Coronavirus : le FMI et l'ONU tirent la sonnette d'alarme

L'épidémie de coronavirus fait trembler l'économie mondiale. Face aux risques de récession, les organisations internationales plaident pour une coopération renforcée entre les Etats. Mais à l'heure où le multilatéralisme est remis en cause, cette position apparaît comme une gageure alors que le virus continue de se propager sur tous les continents.
Grégoire Normand
(Crédits : STRINGER)

Populations confinées, usines à l'arrêt, transports en repli, places boursières en panique, marchés pétroliers au bord de l'implosion...l'économie planétaire est fortement secouée par l'épidémie de coronavirus. Face au marasme économique, les institutions internationales sonnent l'alerte. L'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) Gita Gopinath a récemment alerté, dans un post de blog, sur les risques d'une crise sanitaire sans précédent dans l'histoire économique récente. "Les coûts humains de l'épidémie de coronavirus ont augmenté de façon alarmante et la maladie est en train de se diffuser à travers plusieurs pays".

Si la propagation semble marquer le pas en Chine, c'est loin d'être le cas en Europe. Sur le Vieux continent, tous les pays sont désormais touchés par cette crise sanitaire. Malgré la multiplication du nombre de victimes, la solidarité européenne n'est pas encore à l'ordre du jour. L'Italie, qui a pris des mesures draconiennes pour limiter la diffusion du virus, se trouve isolée sur la scène européenne alors que son économie est en grande partie paralysée.

Des réponses adaptées en fonction des scénarios

À Genève, l'inquiétude monte au sein des bureaux des Nations Unies. "La crise du coronavirus est avant tout une menace pour la santé publique, mais c'est aussi une menace grandissante sur l'économie. Le choc du Covid-19 déclenchera une récession dans quelques pays et un ralentissement de l'économie mondiale en deça de 2,5%, souvent considéré comme le seuil de la récession pour l'activité planétaire", selon les économistes de l'organisation internationale.

Face aux incertitudes sur la durée et l'ampleur de cette crise sanitaire, les experts ont imaginé plusieurs scénarios. Si l'épidémie a une durée de vie assez courte, "des mesures de politiques monétaires accommodantes et des stabilisateurs fiscaux automatiques devraient suffire" pour avoir une reprise en V (chute brutale de l'activité et rebond rapide) similaire au choc du Sras en 2003. Dans le contexte d'une crise plus sévère, l'organisation basée en Suisse recommande des remèdes plus marqués.

"Une réponse efficace aux conséquences économiques du COVID-19 va exiger non seulement des mesures macroéconomiques ciblées, mais aussi des séries de remèdes politiques et de réformes institutionnelles nécessaires pour construire une trajectoire de croissance plus robuste, soutenable et compatible avec l'environnement".

En clair, ils plaident pour revoir le modèle de croissance actuellement très énergivore et peu enclin à répondre à l'urgence climatique.

Le FMI encourage à une hausse des dépenses en faveur de la santé

Les chiffres quotidiens de l'organisation mondiale de la santé (OMS) indiquent que le nombre de morts et de personnes infectées dans le monde ne cessent de gonfler. Depuis l'apparition de ce virus en décembre dernier, 113.255 cas d'infection ont été recensés dans 101 pays et territoires, causant la mort de 3.964 personnes, selon un bilan établi par l'Agence France Presse (AFP) lundi 9 mars.

Pour le Fonds monétaire international, "la première priorité est clairement de garder les gens en bonne santé et en sécurité autant que possible. Les pays peuvent aider en dépensant plus dans le but de renforcer leur système de santé, incluant l'équipement de protection pour le personnel, les tests pour le diagnostic et des lits supplémentaires pour les hôpitaux". En outre, l'institution basée à Washington veut privilégier une coopération internationale renforcée et plus étroite entre les Etats.

"Compte tenu d'une propagation de l'épidémie dans plusieurs pays, d'un renforcement des liens économiques au-delà des frontières, ainsi que les forts effets de la perte de confiance se répercutant sur l'activité économique, les marchés financiers et les marchés de biens, l'argument pour une réponse internationale coordonnée est clair".

Au moment où la coopération mondiale est mise en cause par les Etats-Unis et d'autres grandes puissances, une réponse internationale à la hauteur de la crise se fait attendre malgré l'urgence.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 11/03/2020 à 8:53
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Fort de la lecture du Quotidien du médecin (06/03) "La COVID 19 est un réel danger" je pense que cette épidémie n'est pas anecdotique.

à écrit le 11/03/2020 à 8:52
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Alors qu'il suffirait juste d'interdire les paradis fiscaux, au pire on leur laisse tout leurs dizaine de milliers de milliards mais à partir de maintenant on arrête l'évasion fiscale massive et on leur impose d'investir. Mais vu que l’État leur ...

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