Ajay Banga, nouveau président de la Banque mondiale pour renouer avec les émergents

Le choix de Ajay Banga est le reflet d'une volonté de la part de la Maison-Blanche de faire un geste vers certains pays émergents, dans un contexte de montée des tensions géopolitiques.
En 2010, Ajay Banga devient directeur général de Mastercard.
En 2010, Ajay Banga devient directeur général de Mastercard. (Crédits : EDUARDO MUNOZ)

« Félicitations à Ajay Banga, élu nouveau président de la Banque mondiale. Nous comptons sur lui pour mettre en œuvre une évolution ambitieuse de la Banque mondiale, notamment en intégrant davantage la transition écologique dans ses projets », a immédiatement salué le ministre de l'Economie français Bruno Le Maire sur Twitter mercredi. La nomination d'Ajay Banga à la tête de l'institution n'est pas une surprise. L'Américain, de culture et d'origine sikh indienne, était le seul en lice.

Ce dirigeant d'entreprises de 63 ans va devoir redorer le blason de l'institution, sous le feu des critiques tant quant à sa gouvernance que concernant ses efforts en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Il va remplacer David Malpass, nommé par Donald Trump et démissionnaire un an avant la fin de son mandat en raison de ses positions climatosceptiques.

Le président américain Joe Biden a aussitôt félicité M. Banga, assurant être prêt à « soutenir ses efforts de transformation de la Banque mondiale, qui reste une des institutions les plus essentielles pour lutter contre la pauvreté dans le monde ».

Cette nomination, qui débutera le 2 juin pour une durée de cinq ans, est également symbolique, à l'heure où les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) cherchent à s'émanciper de la domination du dollar, dans le contexte de la guerre en Ukraine et des sanctions.

Aussi, face à Pékin, les Etats-Unis tentent de se rapprocher de l'autre géant asiatique pour contrer l'influence chinoise dans la région.

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Traditionnellement, la BM est chasse gardée des Etats-Unis, dont un citoyen a toujours dirigé la Banque depuis sa création, dans la foulée des accords de Bretton Woods en 1944.

Le seul candidat soutenu en Afrique

Dès sa désignation, Ajay Banga s'est lancé dans une tournée mondiale, visant à promouvoir sa candidature et à obtenir le soutien d'un maximum de pays, en particulier émergents et en développement.

Il a ainsi pu compter sur l'Inde, le Kenya ou encore l'Afrique du Sud, qui ont soutenu sa candidature.

Mais pas seulement, puisque M. Banga a aussi pu compter sur le soutien d'un certain nombre de pays francophones, notamment, comme le rappelait mi-avril à l'AFP Abdoul Salam Bello, administrateur de la BM représentant 23 pays africains.

« Quand on sait qu'on peut avoir besoin d'un financement, il est difficile de ne pas soutenir le candidat qui sera élu », confiait cependant à l'AFP un ministre africain présent à Washington durant les réunions de printemps de la BM et du Fonds monétaire international (FMI), début avril.

Dans un contexte où plus d'une soixantaine de pays pauvres et émergents est au bord ou frappé par une crise de la dette, les financements en provenance des deux institutions sont encore plus essentiels pour éviter un effondrement de leurs économies nationales.

D'autant que la hausse des taux des principales banques centrales affecte l'accès de ces pays aux financements, tout en renchérissant fortement les coûts, venant compliquer un peu plus la situation budgétaire de ces pays.

Des financements du privé

Le plus dur reste cependant désormais à faire pour Ajay Banga, qui devra répondre aux attentes sur deux dossiers brûlants et liés : la réforme des institutions financières internationales, à commencer par la BM, et une montée en puissance du financement de la lutte contre le réchauffement climatique.

Lors des réunions de printemps, les principaux contributeurs à la BM se sont entendus pour augmenter ses capacités de financement de 50 milliards de dollars sur les dix prochaines années, un effort important mais notoirement insuffisant comparé aux besoins.

Afin d'y répondre, Ajay Banga n'a pas caché sa volonté d'embarquer le secteur privé.

« Il n'y a pas assez d'argent, que ce soit dans les banques multilatérales de développement, dans les grands gouvernements du monde développé, dans la société civile, même avec les intentions les plus philanthropiques », insistait-il début mars.

Parmi les solutions préconisées, M. Banga envisageait notamment de repenser l'approche de financement par projets précis, de manière à être plus incitatif à l'égard du secteur privé. Il aura désormais la possibilité de passer de la théorie à la pratique.

Une vie et une carrière internationale

Né à Pune, dans l'Etat du Maharashtra (centre), au sein d'une famille de la minorité religieuse sikh, Ajay Banga a régulièrement déménagé durant son enfance, au gré des affectations de son père, militaire, qui terminera sa carrière avec le grade de général de corps d'armée.

Il y poursuivra également ses études, d'abord au St Stephen's College de New Delhi puis à l'Institut indien de management d'Ahmedabad, l'une des meilleures écoles de commerce d'Asie, avant d'y débuter sa carrière, au début des années 1980, dans les filiales locales de grands groupes agroalimentaires, Nestlé puis PepsiCo.

Ajay Banga passe à la finance à la fin des années 1990, en rejoignant la banque américaine Citigroup, et se retrouve chargé, entre 2005 et 2009, du développement de la stratégie de micro-financement du groupe bancaire.

En 2009, il rejoint Mastercard comme directeur des opérations avant d'en devenir le directeur général un an plus tard, puis président du conseil d'administration en 2021.

(Par Erwan LUCAS, AFP)

Commentaire 1
à écrit le 05/05/2023 à 13:35
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Bonjour, Mais le FMI , est avant tout un moyen d'oppression des usa sur les pays pauvres.... Car avant tout chose , les aides financières du FMI ne sont accordés que contre l'ouverture a la concurrence de certains monopoles d'état.... Bien sûr, le...

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