Et de trois ? L'hypothèse commence à faire son chemin et continue d'enfler sur les réseaux sociaux. Elle émane du ministre de la Santé, Olivier Véran, qui a évoqué dimanche ce scénario redouté :
"Nous n'excluons jamais des mesures qui pourraient être nécessaires pour protéger des populations. Ça ne veut pas dire qu'on a décidé, mais qu'on observe la situation heure par heure", avait-il souligné dans un entretien au "Journal du Dimanche".
Dans la foulée, un conseil de défense sanitaire sera organisé mardi 29 décembre, a annoncé l'Élysée, tandis que les premières vaccinations en France pour les personnes âgées a débuté.
L'Hexagone (hors outre-Mer) se situe parmi les pays qui durcissent les mesures de confinement. Avec un score de 69,44 (sur 100) au 22 décembre 2020, selon une carte des mesures gouvernementales mise à jour par une centaine d'étudiants de l'Université d'Oxford, la France est toutefois devancée par le Royaume-Uni qui a vu apparaître une variante du virus, ainsi que par l'Allemagne où la propagation s'est accélérée. L'Italie est également revenue au confinement dès le 24 décembre, avec la fermeture de tous les commerces, sauf alimentaires et pharmacies.
Les entreprises commenceraient-elles d'ailleurs déjà à anticiper un nouvel arrêt de l'économie, moins d'un mois après la levée du second confinement au 14 décembre et plus de six mois après le premier confinement du 17 mars ?
Sur Twitter, la fermeture annoncée jusqu'au 12 février du parc de loisirs Disneyland Paris situé en région parisienne, vient, selon certains, valider le scénario du pire. De même pour Netflix, le service de streaming et grand gagnant de l'immobilisation à domicile, et pour lequel certains twittos guettent les annonces de sortie de séries pour y voir un lien avec un troisième confinement.
La "banalisation" du confinement
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a appelé quant à elle à "ne pas banaliser le confinement": il "doit être la dernière extrémité pour mettre fin à une situation incontrôlable, et non une simple hypothèse parmi d'autres".
Tandis que les commerçants, durement touchés par les confinements sont vent debout pour pouvoir ouvrir le dimanche et ainsi compenser les pertes, des élus estiment, eux, le reconfinement comme nécessaire.
Dans le Grand Est, région particulièrement touchée, un reconfinement local est "une perspective aujourd'hui inéluctable", a ainsi jugé le maire (PS) de Nancy, Mathieu Klein, tout en laissant à l'Etat le soin d'en fixer le périmètre, qui pourrait selon lui être la région ou la métropole.
"Ici, dans le Grand Est, et particulièrement en Lorraine et à Nancy (...) la circulation du virus s'est accélérée fortement depuis quinze jours, trois semaines", a-t-il souligné sur Franceinfo, en se disant "très inquiet" de la situation "très tendue" à l'hôpital.
Sur les sept derniers jours, on a détecté en moyenne 12.000 nouveaux cas quotidiens de contamination en France, loin de l'objectif des 5.000 fixé par le gouvernement. Si on rapporte les cas à la population, l'Est du pays est particulièrement touché, à commencer par la région Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté ou le département des Alpes-Maritimes.
"La croyance qu'une région très touchée ne le serait pas à nouveau a bien pris du plomb dans l'aile", a commenté lundi sur Twitter l'épidémiologiste Dominique Costagliola, alors que la région Grand Est avait déjà beaucoup souffert au printemps.
Un risque accentué avec les déplacements de Noël ?
Les professionnels de santé redoutent que cette dégradation ne s'accentue à cause des brassages des vacances de Noël.
Si le couvre-feu avait été exceptionnellement levé pour le 24 décembre, il sera en vigueur pour le réveillon du Nouvel An jeudi, et les autorités sanitaires en appellent à la responsabilité des Français pour limiter leurs contacts.
Depuis le 15 décembre, le confinement a été depuis remplacé par un couvre-feu nocturne.
"En septembre, il y avait une sorte de 'tout sauf le confinement' qui a fait qu'on a laissé monter quelque temps l'épidémie", a estimé le directeur général de l'AP-HP (hôpitaux de Paris), Martin Hirsch, lundi sur Franceinfo.
Il ajoute :
"Là, on dit aux Français 'le sort est entre nos mains': soit on fait que le plateau reparte en baisse et, dans ce cas, il n'y aura pas besoin de reconfiner, soit le plateau remonte et ce sera peut-être nécessaire de le faire plutôt que d'attendre qu'on soit remonté à des situations de tension difficiles à supporter."
(Avec AFP)