Refinancement d'Orpea  : la Caisse des dépôts et les créanciers ne trouvent pas de terrain d'entente

Les créanciers d'Orpea et la Caisse des dépôts (CDC) se sont séparés sur un constat d'échec dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu'ils tentent de renflouer le géant des maisons de retraite, secoué par la publication il y a un an du livre-enquête « Les Fossoyeurs ». Le groupe a jusqu'à mi-février pour trouver une solution.
Le groupe Orpea est exposé à un risque de manque de liquidités au premier trimestre 2023.
Le groupe Orpea est exposé à un risque de manque de liquidités au premier trimestre 2023. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Orpea n'est pas sorti d'affaires. La Caisse des dépôts, bras financier de l'Etat, selon une source interne reprise par l'AFP, a proposé de relever à 1,3 milliard d'euros son offre initiale d'apport d'argent frais contre 700 millions d'euros au départ.

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C'est 80% de la somme totale (1,5 milliard d'euros) dont Orpea a besoin pour poursuivre son activité et mettre en œuvre le plan de transformation annoncé à l'automne par son nouveau directeur général Laurent Guillot.

« Nous voulons le contrôle pour nous assurer que les pratiques changent » (Caisse des dépôts)

Mais les discussions engagées sur la restructuration de la dette achoppent sur la valeur à laquelle la dette non sécurisée, aux mains d'un groupe d'investisseurs, sera transformée en capital. Parmi ceux-ci, qui détiennent 1,8 milliard d'euros de dette (sur un total de 9 milliards de dette), figurent des gérants et des fonds spéculatifs, dont Anchorage, Boussard & Gavaudan, Carmignac et Eiffel.

La Caisse des dépôts et ses alliés demandent le contrôle de la gouvernance d'Orpea. « Nous voulons le contrôle pour nous assurer que les pratiques changent », a indiqué à l'AFP une source de la Caisse des Dépôts. « Pour nous, c'est plus une question éthique que financière ».

« Avec des partenaires, mutualistes, assureurs, nous proposons d'apporter 1,265 milliard d'euros, sur la base d'une valorisation de la société à un milliard d'euros. Cela n'a pas été accepté par les créanciers », dit-on à la CDC. « Si les résidents sont mieux traités, les charges vont augmenter et les marges baisser, et la société vaut moins », dit-on au sein de l'institution publique. « Il n'y a pas d'accord aujourd'hui. Notre offre reste sur la table ».

La Caisse des dépôts a refusé un compromis avec les créanciers

Selon une source proche des créanciers, la conciliatrice a proposé un « compromis », qu'ils ont accepté et que la Caisse des dépôts a refusé. L'offre de la Caisse des dépôts « lèse les intérêts d'épargnants qui ont déjà perdu beaucoup », selon cette source.

Les détenteurs de la dette d'Orpea sont en majorité des mutualistes, gérants d'épargne-retraite et d'assurance-vie français, « prêts à accompagner Orpea dans la durée », selon cette source.

« Malgré ses efforts pour aboutir » à un accord, Orpea « constate avec regret que les attentes respectives du consortium d'investisseurs et du groupe de financiers non sécurisés (...) ne permettent pas de trouver un accord » et « ces négociations prennent par conséquence fin », a déclaré le groupe privé dans un communiqué publié jeudi soir.

Le groupe est exposé à un manque de liquidité dès le premier trimestre 2023

Orpea « poursuivra les discussions avec le groupe de financiers non sécurisés dont le soutien est nécessaire pour aboutir à un accord sur un plan de restructuration », à savoir « la capitalisation de 3,8 milliards d'euros de dettes non sécurisées et une augmentation de capital comprise entre 1,3 et 1,5 milliard d'euros », ajoute-t-il.

Le groupe Orpea, exposé à un risque de manque de liquidités au premier trimestre 2023 et affecté par la hausse des coûts alimentaires et énergétiques, a jusqu'à mi-février pour trouver une solution dans le cadre d'une procédure amiable de conciliation.

(Avec AFP)

Orpea a indiqué mi-janvier adhérer à la démarche d'une « charte » lancée par le Synerpa, syndicat du secteur pour « rétablir la confiance du public ». Elle « formalise les engagements des acteurs privés du grand âge pour une évolution profonde, durable et mesurable de l'accompagnement des personnes âgées ».

Elle entend « mesurer et améliorer les pratiques du secteur grâce à des indicateurs simples et accessibles à tous » : notamment la « qualité de soin et de vie » des résidents avec un « organisme extérieur spécialisé », la « qualité de vie au travail » des personnels et une « analyse annuelle des risques de maltraitance » effectuée par un organisme externe. Les premiers chiffres seront publiés début 2024 et communiqués au moins une fois par an.

Commentaires 2
à écrit le 20/01/2023 à 16:11
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Merci à tous ceux qui ont contribué à faire connaître cette machine à fric malhonnête. Une bonne épuration dans bien des domaines serait la bienvenue pour tous.

à écrit le 20/01/2023 à 11:01
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Laissons les actionnaires et créanciers se débrouiller entre eux. On ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le CDC. Laissons faire Schumpeter ,c'est ce qu'il y a de mieux a faire.

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