La question de la réforme des retraites n'est toujours pas tranchée. Pourtant, les membres du gouvernement continuent à distiller la même petite musique. Interrogée ce matin sur BFM, Elisabeth Borne a redit que « cette réforme des retraites est prioritaire, pour préserver notre modèle social, continuer à investir dans la transition écologique, l'éducation et la santé, et parce qu'elle s'inscrit dans notre objectif de plein emploi ».
Une réforme prioritaire pour le gouvernement
Même son de cloche du côté de Bercy, où Bruno Le Maire présentait, ce lundi 26 septembre, le projet de loi sur le budget pour 2023. A cette occasion, le ministre de l'Economie l'a répété : « le président de la République a reçu un mandat clair pour faire cette réforme des retraites. Nous sommes en démocratie. Cette réforme doit entrer en vigueur à l'été 2023. Si nous faisons cette réforme, ce n'est pas pour le plaisir mais pour avoir les conditions de financement de notre modèle social, de la solidarité mais aussi pour assurer la prospérité collective aux générations futures ». Et le locataire de Bercy de rappeler que : « Nous n'avons pas de marges de manœuvre pour augmenter les impôts, nous n'avons pas de marges de manoeuvre pour dépenser, notre vraie marges de manoeuvre, c'est le travail, encore et toujours le travail ».
Un budget 2023 marqué sous le signe de la protection du pouvoir d'achat
Et pour cause, ce premier budget du second quinquennat reste marqué par des mesures importantes pour aider les Français à faire face à l'inflation. « Un budget de protection » s'est exprimé, Gabriel Attal, le ministre des comptes publics. Près de 45 milliards d'euros seront par exemple consacrés au bouclier tarifaire sur le gaz et l'énergie, les enveloppes allouées aux ministères régaliens - défense, intérieur, école... - sont augmentées par rapport à l'an dernier.
Et dans ce contexte de croissance atone, avec une charge de la dette qui s'envole, même si Bercy s'en défend, difficile de trouver des ressources d'économies - lutte contre la fraude, réorientation de certains dispositifs en matière de logement etc ...
Suspens autour du modus operandi
Pourtant, la question de savoir quand cette réforme sera annoncée et quelle forme elle prendra, n'est toujours pas tranchée. Elisabeth Borne a beau le marteler : « ma méthode, c'est le dialogue, la recherche de compromis... », l'hypothèse d'un passage en force de la part du gouvernement continue de susciter les inquiétudes, y compris au sein de la majorité. La cheffe du gouvernement a promis de décider d'ici la fin de la semaine : « Avec le président, nous avons prévu d'avoir des échanges cette semaine avec les ministres concernés et les responsables de la majorité. Il y a différents scénarios, nous cherchons la meilleure voie ».
De son côté, François Bayrou, au Modem, l'allié de toujours, a toutefois redit son opposition à l'utilisation du 49.3 sur ce dossier, Yael Braun-Pivet la présidente de l'Assemblée nationale également... C'est sans compter sur les syndicats, CFDT en tête, opposés tant sur la forme que sur le fond du dossier.
Exit l'idée d'un amendement dans le PLFSS ?
C'est pourquoi, selon nos informations, la possibilité de passer cette réforme par un simple projet de loi, après quelques mois de concertation, est étudiée de près. Cela éviterait pour le gouvernement d'être accusé de vouloir passer en force. Quant à trouver les voix suffisantes pour obtenir une majorité à l'Assemblée nationale pour faire passer le texte sans recourir au 49.3 ? « Ce n'est pas impossible si vous avez les Républicains avec vous », décrypte une source gouvernementale. Et d'ajouter : « Eux qui depuis des décennies prônent un recul de l'âge de départ auraient beau jeu de botter en touche, s'ils s'y opposaient les Français ne comprendraient rien ». Une façon de mettre au pied du mur les députés de droite.
Même s'il a rejoint la majorité, l'ancien premier ministre, Edouard Philippe, issu de la droite, exhorte le gouvernement à aller vite, quelle que soit la méthode employée.
« L'avantage d'un simple projet de loi, c'est la discussion. Le Parlement ne pourrait pas se défiler », plaide un conseiller proche du dossier. C'est le pari que pourrait tenter l'exécutif. Réponse cette fin de semaine. Quoi qu'il en soit, le gouvernement vise une entrée en vigueur de la réforme des retraites dès l'été prochain.