Bouteflika c'est fini, la rue algérienne exulte

Lundi, Abdelaziz Bouteflika avait fait savoir qu'il quitterait ses fonctions avant la fin effective de son mandat le 28 avril. L'annonce avait été jugée insuffisante par les manifestants. Mardi, le chef d'état-major des forces armées, le général Ahmed Gaed Salah, avait demandé que le président Bouteflika soit sans attendre déclaré inapte à diriger le pays. Bouteflika a finalement annoncé son départ immédiat dans un court communiqué hier soir. L'intérim de la présidence de l’État sera assuré par le président de la chambre haute du parlement pendant une durée de 90 jours, jusqu'à la tenue d'élections.
Des centaines de personnes sont descendues dans les rues de la capitale Alger, mardi soir à l'annonce de la démission du président. Des jeunes gens ont fêté l'événement, agité des drapeaux algériens et circulé en convois de voiture à travers le centre-ville.
Des centaines de personnes sont descendues dans les rues de la capitale Alger, mardi soir à l'annonce de la démission du président. Des jeunes gens ont fêté l'événement, agité des drapeaux algériens et circulé en convois de voiture à travers le centre-ville. (Crédits : Reuters)

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a démissionné de ses fonctions mardi, sous la pression de la rue, après avoir passé 20 ans à la tête du pays.

Des centaines de personnes sont descendues dans les rues de la capitale Alger, mardi soir à l'annonce de la démission du président. Des jeunes gens ont fêté l'événement, agité des drapeaux algériens et circulé en convois de voiture à travers le centre-ville, là même où avaient commencé le 22 février les manifestations contre le vieux dirigeant.

Le président de la chambre haute du parlement, Abdelkader Bensalah, doit assurer désormais l'intérim de la présidence de l'État pendant une durée de 90 jours, jusqu'à la tenue d'élections.

Sur des images de la télévision publique, on pouvait voir Bouteflika remettre sa lettre de démission au président du Conseil constitutionnel, en présence notamment d'Abdelkader Bensalah.

Bouteflika a annoncé sa décision dans un court communiqué puis une lettre publiés par l'agence de presse officielle APS.

"J'ai pris cette décision afin de mettre fin aux querelles actuelles", déclare-t-il dans une lettre, son principal moyen de communication depuis cinq ans. "J'ai pris les mesures appropriées, dans l'exercice de mes prérogatives constitutionnelles, pour les besoins de la continuité de l'État et du fonctionnement normal de ses institutions durant la période de transition", ajoute-t-il.

"Une page importante de l'histoire de l'Algérie qui se tourne" (Le Drian)

Dans un communiqué diffusé par le Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, évoque "une page importante de l'histoire de l'Algérie qui se tourne".

"Nous sommes confiants dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans un esprit de calme et de responsabilité", poursuit-il.

Agé de 82 ans, de santé fragile depuis son AVC en 2013, Abdelaziz Bouteflika était à la tête du pays depuis 1999. Sous la pression de la rue, il avait renoncé en mars à briguer un cinquième mandat et avait annoncé le report sine die de l'élection présidentielle normalement prévue ce mois-ci.

Mardi l'armée avait demandé que le président soit déclaré inapte

Mardi, le chef d'état-major des forces armées, le général Ahmed Gaed Salah, avait demandé que le président Bouteflika soit sans attendre déclaré inapte à diriger le pays.

Le général Salah avait déclaré qu'il était du côté du peuple et qu'il ne fallait plus perdre de temps, après des semaines de manifestations massives.

Lundi, Abdelaziz Bouteflika avait fait savoir qu'il quitterait ses fonctions avant la fin effective de son mandat le 28 avril.

Mais l'un des meneurs des manifestations et les partis d'opposition avaient jugé cette annonce insuffisante, et mardi, des centaines d'étudiants avaient encore défilé dans la capitale pour réclamer la fin du système politique actuel, jugé incapable de réformes en profondeur.

"Les manifestations pacifiques vont continuer"

"La décision de Bouteflika (de démissionner avant la fin de son mandat) ne changera rien", a dit à Reuters mardi Moustapha Bouchachi, avocat et l'un des dirigeants des manifestations.

A ses yeux, la nomination par Bouteflika d'un nouveau gouvernement vise à perpétuer le système politique en place.

"Ce qui est important, à nos yeux, c'est que nous n'acceptons pas le (nouveau) gouvernement. Les manifestations pacifiques vont continuer", a-t-il dit.

Bouteflika, manifestation, Algérie

[Manifestation du vendredi 29 mars 2019 à Alger pour réclamer le départ du président Bouteflika. Crédit : Reuters. Cliquez sur l'image pour l'agrandir plein écran]

Commentaires 12
à écrit le 04/04/2019 à 8:42
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Attention à ne pas tomber de Charybde en Scylla. Rachid Nekkaz ne vaut probablement pas mieux que le vieux cacique du FLN, démocratiquement parlant.

à écrit le 03/04/2019 à 18:05
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Honte aux Algériens et Franco-algériens qui ont agressés une femme parce qu’elle était transgenre place de la république. Si ces gens veulent vivre en France, ils doivent respecter nos lois et coutumes. S’ils veulent vivre dans l’obscurantisme moyen-...

le 04/04/2019 à 4:27
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A Gina. "Qu'ils rentrent au bled'''" Un peu condescendent ce message, teinte de racisme.

à écrit le 03/04/2019 à 15:03
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Cessez de mélanger les gilets jaunes avec les black blocs svp.

à écrit le 03/04/2019 à 13:25
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Une chance pour le retour au pays pour en faire un pays moderne

à écrit le 03/04/2019 à 9:02
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Les oligarques du FNL vont devoir trouver un autre pantin pour continuer à piller les richesses du pays.

à écrit le 03/04/2019 à 8:55
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L'algérie fait la différence DEMOCRATIQUE : en Algérie les forces de l'ordre soutiennent et protègent le Peuple digne de l'Algérie contre la voyoucratie politique en France les forces de l'ordre cognent, éborgnent, massacrent le Peuple digne d...

le 03/04/2019 à 9:33
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En France, les soi disant manifestants cassent et détruisent, en Algérie le peuple sort dans la rue par centaines de milliers et manifeste dans la dignité.

le 03/04/2019 à 11:14
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@Différence: Je vous rejoins: on nous avait présenté l'Algérie comme vivant sous un régime autoritaire avec un pseudo_Parlement; force nous est de constater que ce n'est pas le cas et qu'il a pu s'y dérouler un printemps arabe à l'image de la révolut...

le 03/04/2019 à 13:22
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En effet l'on ne peut que s'incliner devant la remarquable adhésion et protection du Peuple par les forces de l'ordre en Algérie En France, les casseurs sont tellement bien organisés, tellement bien laissés libres de casser, que l'on a l'impressi...

le 03/04/2019 à 14:23
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@Henry La violence des manifestations des gilets jaunes en France a pour origine le faible nombre de manifestants, quelques milliers d'individus qui déembuleraient calmement dans les rues n'intéresseraient pas grand monde. Les français soutiennent s...

le 04/04/2019 à 8:45
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En Algérie, les manifestants, non seulement ne cassent rien (au moins en Algérie ils savent le prix des équipements publics) mais en plus de ça ils nettoient les lieux et remettent en état ce qui doit l'être après le passage des manifestations. Le co...

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