Retraites : un nombre de grévistes en baisse pour ce troisième round de mobilisation contre la réforme

Classes fermées, trains annulés et nombreux défilés... Les syndicats espèrent une troisième mobilisation massive ce mardi contre la réforme des retraites, pour maintenir la pression sur les députés qui viennent d'ouvrir les hostilités dans l'hémicycle. Mais le nombre de grévistes, notamment à la SNCF, chez EDF et parmi les enseignants, étaient en baisse à la mi-journée par rapport à la précédente journée d'action. En outre, si les manifestants étaient moins nombreux dans les différentes villes de France, dans le cortège parisien, ils étaient 400.000, soit autant que le 19 janvier, selon la CGT.
Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, redoute « un problème démocratique » si les députés « votent des lois qui sont contraires à ce que veut le peuple ».
Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, redoute « un problème démocratique » si les députés « votent des lois qui sont contraires à ce que veut le peuple ». (Crédits : BENOIT TESSIER)

[Article publié le 7 février et mis à jour à 17H45]

Alors que la bataille des retraites a d'ailleurs débuté lundi à l'Assemblée ans une ambiance houleuse, ce mardi était organisée la troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

Unis contre le report de l'âge légal à 64 ans, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) entendaient donc bien continuer à mettre la pression sur l'exécutif et les députés, après deux journées réussies à plus d'un million de manifestants - selon les autorités les 31 et 19 janvier dernier. Au deuxième jour de l'examen du texte, les députés avaient donc l'œil sur les mobilisations qui marquent cependant le pas.

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Un nombre de grévistes en baisse dans les transports et l'éducation

Le nombre de grévistes était en baisse à SNCF : 25%, contre 36,5% le 31 janvier et 46,3% le 19 janvier, a appris l'AFP de source syndicale. Dans le détail, on comptait 57% de grévistes chez les conducteurs de trains, 33% chez les contrôleurs et 25% chez les aiguilleurs, selon ces chiffres provisoires. Cela s'est traduit par l'annulation d'un TGV sur deux en moyenne, la quasi-totalité des Intercités et 7 TER sur 10. La situation était une fois de plus contrastée dans la région parisienne, avec entre un tiers et une moitié des trains sur la plupart des lignes. Les perturbations étaient également importantes sur le réseau parisien RATP, mais aucune ligne de métro n'était totalement fermée. « On a fait mieux » que ce qui avait été annoncé, a même commenté un porte-parole peu avant midi.

Côté aérien, comme lors des deux journées de grève précédentes, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer à 20% de leurs vols à Paris-Orly. Air France a annulé seulement 5% de ses vols court et moyen-courrier et « prévoit d'acheminer l'ensemble des clients en possession d'une réservation » ce mardi. La DGAC a aussi relevé « quelques retards dans le sud-est » en raison de la grève de contrôleurs aériens de la zone Marseille Montpellier Nice.

Moins de grévistes étaient également attendus chez les enseignants, début des vacances d'hiver oblige. Selon le ministère de l'Education nationale, le taux d'enseignants grévistes s'élevait à 14,17%, dont 14,60% dans le primaire et 13,75% dans le secondaire (collèges et lycées), avec 8 académies déjà en vacances. Ces chiffres ne prennent pas en considération la zone A, déjà en vacances scolaires. Cette zone, la première en congés dans le calendrier scolaire, comprend les académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers.

De leur côté, les syndicats enseignants n'ont pas donné à ce stade de chiffres de mobilisation des enseignants, estimant difficile de « comparer des choses qui ne sont pas comparables », explique le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

Le 31 janvier, le taux d'enseignants grévistes avait été de 25,92%, dont 26,65% dans le primaire et 25,22% dans les collèges et lycées, selon le ministère, bien en-deçà des chiffres des syndicats, qui avaient comptabilisé beaucoup plus de grévistes, au moins 50% parmi les professeurs, de la maternelle au lycée. Le taux de grévistes le plus élevé pour les enseignants avait été enregistré le 19 janvier, lors de la première journée d'action, avec 42,35% dans le primaire et de 34,66% dans le secondaire, selon le ministère. À cette date, les syndicats avaient eux recensé jusqu'à 70% d'enseignants grévistes dans le primaire et 65% dans les collèges et lycées.

En outre, selon une source policière, neuf sites universitaires et 24 lycées ont été perturbés en France, avec 14 blocages. La Voix lycéenne a, elle, revendiqué près de 150 lycées bloqués.

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Un peu plus de 11% des fonctionnaires étaient en grève en milieu de journée dans la fonction publique d'Etat, contre 19,4% lors de la deuxième journée de mobilisation, et 28% lors de la première, selon le ministère de la Fonction publique. À La Poste, la direction relevait 4,69% de grévistes à la mi-journée.

Une grève suivie dans l'énergie

Dans le secteur de l'énergie, malgré des chiffres également inférieurs à ceux des précédentes journées d'action, la grève était néanmoins largement suivie. Du côté d'EDF, le taux s'élevait à 30,3% de l'effectif global, contre 40,3% le 31 janvier, a annoncé la direction de l'énergéticien. Engie relevait 24,6% de grévistes sous statut spécifique d'électriciens et gaziers, contre 40% le 19 janvier et 34,3% le 31, sans conséquences prévisibles pour ses clients.

Les raffineries et dépôts de carburants de TotalEnergies comptaient, selon la CGT, de 75 à 100% de grévistes. La direction estimait, elle, le taux de grévistes à plutôt 56% des opérateurs des équipes du matin, contre 55% le 31 janvier et 65% le 19. Si les expéditions de carburants sont bloquées, TotalEnergies assure disposer de stocks dans les dépôts pour éviter des pénuries dans les stations-service.

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Un nombre de manifestants également en baisse

Du côté des manifestants ce mardi, leur nombre s'annonçait aussi en baisse. Les chiffres des cortèges qui se sont déroulés dans la matinée montraient une participation moindre que le 31 janvier: par exemple 5.000 à Angoulême selon les autorités, contre 8.500 le 31 janvier et 9.000 le 19 janvier. Ou encore à Rouen, où les manifestants étaient 8.700 selon la préfecture, contre 13.800 le 31 janvier et 13.000 le 19.

Ce constat ne valait toutefois pas pour la manifestation parisienne qui s'est élancée vers 14H00 de la place de l'Opéra, direction Bastille. Selon la CGT, elle a réuni 400.000 manifestants, soit le même nombre que le 19 janvier. C'est toutefois 100.000 personnes de moins que le 31 janvier.

Philippe Martinez appelle à des grèves « plus dures, plus nombreuses, plus massives »

Peu après l'annonce du nombre de grévistes en baisse par rapport aux deux précédentes journées de mobilisation, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez a appelé à des grèves « plus dures, plus nombreuses, plus massives et reconductibles ». « Si le gouvernement persiste à ne pas écouter, forcément il faudra monter d'un cran », a-t-il déclaré à la presse au départ de la manifestation parisienne.  Plus tôt il avait prédit que, « si on n'est pas entendus, je pense que le climat va largement se dégrader », redoutant « un problème démocratique » si les députés « votent des lois qui sont contraires à ce que veut le peuple ». À ses côtés dans le cortège, Laurent Berger (CFDT) a jugé que ce serait « une folie démocratique de rester sourd » à la contestation de la réforme.

Les troupes de la CGT se tiennent prêtes à hausser le ton dès la semaine prochaine, notamment dans l'énergie. « S'il faut aller vers un blocage plus large, on ira sans doute », a d'ores et déjà prévenu le patron de la CGT-Energie, Fabrice Coudour. Les grévistes d'EDF ont ainsi procédé entre lundi et mardi à des baisses de production d'électricité de près de 4.500 mégawatts (MW), l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires, comme l'ont indiqué la CGT et le site internet d'EDF.

Les syndicats regardent déjà en direction de la prochaine journée d'action prévue samedi : « Nous voulons en faire une fête du travail, avec des cortèges pacifiques et festifs », a ainsi assuré le leader de la CFDT. « Le message de ce soir, ce sera un appel à manifester massivement samedi », a-t-il déclaré, reconnaissant pour la journée de mardi « un petit handicap avec les vacances », qui ont commencé pour la zone A. « Mais le débat parlementaire c'est jusque fin mars, et en mars il n'y aura plus de vacances », a-t-il prévenu.

« La réforme ou la faillite »

Pas de quoi faire reculer un gouvernement déterminé à tenir la promesse de campagne d'Emmanuel Macron. « N'ayons pas peur de le dire: en matière de retraites, mesdames et messieurs les députés, c'est la réforme ou la faillite ! », a lancé lundi le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, en ouverture du débat à l'Assemblée sur la réforme des retraites. Le ministre a assuré que le gouvernement était « désireux d'agir pour les Français qui travaillent », fustigeant à gauche « le camp de l'asphyxie fiscale et du blocage », qui a une « obsession de taxer », « taxer tout le monde, taxer tout le temps, taxer toujours ». « L'immobilisme n'est pas permis », avait déjà affirmé son collègue, Olivier Dussopt. Le ministre du Travail s'est dit « ouvert aux améliorations » sur le fond du texte.

Cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot sera difficile à convaincre : « soyons clairs: cette réforme n'est ni faite ni à faire. Mais c'est dans une période de chaos que vous aggravez le chaos », a-t-elle lancé au gouvernement, en amont d'un vote sur une « motion de rejet préalable » de son texte.

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Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, Olivier Dussopt a évoqué un « bilan d'étape » au Parlement, avant la présidentielle de 2027. Une nouvelle main tendue à la droite, dont les voix seront cruciales pour éviter à l'exécutif de recourir à l'arme du 49.3. Les chances que tous ces sujets soient abordés sont cependant minimes : plus de 20.000 amendements ont été déposés, essentiellement par la gauche, rendant improbable un vote avant la date-butoir du 17 février.

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 07/02/2023 à 18:51
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Je vis à l'étranger et je comprends rien de rien à tout cela en France...guerre en Ukraine, tremblement de terre en turquie...mais ce qui est important, oui, vraiment très important, c'est de ne pas travailler

à écrit le 07/02/2023 à 17:21
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Moi j’ai prédit que la réforme des retraites n’allait pas passer ou que si elle passait elle allait être abrogée alors ça ne va pas du tout dans ce sens cette baisse de la mobilisation qui doit faire plaisir à Macron.

à écrit le 07/02/2023 à 15:31
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Il y a une population qu'on voit peu en ce moment sur cette réforme des retraites ce sont les routiers.je me demande si le CFA va être conservé par la macronie. Il s’agit d’un dispositif de congé de fin d’activité mis en place par les partenaires so...

à écrit le 07/02/2023 à 12:51
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"Moins de grévistes étaient également attendus chez les enseignants, début des vacances d'hiver oblige." Les Français sont attachés aux congés d’été, partir l’hiver est bien moins répandu. Selon une étude par le Centre de recherche pour l’étude e...

à écrit le 07/02/2023 à 12:06
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Donc ils ne bossent même pas 35h00 comme par exemple à la mairie de Paris et ne cotisent pas assez... Bref si simplement on taxait de 2% le patrimoine d'un côté et que de l'autre on faisait bosser tout le monde 35h00 (vraiment) et virait les régim...

le 07/02/2023 à 13:29
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YaKa FoKon !!!!!

à écrit le 07/02/2023 à 11:52
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Leur réforme nous pourrit la vie, on n'en veut pas. Ce sont des décisions prises par une élite qui va bien, qui gagne beaucoup, qui a du patrimoine, qui hérite, qui ne se soucie pas de la prise en charge financière de ses parents âgés dépendants, qui...

à écrit le 07/02/2023 à 8:10
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Spectacle désolant a l’assemblée nationale arrêtons de croire au miracle de la redistribution et la taxation

à écrit le 07/02/2023 à 7:59
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Et la réforme des retraites des politiques on en parle? Le cumul des retraites on en parle ? Les emplois fictifs on en parle? Les cadeaux lors des marché publics offerts à nos politiques on en parle ? qu ils commencent par eux. !! Au fait d ou vient ...

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