Après le choc brutal du premier confinement, l'impact économique du second - mis en place du 30 octobre au 15 décembre -, semble à première vue être moins violent. Les restrictions sanitaires sont en effet moins contraignantes avec l'autorisation de l'ouverture du commerce de gros, des hôtels et hébergements et de la livraison de commandes notamment, estime la Banque de France dans une note du 14 décembre. Les chefs d'entreprises de la construction font par exemple état d'une d'une perte de valeur ajoutée (richesse créée par une entreprise) bien moindre - entre 7 et 11% sur les trois derniers mois de l'année - comparée à celle d'avril (-65%) lorsque les chantiers avaient été suspendus.
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De leur côté, les services marchands comme le commerce, les services aux entreprises ou aux particuliers, ou encore les activités immobilières et financières, sont également frappés moins violemment sur les trois derniers mois de l'année 2020 que lors du premier confinement. Leur valeur ajoutée avait chuté de 28% au mois d'avril, liée logiquement à la fermeture imposée et donc à la perte de leur chiffre d'affaires. Mais l'adaptation aux nouvelles mesures sanitaires ont aussi influé négativement sur la valeur ajoutée puisque l'achat de masque, de gel et la distanciation imposée représente un coût moyen situé entre 3 et 5% du chiffre d'affaires des entreprises, selon l'Insee.
Au second confinement, les entreprises se sont mieux adaptées avec la mise en place de mesures appropriées à la situation sanitaire, selon la Banque de France. Néanmoins, sur le mois de novembre, la perte de valeur ajoutée a tout de même atteint -15% contre -5% en octobre, liée à la fermeture administrative des commerces dits "non essentiels".
Le poids de la dette
Toutefois, même si la situation semble mieux maitrisée au deuxième confinement, les entreprises portent le poids d'une dette accumulée depuis le mois de mars. Le taux d'endettement des entreprises en France atteint 84,7% du PIB au deuxième trimestre 2020 contre 76,3%, soit plus de 8% d'augmentation, selon la Banque de France le 19 novembre.
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Encore sous perfusion
Une partie des entreprises, dont les activités sont toujours suspendues, est encore sous perfusion de prêts garantis par l'Etat. Certaines aides se sont même parfois renforcées, comme le fonds de solidarité qui peut, en décembre, atteindre 10.000 euros contre 1.500 euros sur les trois premiers trimestres de l'année.
Malgré cela, il est difficile de stopper l'hémorragie sur le front de l'emploi. L'économie est encore plus affaiblie en cette fin d'année 2020 qu'au printemps puisque les entreprises sont entrées dans cette seconde vague avec une santé financière déjà très fragilisée par le premier confinement. Conséquence, la France assiste a une pluie de PSE (plans de sauvegarde de l'emploi) depuis fin août qui ne désamplifie pas. La Dares - le service statistiques du ministère du Travail - compte en effet au moins 17 PSE par semaine depuis la fin du mois d'août.
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Au total, près de 500.000 emplois ont été détruits dans le tertiaire au cours de l'année 2020. Dans l'industrie, l'hécatombe est immense avec près de 100.000 emplois supprimés en quelques mois, selon la dernière note de conjoncture de l'Insee publiée ce mardi 15 décembre.