
>> Article mise en ligne le 3/02/2021 | Mise à jour le 4/02/2021 à 20h43
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> DOSSIER - La course aux vaccins
Comme pour couper court à la polémique sur un éventuel retard français en matière de vaccination, Emmanuel Macron l'a affirmé mardi soir sur TF1 : l'ensemble des Français pourra avoir accès à l'un des vaccins anti-Covid d'ici six mois.
« Compte tenu des contrats que nous avons sécurisé au niveau européen, ça signifie pour la France que pour tous les adultes qui le souhaiteront, nous serons en mesure de leur proposer un vaccin avant la fin de l'été », a déclaré le chef de l'État à l'issue d'une réunion avec les grands laboratoires français et européens mardi 2 février.
Alors que plusieurs régions sont en situation de pénurie, l'exécutif compte donc inverser la tendance grâce à, notamment, « dès les prochaines semaines (...), des sites qui vont en France produire le vaccin ». « On en aura quatre », a encore assuré Emmanuel Macron.
Pour l'heure, la France dépend en effet de nombreux paramètres qu'elle ne maîtrise pas, dont la livraison des trois vaccins aujourd'hui autorisés dans l'Hexagone venus de leur site de production européens : le Pfizer-BioNTech, le Moderna et l'AstraZeneca (autorisé pour les moins de 65 ans).
Une vaccination coûte que coûte
Or, à date (au 31 janvier), sur une population de 67 millions d'habitants, seules 47.137 personnes ont reçu leur seconde injection, selon les données du ministère. Il est aussi estimé qu'à cette date, 1,7% de la population française a reçu au moins une dose de vaccin. De même, au 26 janvier, un peu plus d'un million de personnes (1,486 million) avaient reçu au moins une dose de vaccin, selon les données Vaccin Covid Cnam pour Santé publique France. Au 26 janvier pourtant, les autorités françaises avait reçu 2,6 millions de doses du vaccin ARN messager produit par Pfizer/BioNTech et Moderna. Les laboratoires sont-ils donc les seuls fautifs dans la délivrance du remède ?
C'était aussi la prévision du ministère de la Santé : 2,4 millions d'injections devraient être administrées au cours du mois de février, premières et secondes doses réunies. Ainsi, les 600.000 rendez-vous de première injection déjà programmés durant la première quinzaine de février auraient du être honorés. Or, à date, aucun nouveau rendez-vous ne pourra être pris avant le 15 février, avait finalement indiqué le ministère.
« La baisse de ces approvisionnements a naturellement un impact sur le nombre d'injections pouvant être programmées : aussi, environ 5% des rendez-vous pour une première injection devront être décalés de quelques jours », a indiqué le ministère en assurant qu'aucun rendez-vous ne sera annulé.
Lire aussi : Le vaccin AstraZeneca pas recommandé aux plus de 65 ans, selon la HAS
CAMPAGNE VACCINALE EN FRANCE
La vaccination contre la Covid a débuté en France le 27 décembre 2020. Elle est désormais ouverte à l'ensemble des personnes appartenant aux catégories suivantes : les personnes âgées en Ehpad ou en unité de soin de longue durée, les professionnels de santé, y compris libéraux, les sapeurs-pompiers et les aides à domicile âgés de plus de 50 ans et/ou atteints de comorbidités, les personnes handicapées vulnérables prises en charge dans les foyers d'accueil médicalisés et les maisons d'accueil spécialisées et les personnels y exerçant âgés de 50 ans et plus et/ou atteints de comorbidités, les personnes vulnérables à très haut risque et les personnes âgées de plus de 75 ans.
La campagne de vaccination s'accompagne du suivi des nombres de personnes vaccinées ainsi que des couvertures vaccinales. Le système d'information Vaccin Covid, permettant le suivi de la vaccination contre la Covid, a été mis en œuvre le 4 janvier 2021. Il est administré par la Caisse nationale d'assurance maladie et alimenté par les professionnels de santé réalisant les vaccinations. À compter du 27 janvier 2021, l'estimation des nombres de personnes vaccinées en France contre la Covid est issue de cette source de données.
Pendant la période intermédiaire, les données présentées étaient issues des remontées d'informations transmises par les Agences régionales de Santé (ARS) et recueillies quotidiennement auprès des établissements pour personnes âgées et des centres de vaccination.
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Des vaccinations interrompues dans certaines régions
Fin janvier, l'ARS des Hauts-de-France a annoncé le report des rendez-vous pour une première injection afin de "garantir l'administration de la seconde injection pour toutes les personnes ayant déjà reçu la première dose en janvier". L'ensemble des rendez-vous de primo-vaccination prévus jusqu'au mardi 2 février inclus seront donc déprogrammés et immédiatement reprogrammés à partir de la première semaine de mars.
Pour l'ARS d'Île-de-France, la situation extrêmement tendue sur les doses de vaccins, et la nécessité de garantir la deuxième injection pour les personnes déjà vaccinées, aucune primo-injection ne sera effectuée dans les établissements de santé la semaine prochaine.
"Aucune dose de vaccin ne sera délivrée aux établissements de santé par les établissements congélo-porteurs, seules les doses pour les deuxièmes injections seront délivrées", précise l'agence parisienne.
En Bourgogne-Franche-Comté, la réservation en ligne de nouveaux rendez-vous dans les centres de vaccination pour des primo-injections est suspendue. Des rendez-vous qui avaient déjà été pris sont susceptibles d'être reportés de quelques jours ou semaines, a précisé l'ARS dans un communiqué.
Des messages contradictoires qui mettent le doute aux Français
Les collectivités territoriales ont mis à disposition leur assistance et leurs moyens pour accélérer la vaccination sur l'ensemble du territoire national. Position d'autant plus légitime que le gouvernement a choisi de cibler en priorité les aînés accueillis en Ehpad, puis les autres Français les plus vulnérables. Malgré un engagement des territoires, les élus sont confrontés à des messages contradictoires, sources d'incompréhension et d'inquiétude.
En dépit de l'accélération annoncée de la campagne, des centres de vaccination ferment, des rendez-vous sont ajournés, des informations tombent brusquement, sans préavis et sans lisibilité d'ensemble.
François Baroin, Dominique Bussereau et Renaud Muselier rappellent que "les collectivités se sont montrées solidaires et efficaces pendant la pandémie".
"Elles sauront l'être dans la campagne de vaccination en créant des synergies avec les autorités sanitaires, en évitant les doublons et en étant au plus près des populations à vacciner", assurent les Présidents.
De gauche à droite, François Baroin (AMF), Dominique Bussereau (ADF) et Hervé Morin (Régions de France).
Des "QG opérationnels" de la campagne vaccinale
Ainsi, il est demandé à l'État une véritable clarification de sa vision stratégique en matière de vaccination et doit préciser "l'état des stocks de vaccins, les calendriers précis d'approvisionnement, le nombre de doses disponibles, le calendrier arrêté pour les phases de vaccination, et ce, à l'échelle de chaque territoire".
"Un maillage équilibré des centres de vaccination est également crucial pour garantir une équité territoriale en tenant compte des zones rurales souvent sous-dotées", réaffirment les trois élus.
Les présidents de l'AMF, de l'ADF et de Régions de France relèvent que "la réussite de cette campagne dépend de l'adhésion de tous les acteurs qui devront convaincre le public du bienfondé de la vaccination".
"Notre volonté de devenir le QG opérationnel de cette campagne de vaccination, en copilotage avec les ARS, est totale. Il en va de son succès sur le terrain, comme de son acceptabilité politique", concluent les présidents.
Une vaccination en ville par "tous professionnels de santé"
Les pharmaciens demandent à vacciner contre la Covid "le plus rapidement possible, même s'il n'y a pas beaucoup de doses" disponibles pour "infuser" "au plus profond du territoire", a indiqué jeudi dernier le Conseil de l'Ordre des pharmaciens, qui attend un feu vert officiel du ministère de la Santé.
"On peut se féliciter du grand nombre de personnes vaccinées aujourd'hui, mais le problème c'est que l'on ne cible pas encore assez la population cible, les personnes âgées de plus de 75 ans", a indiqué Carine Wolf-Thal, la présidente de l'Ordre des pharmaciens.
"La seule façon d'y arriver (est) de passer par le réseau de ville et le trépied médecin, infirmier, pharmacien".
"L'important c'est d'anticiper, de ne pas attendre la dernière minute pour dire qu'on mobilise le réseau de ville", a jugé la présidente de l'Ordre, précisant que les recommandations de la Haute autorité de santé devaient arriver cette semaine.
Si "les centres de vaccination ont leur intérêt" car "ils permettent de vacciner un grand nombre de personnes rapidement", Carine Wolf-Thal a noté "des trous dans la raquette", "des difficultés d'accès à la prise de rendez-vous, des difficultés d'accès physique aux centres".
"Les deux sont clairement complémentaires", juge-t-elle en rappelant que le réseau de ville avait vacciné 3,7 millions de patients contre la grippe en un mois et demi.
Les variants troublent la campagne vaccinale
C'est une inquiétude grandissante : la campagne vaccinale sera-t-elle efficace contre les variants qui se propagent à grande vitesse dans plusieurs pays, dont la France ?
Dans un communiqué paru le 25 janvier 2021, Moderna a indiqué que des tests de neutralisation in vitro ont été réalisés à partir du sérum de personnes vaccinées. Les anticorps sérologiques ont été mis en présence des variants du coronavirus qui circulent le plus actuellement, le variant anglais de la lignée B.1.1.7 et le variant sud-africain de la lignée B.1.351, pour s'assurer de leur pouvoir neutralisant.
Le vaccin Pfizer-BioNTech conserve la majorité de son efficacité contre les principales mutations des variants anglais et sud-africain du coronavirus, ont annoncé jeudi 28 janvier les deux sociétés dans un communiqué. Des tests in vitro "n'ont pas montré la nécessité d'un nouveau vaccin pour faire face aux variants émergents", selon les deux entreprises pharmaceutiques, qui soulignent toutefois qu'elles "continuent de surveiller les variants émergents et sont prêtes à réagir" si une de ces mutations se révélait résistante au vaccin
Les cas confirmés d'infections dues aux variants émergents du SARS-CoV-2 sont recensés par le Centre national de référence (CNR) sur la base des prélèvements envoyés par les laboratoires de biologie médicale, publics ou privés, qui sont alors séquencés au CNR, et des résultats de séquençages parfois réalisés par certains laboratoires et qui leur sont communiqués.
Le recours au CNR pour cette surveillance des variants émergents suit les recommandations de la conduite à tenir pour la détection et l'investigation des cas suspects ou confirmés de variants mise à jour le 8 janvier 2021 par Santé publique France et le CNR, et diffusée par le ministère chargé de la Santé. Chacun de ces cas fait l'objet d'une information de l'Agence régionale de santé concernée, avec mise en place des mesures de contact-tracing et de prévention.
Au 27 janvier 2021, 339 cas d'infection à des variants émergents étaient recensés en France : 299 cas du variant 20I/501Y.V1 -identifié au Royaume-Uni- et 40 cas du variant 20H/501Y.V2 -identifié en Afrique du Sud-. Aucun cas du nouveau variant 20J/501Y.V3 ayant émergé au Brésil n'a été identifié en France. Un ou plusieurs cas confirmés du variant anglais sont recensés dans toutes les régions de France métropolitaine. Aucun cas n'a été rapporté en Outre-mer à ce jour (première carte ci-dessous). Un ou plusieurs cas confirmés du variant sud-africain sont recensés dans sept régions de France métropolitaine (Grand Est, Région Sud, Pays de la Loire, Île-de-France, AuRA, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) (seconde carte ci-dessous).
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