Au sixième jour de la guerre entre le Hamas et Israël, les frappes israéliennes se sont poursuivies cette nuit contre la bande de Gaza, d'où sont parties plusieurs salves de roquettes vers le sud d'Israël.
Les bombardements ont touché des dizaines d'immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, d'après le Hamas. « Le nombre de martyrs atteint environ 1.200 personnes et le nombre de blessés environ 5.600 personnes », déclarent les autorités locales.
L'armée israélienne a fait état de 1.200 morts en Israël, pour la plupart des civils. Elle a par ailleurs affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas qui s'étaient infiltrés samedi dans plusieurs localités proches de la bande de Gaza. « La dévastation ici est absolument immense », se désole Doron Spielman, porte-parole de l'armée israélienne. « Et c'est sans compter les nombreux membres du Kibboutz qui ont été pris en otage et emmenés dans Gaza », a renchéri un autre porte-parole de l'armée, Jonathan Cornicus. « Nous nous préparons pour les prochaines étapes. Nous avons frappé un grand nombre de cibles. Au cours des dernières 24 heures, il y a eu moins de roquettes » tirées vers Israël et « c'est toujours un bon signe », a-t-il noté.
Crainte d'une offensive terrestre contre l'enclave
« Tout membre du Hamas est un homme mort », a lancé mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lors d'une première allocution solennelle avec son gouvernement d'urgence, formé le même jour avec Benny Gantz, un des principaux chefs de l'opposition. « Le Hamas c'est Daech [le groupe jihadiste Etat islamique, ndlr] et nous allons l'écraser et le détruire comme le monde a détruit Daech », a-t-il ajouté après avoir qualifié l'attaque de « sauvagerie jamais vue depuis la Shoah ».
Les concentrations de troupes à la frontière font craindre une offensive terrestre contre l'enclave, dont Israël s'était retiré unilatéralement en 2005 et qui est gouvernée par le Hamas depuis 2007. Une perspective terrifiante de combats au cœur d'une ville à l'extrême densité de population, dans des souterrains et en présence d'otages. « Quand on rentre dans Gaza, on ne sait jamais dans quel état on en ressortira », affirme à l'AFP le commentateur politique Akiva Eldar.
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu ce jeudi 12 octobre en Israël pour une visite de solidarité. « Nous sommes déterminés à nous assurer qu'Israël obtienne tout ce dont il a besoin pour se défendre », a-t-il affirmé avant son départ. « Honnêtement, nous appelons tous nos partenaires à discuter avec le Hamas, le Hezbollah ou l'Iran - avec n'importe quel membre de ce trio - avec qui ils ont des liens ou relations pour qu'ils convainquent le Hamas de cesser ses attaques, de libérer les otages, pour que le Hezbollah et l'Iran ne se mêlent pas de ce conflit » a déclaré un responsable du département d'Etat sous couvert d'anonymat lors d'une escale du secrétaire d'Etat en Irlande. Le président américain Joe Biden a toutefois demandé mercredi à Israël de respecter « le droit de la guerre » dans sa riposte contre Gaza.
Tout en reconnaissant les « inquiétudes légitimes d'Israël pour sa sécurité », le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui aussi rappelé les règles internationales à Israël. Il s'est, en effet, dit « profondément bouleversé » par l'annonce des autorités israéliennes du « siège complet » de la bande de Gaza, affirmant qu'une telle mesure était « interdit » par le droit international humanitaire.
Une réaction qui fait suite à l'annonce, lundi dernier, par le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant d'« un siège complet » imposé à la bande de Gaza. Israël a ainsi suspendu les livraisons d'électricité, de nourriture et de biens vers le territoire palestinien. Le porte-parole du ministre de l'Energie, Israël Katz, a également annoncé, le même jour, avoir ordonné la « coupure immédiate de l'approvisionnement en eau (d'Israël) à Gaza ». Or, Israël fournit 10% de la consommation annuelle en eau de ce territoire palestinien. En conséquence, mercredi, la seule centrale du territoire a cessé son activité par manque de carburant.
Macron a convié ce midi à l'Elysée les dirigeants des 11 formations représentées au Parlement
Le prince saoudien Mohammed ben Salmane et le président iranien Ebrahim Raïssi, dont le pays a applaudi l'offensive du Hamas, se sont pour leur part entretenus par téléphone. Le prince héritier saoudien a déclaré au président iranien que Ryad « communique avec toutes les parties internationales et régionales pour mettre fin à l'escalade en cours », selon l'agence de presse officielle saoudienne SPA. Il a également souligné « la position ferme du royaume en faveur de la cause palestinienne ». La guerre entre Israël et le Hamas risque d'exacerber le sentiment anti-israélien en Arabie saoudite, pressée depuis des mois par Washington de conclure un accord de normalisation historique avec l'Etat hébreu.
Le Brésil, qui préside actuellement le Conseil de sécurité de l'ONU, a convoqué pour vendredi une nouvelle réunion de cet organisme. Lors d'une précédente réunion d'urgence le 9 octobre, les membres du Conseil n'étaient pas parvenus à un consensus pour condamner unanimement l'attaque du Hamas.
En France, Emmanuel Macron a convié à ce midi à l'Elysée les dirigeants des 11 formations représentées au Parlement, ainsi que les présidents du Sénat, de l'Assemblée nationale et du Conseil économique social et environnemental. L'ordre du jour est succinct : évoquer la situation « à la suite des actes terroristes commis en Israël ». Dans la foulée, il s'adressera aux Français dans une allocution télévisée à 20H00. Au moins 11 Français sont morts et 18 autres sont portés disparus, dont plusieurs enfants « probablement enlevés » par le Hamas, selon le gouvernement.
(Avec AFP)