Affaire Khashoggi : Donald Trump évoque le possible décès du journaliste saoudien

Donald Trump a évoqué, pour la première fois, jeudi 18 octobre, le probable décès du journaliste saoudien disparu Jamal Khashoggi. Dénonçant "une très mauvaise affaire", le locataire de la Maison Blanche a menacé Ryad de "très graves" conséquences si sa responsabilité était confirmée.
Le président américain menace Ryad de graves conséquences si la responsabilité de l'Arabie Saoudite dans la disparition de Jamal Khashoggi était établie.
Le président américain menace Ryad de graves conséquences si la responsabilité de l'Arabie Saoudite dans la disparition de Jamal Khashoggi était établie. (Crédits : Yuri Gripas)

Donald Trump continue de réagir à l'affaire Jamal Khashoggi. Le président des Etats-Unis a, pour la première fois, admis que le journaliste saoudien disparu était très probablement mort. "Cela me semble bien être le cas. C'est très triste [...] A moins que le miracle des miracles ne se produise, je reconnaîtrai qu'il est mort", a déclaré M. Trump, dans une brève interview accordée depuis le bureau Ovale de la Maison-Blanche au New York Times, jeudi 18 octobre. Le journaliste saoudien est porté disparu depuis qu'il s'est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre. "C'est mauvais, très mauvais", a commenté le président américain.

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Donald Trump s'est toutefois montré "inhabituellement prudent et rigoureux", rapporte le New York Time, refusant notamment de répondre aux questions portant sur le rôle éventuel joué par le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohamed ben Salman. S'il admet qu'il est encore "un peu trop tôt" pour tirer des conclusions définitives sur les commanditaires du meurtre, le président américain a tout de même réitéré sa confiance dans les informations du renseignement suggérant une implication saoudienne de haut niveau dans l'assassinat de Khashoggi. Il a menacé l'Arabie Saoudite de "très graves conséquences" si la responsabilité du royaume wahhabite dans cette affaire était engagée.

De nouvelles images accablent Ryad

Ces déclarations marquent un net changement de ton de la part du locataire de la Maison Blanche. Ces derniers jours, il avait opté pour une posture moins tranchée et avait mis en avant les énormes intérêts stratégiques liant son pays au royaume sunnite, citant la lutte contre le terrorisme, la nécessité de contrer l'influence de l'Iran chiite mais aussi les contrats d'armement et leurs retombées économiques

Selon le New York Times, la monarchie saoudienne envisagerait de faire porter le chapeau de l'affaire Khashoggi à un haut responsable des services de renseignement, le général Ahmed Assiri, qui est aussi est un conseiller de "MBS", surnom du prince héritier. La publication de nouvelles images tirées des caméras de vidéosurveillance retraçant les mouvements à Istanbul d'un officier des services de sécurité proche du prince héritier saoudien a fait encore monter d'un cran la pression sur Ryad.

L'homme en question, Maher Abdulaziz Mutreb, qui avait été identifié par les autorités turques comme l'un des membres d'une équipe de 15 agents envoyée par Ryad pour "assassiner" le journaliste, fait partie de l'entourage de "MBS", selon le New York Times. La presse turque, affirmant s'appuyer sur des enregistrements sonores réalisés sur place, avait déjà publié, mercredi 17 octobre, de nouvelles informations accablantes, selon lesquelles Jamal Khashoggi aurait été torturé et assassiné dans le consulat dès le jour de sa disparition.

Défections en série au "Davos du désert"

Les Etats-Unis ont décidé d'accorder un délai supplémentaire à l'Arabie saoudite pour expliquer la disparition de ce journaliste connu pour son franc-parler et qui s'était exilé aux Etats-Unis, en 2017, après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier Mohammed ben Salmane. "Nous devons leur donner quelques jours de plus pour mener à bien (les investigations) afin que nous ayons une bonne compréhension des faits", a affirmé, jeudi 18 octobre, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, de retour d'un déplacement à Ryad.

Toutefois, un peu plus tôt dans la journée du 18 octobre, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a annoncé qu'il ne se rendrait pas à une grande conférence économique, organisée à Ryad du 23 au 25 octobre, et boycottée par un nombre croissant de personnalités dont le ministre français de l'Economie Bruno Le MaireLa réussite de ce grand raout, appelé "Future Investment Initiative" et surnommé le "Davos du désert", a pris du plomb dans l'aile depuis la disparition de Jamal Khashoggi. Les autorités turques pensent que le journaliste, contributeur du Washington Post et critique du régime, a été tué à l'intérieur du consulat saoudien à Istambul par une équipe d'assassins venus de Ryad, dans des conditions particulièrement atroces.

Enquête de l'ONU

Le Washington Post a publié mercredi 16 octobre ce qu'il présente comme la dernière contribution de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journaliste évoque le manque de liberté de la presse dans le monde arabe. "Hélas, cette situation ne changera probablement pas", déplore le journaliste dans cette tribune transmise au quotidien par son traducteur au lendemain de sa disparition.

Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters Sans Frontières et le Comité de protection des journalistes ont appelé la Turquie à demander une enquête de l'ONU sur l'affaire Khashoggi. "L'implication des Nations unies est la meilleure garantie contre une volonté de blanchir l'Arabie saoudite ou contre les tentatives d'autres gouvernements de passer sous silence le problème afin de préserver des relations commerciales lucratives avec Riyad", a déclaré Robert Mahoney, directeur exécutif adjoint du Comité de protection des journalistes, dans un communiqué.

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 7
à écrit le 20/10/2018 à 11:00
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Affaire Khashoggi : entre Trump et les Saoudiens, les bons comptes font les bons alliés https://www.france24.com/fr/20181017-trump-arabie-saoudite-jamal-khashoggi-mbs-relation-finance

à écrit le 20/10/2018 à 0:07
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Destitution dû future Roy Mbs un mandat d ârret part l ONU ?

à écrit le 19/10/2018 à 19:09
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'Le possible décès"?.Un ou deux jours aprés l'assassinat,le monde entier savait ce qui s'était passé,par les informations fournies par la Turquie (et les réseaux sociaux),qui connait tout de l'affaire de A à Z,minute par minute.Du projet,de l'assassi...

à écrit le 19/10/2018 à 11:54
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Ce qui doit être perturbant à comprendre pour Trump, c'est que ce sont les gentils Saoudiens qui ont tué le journaliste et pas les méchants iraniens.

à écrit le 19/10/2018 à 11:13
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Titre stupide de la vidéo qui s'impose puisque Trump n'a absolument rien à voir avec cette affaire, il faut croire que certains journalistes sont tout simplement débiles. Pas étonnant que la démocratie vacille avec des ahuris pareils censés nous info...

le 19/10/2018 à 13:02
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On est ou la ? Chez les bedouins. Relisez l'histoire de ce coin la, vous savez Laurence...

le 22/10/2018 à 9:18
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Des bedoins certes mais qui auraient mieux fait de bouger depuis longtemps, tout cet amas d'argent les a totalement aliéné. J'ai l'impression de voir mon ado avec son argent de poche là... -_-

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