Grève contre la réforme des retraites : chute de la production d'électricité de 4.500 mégawatts dans les centrales EDF

En cette troisième journée de mobilisation, les grévistes d'EDF ont procédé entre lundi et mardi à des baisses de production d'électricité représentant l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires. Elles ne devraient toutefois pas entraîner de coupures. La mobilisation est également forte au sein de certains sites de stockage de gaz et dans les raffineries de TotalErnergies.
Plusieurs centrales nucléaires EDF sont touchées par des mouvements de grève, ce mardi.
Plusieurs centrales nucléaires EDF sont touchées par des mouvements de grève, ce mardi. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

[Article publié le 7 février et mis à jour à 17H50]

C'est la troisième journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Des transports en commun à l'Éducation nationale en passant par le port du Havre, nombreux sont les secteurs dans lesquels les grévistes se sont mobilisés pour manifester leur opposition au projet du gouvernement étudié depuis hier par les députés. Comme pour les deux précédentes journées d'action, les grévistes ont, de nouveau, répondu à l'appel dans le secteur de l'énergie.

Les grévistes d'EDF ont ainsi procédé à des baisses de production d'électricité d'environ 4.500 mégawatts (MW) selon la CGT, soit l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires. Plusieurs centrales nucléaires, comme celle de Paluel (Seine-Maritime) et de Dampierre (Loiret), mais aussi la centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) ou la centrale thermique de Martigues (Bouches-du-Rhône) étaient touchées, avec « de forts taux de grévistes » et des « filtrages à l'entrée des sites », selon Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.

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Pas de coupures prévues

Toutefois, ces différentes actions de baisse de production, strictement encadrées par le gestionnaire des lignes à haute tension RTE, ne devraient normalement pas entraîner de coupures de courant pour les usagers. RTE, chargé d'assurer la sécurité de l'approvisionnement en électricité, peut, en effet, envoyer des messages de sûreté aux grévistes s'il estime que les baisses de production font courir le risque de coupures. À charge ensuite pour les salariés de les respecter.

Le 31 janvier, date de la précédente journée de mobilisation, le taux de grévistes s'élevait à 40,3%, en légère baisse par rapport à la première journée, le 19 janvier (44,5%), selon la direction. Ils avaient occasionné dans la nuit des baisses de charges dans les centrales électriques de « près de 3.000 MWh (mégawattheures, ndlr)», sans causer de coupures. Un chiffre inférieur à celui communiqué ce mardi en fin de mâtinée. Cette troisième journée d'action compte pourtant moins de grévistes. Ils représentaient 30,3% de l'effectif global à la mi-journée, a annoncé la direction de l'énergéticien.

Du côté de la centrale de Chinon (Indre-et-Loire), les grévistes ont à l'inverse retardé le débranchement prévu du réacteur numéro 1 pour maintenance, ce qui va décaler la période de travaux, prévue jusqu'en octobre.

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Des barrages filtrants sur certains sites de stockage de gaz

Des sites de stockage souterrain de gaz sont aussi touchés par la mobilisation. Ainsi, le site de Gournay-sur-Aronde (Oise), de Storengy, filiale d'Engie, faisait l'objet de barrages filtrants « depuis 05H30 ce matin » afin de protester notamment contre la volonté du gouvernement de porter de 62 à 64 ans l'âge légal de départ en retraite, selon Fabrice Coudour. « On a lancé un appel pour l'ensemble des sites Seveso gaz de la France. On verra comment ça va être pris en compte », a déclaré à l'AFP Frédéric Ben, responsable du secteur gaz à la FNME-CGT. Gournay-sur-Aronde est le seul site de Storengy stockant du gaz B (gaz à bas pouvoir calorifique, qui se distingue par sa teneur plus élevée en azote), ce qui « lui confère une position stratégique déterminante dans l'approvisionnement du réseau Nord, puisque cette partie du territoire est uniquement alimentée en gaz B », indique le groupe sur son site internet.

À ce stade, « il n'y a pas d'action spécifique » sur les installations, et « les entrées et sorties de gaz vont être normales », a néanmoins précisé le responsable, ajoutant que les grévistes devaient empêcher les entreprises extérieures et les prestataires de pénétrer sur le site pour effectuer des réparations et des opérations d'entretien. « Ces opérations vont être reportées et si le mouvement perdure, si elles ne se font pas, ça aura forcément par la suite un impact sur les émissions de gaz », a ajouté Frédéric Ben. Les salariés de Storengy qui souhaitent travailler sont en revanche libres de rentrer sur le site.

Plus d'un salarié sur deux en grève dans les raffineries de TotalEnergies

Si les employés du gaz et de l'électricité sont mobilisés, il en va de même pour ceux des raffineries. À l'appel de la CGT, plus d'un salarié sur deux (56%) des sites de TotalEnergies étaient en grève, ce mardi, selon la direction. « Sur les 301 postés du quart du matin de l'ensemble de nos sites raffinage et dépôt, 56% (soit 169 personnes) étaient en grève », a-t-elle indiqué.

Un chiffre qui grimpe à entre 75 et 100% selon les sites, a estimé le syndicat, à l'instar de ce qui avait été annoncé par le syndicat le 19 janvier dernier. Ce mardi, la CGT dénombrait ainsi 75% de grévistes à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 87% à la raffinerie de Normandie, la plus importante de France, 90% à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), et 100% de grévistes au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord).

En conséquence, « les expéditions de produits au départ des sites de TotalEnergies sont interrompues ce jour », a indiqué la direction, les grévistes utilisant des modalités d'action similaires à celles des précédentes journées d'action contre le projet de réforme des retraites. Toutefois, elle a assuré qu'« il n'y a pas de manque de carburants » dans les stations-service du groupe et assuré que « les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau satisfaisant ».

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(avec AFP)

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