Présidentielle américaine : les modalités de vote dans chaque Etat, la clé de l'élection ?

[ USA 2016 ] Chaque Etat a ses propres modalités de vote et autorise un nombre différent de candidats. Ce pourrait être un élément central de l'élection.
Voter aux Etats-Unis est complexe.

Alors que les deux candidats à la présidence des Etats-Unis, Hillary Clinton et Donald Trump, sont à la fois très proches dans les intentions de vote et très impopulaires, la dispersion des voix ou l'abstention peut jouer un rôle majeur dans le résultat des élections en faisant basculer la majorité relative dans un Etat-clé. Les règles électorales, propres à chaque Etat, seront décisives. Et elles sont à la fois très diverses et très neuves.

La carte d'identité de la discorde

Le premier élément concerne les documents nécessaires pour voter. Jusqu'en 2004, aucun document particulier n'était réellement requis, il suffisait d'être inscrit sur les listes électorales et de décliner son identité. Mais en 2008, deux Etats, la Géorgie et l'Indiana, ont introduit la nécessité de présenter un document d'identité avec photo, afin d'éviter les fraudes électorales. En 2016, 34 Etats réclament pour voter un document d'identité et 10 refusent l'accès aux urnes à ceux qui n'en disposent pas. Dans sept Etats, ce document doit comporter une photo. Or, beaucoup estiment que cette demande d'un document d'identité est discriminant. Les plus pauvres, qui ne peuvent pas payer les droits liés à l'établissement de ces documents dont ils n'ont souvent besoin que pour voter. Un certificat de naissance coûte entre 8 et 25 dollars, par exemple. Autre élément : l'éloignement des bureaux de l'administration du domicile de ces plus pauvres qui, souvent, ne disposent pas de véhicules. Au final, selon une étude, dans ces dix Etats, plusieurs millions de personnes pourraient ne pas avoir accès aux bureaux de vote, en particulier dans les minorités noire américaine et hispanique. Or, ces dix Etats fourniront 127 des 270 grands électeurs nécessaires à l'élection. A priori, néanmoins, l'Ohio est le seul « Swing State » (Etat-clé), où le résultat s'annonce serré, qui est concerné par cet élément.

Choix fermé ou choix libre ?

L'autre disposition concerne la possibilité de choisir un candidat alternatif. Il faut ici distinguer entre les candidats déclarés qui seront sur les bulletins de vote et ceux qui pourront être choisis librement par les électeurs qui, dans certains Etats, peuvent écrire sur le bulletin, un nom de leur choix (« write-in candidate »). Cette disposition peut être utilisée soit comme une forme de bulletin blanc en notant un nom inconnu, soit comme un moyen de choisir un candidat qui n'est pas officiellement enregistré dans l'Etat. Les règles sont ici très différentes.

Huit Etats refusent ce système du « write-in » et n'autorise que des votes en faveur des candidats enregistrés. Pour l'enregistrement, les règles sont très diverses. En Oklahoma, il faut être le représentant d'un parti ayant obtenu 3 % des votes en 2012 ou disposer de 40.000 parrainages de citoyens. Aussi n'y aura-t-il que trois possibilités pour les électeurs de cet Etat : Hillary Clinton, Donald Trump et le libertarien Gary Johnson. A l'inverse, la Louisiane interdit le « write-in », mais il y aura 13 candidats dans l'Etat.

Voter pour le Père Noël ?

Parallèlement, 10 Etats et le District de Columbia laisse la liberté totale aux électeurs d'inscrire le nom de leur candidat préféré sur le bulletin de vote. Parmi ces Etats, on trouve la Pennsylvanie, un des Etats-clé de l'élection. Le Washington Post raconte ainsi qu'en 2012, un homme ayant légalement changé son nom en « Santa Claus » (« Père Noël ») obtint dans le Maryland 625 voix, le plus de tous les candidats écrits de l'Etat... Dans les 32 Etats restants, cependant, les candidats « écrits » par les électeurs doivent être enregistrés préalablement, même si son nom ne figure pas sur le bulletin de vote. En Californie, le candidat n'a même pas besoin d'être d'accord. C'est ainsi que l'on peut voter dans cet Etat pour Bernie Sanders, l'adversaire malheureux de Hillary Clinton à la primaire démocrate qui a appelé à voter pour la candidate du parti. Le nombre de candidat « write-in » peut cependant changer considérablement : d'un seul en Caroline du Nord (un Etat-clé) où il faut obtenir des parrainages à 59 dans l'Etat de Washington... Le nombre de vote pour ces candidats « écrits » reste faible, mais est en forte hausse. Ils représentaient 136.000 voix en 2012, soit 0,11 % du total, ce qui est cinq fois plus qu'en 1984. Dans certains Etats, ils peuvent frôler les 1 % et donc avoir une certaine incidence sur le résultat final.

Gary Johnson autour de 5 % ?

Le principal danger pour les deux candidats principaux reste cependant les candidats enregistrés et qui figurent sur les bulletins de vote. Outre Hillary Clinton et Donald Trump, le libertarien Gary Johnson sera le seul à figurer sur les bulletins dans les 50 Etats et dans le District de Columbia. Les votes en faveur de ce dernier, qui pourraient manquer particulièrement à Donald Trump, sont estimés par les sondages à 4 ou 5 % des intentions de vote au niveau fédéral. Ces intentions de vote ont reculé à mesure que la faveur entourant le candidat républicain a progressé, mais la tentation sera présente dans tous les Etats pour les candidats conservateurs.

Jill Stein présente dans 44 Etats

Les autres candidats déclarés ne seront pas présents dans tous les Etats. Jill Stein, candidate écologiste qui a pu tenter une partie des électeurs de Bernie Sanders à la primaire démocrate et est donnée à 2 ou 3 % des intentions de vote au niveau national, ne sera ainsi présentes sur les bulletins de vote que dans 44 Etats et dans la capitale fédérale. On pourra inscrire son nom à la main dans trois Etats (Indiana, Caroline du Nord et Géorgie) et il ne sera pas possible de voter pour elle dans l'Oklahoma, le Nevada et le Dakota du Sud. Les votes en sa faveur manqueront certainement à Hillary Clinton, son absence est donc favorable à la candidate démocrate. Mais cela ne devrait jouer que dans le Nevada, Etat qui penche de peu en faveur de l'ancienne secrétaire d'Etat, et qui fournit 6 grands électeurs et éventuellement dans la très disputée Caroline du Nord (15 grands électeurs) où la candidature de Jill Stein ne sera pas proposée directement aux électeurs.

22 candidats dans le Colorado

Les autres candidats déclarés seront présents sur les bulletins de vote de façon plus anecdotique. Le républicain dissident Evan McMullin, un Mormon qui devrait faire un score important dans l'Utah, est déclaré dans 11 Etats tout en étant une option en « write-in » dans 32 Etats supplémentaires. Darrell Castle, du parti de la Constitution, autre parti très conservateur, sera présent sur les bulletins de vote dans 25 Etats et en « write-in » dans 22 Etats supplémentaires. Enfin, Roque de la Fuente, dissident démocrate du parti de la Réforme, sera présent dans 11 Etats directement et dans 32 autres indirectement. Certains Etats auront beaucoup de noms sur leurs bulletins : 22 dans le Colorado, 13 en Louisiane, 10 en Indiana et en Utah.

Quel impact ?

Ces candidatures en dehors des grands partis sont chose courante outre-Atlantique. Elles font parfois de très bons scores. On se souvient de Ross Perrot qui avait obtenu 19 % des voix en 1992 et 8 % en 1996 et qui avait dans les deux cas permis les élections de Bill Clinton ou, plus loin de nous, celle du démocrate ségrégationniste George Wallace en 1968 qui avec 13,5 % des voix avait donné la victoire à Richard Nixon. On n'en est pas là, cette année. Ni Garry Johnson, ni Jill Stein n'ont émergé réellement. Mais les votes semblent beaucoup plus dispersés, cette année qu'il y a quatre ans. En 2012, les deux candidats, démocrate et républicain, avaient cumulé 98,3 % des suffrages exprimés. Selon les sondages, les deux candidats actuels ne devraient pas dépasser 91 % des voix. Compte tenu du mode de scrutin par Etat, l'impact des « petites candidatures », qui sont majoritairement conservatrices, pourrait être déterminant sur le résultat final.

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Retrouvez notre DOSSIER PRESIDENTIELLE AMERICAINE 2016 et toute l'actualité des candidats Trump et Clinton sur notre site LATRIBUNE.FR)

Commentaires 3
à écrit le 08/11/2016 à 23:50
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Toutes les mesures d’un perdant sont-elles condamnées, lle statut de dernier eopposant, peut-il être bénéficiaire ? Pourquoi ne pas postuler à la dignité d’Auguste Impérator puis d’eDuc d’emonnaie, puis d’eComte comme client-actionnaire, si liberté d...

à écrit le 08/11/2016 à 15:00
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"petits candidats" Sans commentaire.

le 09/11/2016 à 10:07
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Bien vu !

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