Ukraine : le gouvernement français au chevet des agriculteurs

Afin d'aider le secteur agricole français déstabilisé par la guerre en Ukraine, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie promettent deux types de mesures: des aides de soutien aux producteurs et difficulté, et des dispositifs pour produire plus en France. Une enveloppe allant jusqu'à 400 millions d'euros sur quatre mois est prévue pour aider les agriculteurs à faire face à la hausse du coût de l'alimentation animale.
Giulietta Gamberini
Les éleveurs, filière déjà fragile avant la guerre, profiteront d'une aide spécifique et exceptionnelle visant à prendre en charge une partie des surcoûts de l'alimentation animale générés par le conflit.
Les éleveurs, filière déjà fragile avant la guerre, profiteront d'une aide spécifique et "exceptionnelle" visant à prendre en charge une partie des surcoûts de l'alimentation animale générés par le conflit. (Crédits : Pascal Rossignol)

Déstabilisée par la guerre russe en Ukraine, l'agriculture française aura le soutien du gouvernement, dans le cadre du plan de résilience annoncé ce mercredi. Les agriculteurs en difficulté bénéficieront notamment de mesures d'aide de court terme tant générales que spécifiques, ont détaillé le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie. Ils seront aussi les destinataires de dispositifs permettant, à plus long terme, à sécuriser les productions à venir du secteur.

Les mesures d'aide visent notamment à répondre aux principaux impacts de la guerre en Ukraine sur l'agriculture française: l'augmentation des prix de l'énergie, des engrais et des céréales. Des formes d'inflation qui, de surcroît, pesaient sur les agriculteurs déjà depuis des mois avant le début du conflit, et qui affectent particulièrement le coût de l'alimentation animale, donc les éleveurs.

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La remise à la pompe étendue au gazole non routier

La remise à la pompe de 15 centimes par litre de carburant promise samedi par l'exécutif sera ainsi appliquée aussi au gazole non routier utilisé par les agriculteurs, a précisé le gouvernement aujourd'hui. Ces derniers bénéficieront également d'un remboursement immédiat de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) 2021 et, sur demande, d'un acompte de 25% pour la TICPE 2022, qui seront versés dès le 1er mai.

Lire: Carburants : Castex annonce une remise à la pompe de 15 centimes par litre et appelle les distributeurs et pétroliers à faire de même

Les entreprises agricoles, forestières et agroalimentaires auront également accès à une nouvelle aide ouverte à toutes les entreprises dont la consommation de gaz et d'électricité représente au moins 3% des charges et qui seront déficitaires en 2022. L'Etat prendra en charge la moitié du surplus de leurs dépenses énergétiques dans la limite de leurs pertes.

"Dans le domaine agricole, nombreuses sont les entreprises répondant au critère du 3%", a souligné Julien Denormandie, en citant en particulier "les maraîchers, les producteurs de volailles, les sucreries, les entreprises laitières qui sèchent le lait et bien d'autres".

Les éleveurs, filière déjà fragile avant la guerre, profiteront d'une aide spécifique et "exceptionnelle" visant à prendre en charge une partie des surcoûts de l'alimentation animale générés par le conflit. D'une durée de quatre mois à partir du 15 mars, elle sera "ciblée sur les élevages fortement dépendants des achats d'aliments et qui subiront des pertes", a précisé Denormandie. Un maximum de 400 millions d'euros y sera consacré et les premiers versements auront lieu sous deux mois.

Enfin, l'enveloppe de prise en charge des cotisations sociales des agriculteurs sera abondée dès cette année de 60 millions d'euros supplémentaires, "pour prendre en compte les exploitations confrontées à des hausses des charges qui dégradent leur comptes d'exploitation de manière significative".

De nouvelles négociations commerciales entamées "sans délai"

Quant aux dispositifs visant à sécuriser la production, le ministre de l'Agriculture a déclaré son intention d'"entamer sans délai de nouvelles négociations commerciales, pour sécuriser nos propres producteurs et entreprises agroalimentaires". Des négociations annuelles sur les marques nationales entre les distributeurs et leurs fournisseurs se sont pourtant clôturées, après plusieurs mois de discussions très tendues, les 1er mars, comme l'exige la loi française.

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Elles ont abouti pour la première fois à une hausse des tarifs des industriels de 3%, qui demandaient toutefois 6 à 8% en raison du contexte inflationniste. Normalement, jusqu'à l'automne prochain, les négociations ne devaient se poursuivre qu'autour des marques de distributeurs (MDD), pour lesquelles aucune échéance n'est fixée par la loi.

Lire: Les marques de distributeurs, prochain chantier de test de la loi Egalim 2

Mais "compte tenu de la modification significative des conditions économiques, les distributeurs doivent adapter les contrats les liant à de nombreux fournisseurs. De nouvelles négociations doivent ainsi être ouvertes sur la base d'un dialogue transparent et constructif entre les parties avec la mise en œuvre des mécanismes d'indexation, renégociation ainsi que du cadrage des pénalités logistiques", a affirmé le ministre de l'Agriculture..

"L'ensemble des acteurs de la chaîne agroalimentaire sera réuni dès vendredi" par le ministre de l'Economie et celui de l'Agriculture, a promis Julien Denormandie, qui assure également que l'Etat sera "exemplaire" dans les contrats relevant de la commande publique.

Des mesures limitant la disponibilité d'engrais reportées

Le gouvernement veut aussi "sécuriser" la campagne d'automne 2022 en engrais, en agissant tant sur les importations que sur la production française. Il prévoit notamment "l'adaptation ou le report de mesures réglementaires" susceptibles d'en limiter la disponibilité, telles qu'un règlement sur le stockage contre lequel les producteurs d'engrais ainsi que la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (Fnsea) se battent depuis des mois. Il promet néanmoins aussi de développer l'usage d'engrais organiques produits en France.

Lire: Pour ou contre : avec la guerre en Ukraine, l'agriculture française doit-elle produire plus ? Henri Biès-Péré (FNSEA) face à Claudine Foucherot (I4CE)

Afin de "produire plus de protéines végétales dès maintenant", le gouvernement mise en outre sur sa demande auprès de la Commission européenne de mettre en production 4% de terres jusqu'à présent mises en jachère afin de protéger la biodiversité.

Elle "devrait connaître une issue favorable", estime le ministre.

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Enfin, afin de sortir plus rapidement des nombreuses dépendances de l'agriculture intensive, le gouvernement promet plusieurs mesures. ll veut tout d'abord mettre en œuvre un "plan souveraineté azote", "en privilégiant la production d'engrais verts et le développement de filières de valorisation d'engrais organiques". Il promet aussi de renforcer le "plan protéines végétales" lancé dans le cadre de France 2030, et de développer l'utilisation agricole d'énergies renouvelables. Il envisage également un "plan souveraineté français et européen dédié aux fruits et légumes".

Julien Denormandie l'a toutefois rappelé:

"Il n'y a pas de risques de pénuries en France".

La chaîne agroalimentaire française est déjà "solide et souveraine".

Giulietta Gamberini
Commentaires 5
à écrit le 18/03/2022 à 18:43
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Bonjour, Les agriculteurs et les éleveurs sont trops aidée ... Bien sûr ils ne faut pas le dire...

à écrit le 17/03/2022 à 9:14
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Rien n'est jamais fait en début de mandat pour "voir le sourire" des agriculteurs a la fin du mandat! C'est toujours le contraire!

à écrit le 17/03/2022 à 8:15
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Subventions au cancer, un classique chez nos politicards agro-industriels de formation.

à écrit le 17/03/2022 à 1:08
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tout cela est du bla bla qui ne repose sur rien !!!! la situation difficile des éleveurs ne sera connu que dans le bilan de l'an prochain !!!!! les voyous de la ponction publique ont encore frappé !!!

à écrit le 17/03/2022 à 0:45
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Je ne comprends pas les agriculteurs manquent d'engrais mais les champs des éleveurs débordent de bourses... on se moque de nous?

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