Réduction de la durée d'indemnisation du chômage : la présidente de l'Assemblée nationale appelle à la prudence

Alors que le gouvernement entend mener une nouvelle réforme de l'assurance chômage, Yaël Braun-Pivet a recommandé d'évaluer les effets produits par les précédentes réformes de 2019, 2022 et 2023. Elle a également renouvelé sa demande d'une « taxe exceptionnelle » sur les superprofits ou les superdividendes.
Le 22 mars dernier, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet avait réclamé « d'entamer la réflexion » sur une contribution « exceptionnelle » sur les « superprofits » des grandes entreprises.
Le 22 mars dernier, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet avait réclamé « d'entamer la réflexion » sur une contribution « exceptionnelle » sur les « superprofits » des grandes entreprises. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

« Attention à la stabilité de notre législation et de nos règles : il ne faut pas toucher des paramètres aussi importants aussi rapidement sans avoir évalué la réforme précédente », a alerté Yaël Braun-Pivet, ce mardi. La présidente de l'Assemblée nationale s'exprimait au sujet d'une possible réduction de la durée d'indemnisation du chômage.

Cette dernière est, en effet, envisagée par le gouvernement, Gabriel Attal ayant annoncé la semaine dernière sa volonté de réformer, à nouveau, l'assurance chômage. Le Premier ministre entend ainsi raccourcir de « plusieurs mois » la durée d'indemnisation des chômeurs qui est actuellement de 18 mois pour les moins de 53 ans. Le chef du gouvernement exclut néanmoins de passer sous la barre des 12 mois.

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Pour rappel, plusieurs réformes allant dans ce sens ont déjà été adoptées en 2019, 2022 et 2023. « Nous devons réduire la durée d'indemnisation chômage pour qu'il y ait une incitation plus forte à revenir à l'emploi », a également récemment appuyé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, estimant que la « générosité » française en matière d'assurance-chômage « se paie au prix fort : un taux de chômage encore au-dessus de celui de nos principaux partenaires économiques ».

« Attention à la stabilité de notre législation et de nos règles »

Mais la présidente de l'Assemblée nationale s'est, elle, montrée davantage prudente. « Il n'est pas forcément de bonne méthode de réformer aussi rapidement, à nouveau, un point majeur sans qu'on ait pu regarder les effets produits par la précédente réforme », a-t-elle indiqué. Et d'appeler à prêter « attention à la stabilité de notre législation et de nos règles : il ne faut pas toucher des paramètres aussi importants aussi rapidement sans avoir évalué la réforme précédente ».

« Travailler sur le chômage, c'est beaucoup plus global que simplement se dire qu'en réduisant la durée d'indemnisation, on va remettre les gens sur le marché de l'emploi », a encore ajouté Yaël Braun-Pivet.

« Taxe exceptionnelle » sur les superprofits

Celle qui a été élue au perchoir en 2022 contre l'avis d'Emmanuel Macron a par ailleurs renouvelé sa demande d'une « taxe exceptionnelle » via une augmentation des taxes sur les superprofits ou sur les superdividendes, pour dégager des recettes supplémentaires alors que le déficit public a atteint 5,5% en 2023, un record.

« Si l'effort n'est pas partagé, je ne suis pas à l'aise, parce qu'on ne peut pas demander aux personnes qui sont sans activité, en recherche d'emploi, d'avoir leur durée d'indemnisation réduite si de l'autre côté, on n'a pas cette justice qui fait qu'on regarde la taxation de ceux qui ont le plus bénéficié d'une situation particulière », a-t-elle résumé.

Le sujet d'une taxe sur les superprofits est, en effet, revenu dans le débat ces derniers jours, amené d'ailleurs par Yaël Braun-Pivet, elle-même. Le 22 mars dernier, elle a ainsi réclamé « d'entamer la réflexion » sur une contribution « exceptionnelle » sur les « superprofits » des grandes entreprises.

« Nous ne souhaitons pas que les impôts des Français augmentent », a-t-elle rappelé, ajoutant, au micro de France Bleu Sud Lorraine, « cela étant dit, je suis partisane de regarder » une possible contribution « exceptionnelle » des entreprises « lorsqu'il y a des superdividendes, des superprofits, des rachats d'actions massifs ».

Six jours plus tard, Gabriel Attal a, lui, assuré « ne pas avoir de dogme, ni de tabou sur les profits exceptionnels liés à des situations de crise ». Lors d'un déplacement dans l'usine L'Oréal de Rambouillet, le Premier ministre a ainsi rappelé que « lorsqu'il a fallu taxer les entreprises de l'énergie et du pétrole, parce qu'elles faisaient des profits exceptionnels en même temps que les factures des Français augmentaient, on a fait une taxe exceptionnelle ».

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Reconduction de la fiscalité exceptionnelle sur les énergéticiens

De son côté, Bruno Le Maire s'est, dans le même temps, montré inflexible sur la taxation des superprofits ou des grandes fortunes en France, estimant que « taper sur les riches est la solution de facilité ».

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Le ministre de l'Economie a, néanmoins, expliqué, lors d'une réunion avec des journalistes le 26 mars, qu'il allait prolonger la fiscalité exceptionnelle sur les énergéticiens, malgré le faible rendement de cette taxe. « La rente inframarginale n'a rapporté que 300 millions d'euros, soit 10 fois moins que prévu par la commission de régulation de l'énergie. Nous sommes ouverts des propositions. Il est inacceptable que le rendement soit aussi faible que prévu », a-t-il expliqué.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 03/04/2024 à 10:19
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Un bon chômeur est un chômeur rayé des statistiques d'une façon ou d'une autre je me souviendrais toujours de l'annonce de Pasqua fier d'annoncer qu'il avait supprimé un million de chômeurs d'un trait de crayon !

à écrit le 03/04/2024 à 0:04
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Cette "Président" de l'Assemblée Nationale ne se demande pas pourquoi elle et ses collègues sont payés. Pour leur inutilité? Il est vrai que c'est le 49-3 qui a approuvé le Budget annuel au cours du dernier demi siècle... Et nul doute que cela va con...

à écrit le 02/04/2024 à 15:25
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Bientôt le mois de Mai, le mois des manifs.

à écrit le 02/04/2024 à 13:58
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Le gros problème d'une baisse de la durée d'indemnisation est qu'elle a pour effet de priver de formation longues les profils à reconvertir complètement, d'aggraver le manque d'attractivité des métiers saisonniers et plus largement les métiers se pla...

à écrit le 02/04/2024 à 12:53
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voila quelqu'un de raisonnable dans l'approche des problèmes

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