d'un conflit à rallonge pourrait empirer ces pertes. Dans ce contexte, l'objectif du plein emploi pourrait également devenir plus compliqué à atteindre. Après avoir embauché à tour de bras en 2021, les entreprises risquent de freiner leurs perspectives d'embauches dans ce contexte économique troublé. Enfin, le resserrement des politiques monétaires et la perspective d'une remontée des taux pourrait grandement compliquer la tâche de l'Agence France Trésor (AFT), le service en charge de la gestion de la dette de l'Etat, à Bercy habituée aux mesures expansionnistes de la BCE.
Une inflation plus élevée dans les mois à venir
En outre, une inflation plus élevée pourrait avoir des conséquences importantes sur les finances publiques. En effet, la hausse des prix serait amenée à durer pendant encore un long moment. Emmanuel Macron a encore annoncé un chèque alimentaire face à la montée des prix des produits dans les grandes surfaces. Lundi soir, le Premier ministre Jean Castex a évoqué sur l'antenne de TF1 un dispositif "plus intensif pour deux catégories de nos concitoyens: ceux qui roulent beaucoup pour travailler où là, il faudrait aller sans doute au-delà des 15 centimes" et une "deuxième clé d'entrée" pour "ceux de nos concitoyens dont le pouvoir d'achat, dont les revenus sont bas, autrement dit un dispositif plus ciblé pour ceux qui gagnent pas beaucoup et pour ceux qui roulent beaucoup".
Dans le contexte de hausse durable des prix, le prochain gouvernement sera sans doute amené à prévoir encore des mesures pour amortir le choc sur les ménages et les entreprises. A quelques semaines du premier tour du scrutin présidentiel, le gouvernement est sous pression dans une campagne chamboulée par les crises sanitaire et géopolitique.