Etats-Unis : sérieux coup de frein de la croissance qui tombe à 1,1% au premier trimestre

La croissance du PIB américain a chuté à 1,1% durant les trois premiers mois de l'année, contre 2,6% le trimestre précédent. De quoi renforcer la crainte d'une récession à venir. D'autant que la Réserve fédérale américaine pourrait bien procéder à une nouvelle hausse de taux pour tenter d'endiguer une inflation qui, à 5%, pèse toujours sur le pouvoir d'achat des ménages américains.
Le siège du Nasdaq à New York.
Le siège du Nasdaq à New York. (Crédits : Reuters)

Brusque ralentissement de l'économie américaine. La croissance du PIB des États-Unis est tombée à 1,1% au premier trimestre 2023, d'après les chiffres du département du commerce publiés ce jeudi. Ils attestent d'un net freinage de l'économie américaine en comparaison avec le trimestre précédent, qui avait atteint une croissance de 2,6%, selon les données définitives de Washington.

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La croissance du premier trimestre s'inscrit également très en deçà des attentes des analystes, qui anticipaient une croissance deux fois plus importante de 2% sur le trimestre, d'après le consensus publié par briefing.com. Les Bourses mondiales évoluaient toutefois globalement dans le vert ce jeudi, journée marquée par un festival de résultats.

Crainte d'une récession à venir

Malgré ces mauvais résultats, les Etats-Unis n'entrent pas techniquement en récession. Toutefois, le scénario d'un coup de froid sur la croissance américaine cette année, évoqué par de nombreux économistes dans un contexte inflationniste défavorable, semble déjà se dessiner. Alors que le FMI table sur une croissance américaine de 1,6% en 2023 après 2,1% en 2022, une étude publiée fin mars par la fédération américaine des économistes révèle que 53% d'entre eux « s'attendent à une récession à un moment donné en 2023 », expose Julia CoronadoPrès d'un quart de ce panel table sur une récession au troisième trimestre de cette année, 5% pensent que la récession est déjà en cours, 16% la voient arriver au deuxième trimestre, et 13% au quatrième trimestre. Et près d'un quart s'attend à ce que cela ne se produise pas avant le second semestre de 2024.

« Nos données nous laissent à penser que le resserrement monétaire et les récentes tensions dans le système bancaire vont entraîner une légère récession, plus forte cependant que ce que nous avions anticipé jusqu'à présent », abonde le chef économiste d'Oxford Economics, Ryan Sweet, interrogé par l'AFP.

Car la plupart des analystes s'attendent à une fin d'année plus difficile pour les États-Unis, avec une croissance qui devrait être faible, voire négative, sur les prochains trimestres, notamment du fait du durcissement des conditions de financement.

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Une inflation toujours au-dessus de 2%

Le coup de frein de la croissance du PIB s'explique, en effet, en partie par le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine qui, depuis un an, a relevé ses taux directeurs à plusieurs reprises. Au jour le jour, ils sont désormais compris entre 4,75 et 5%, au plus haut depuis 2007, et devraient continuer à être relevés tant que l'objectif des 2% d'inflation n'est pas atteint. Les marchés anticipent d'ailleurs une nouvelle hausse d'un quart de point, d'après l'évaluation de CME Group, à l'issue de sa prochaine réunion les 2 et 3 mai. La publication vendredi de l'indice PCE de l'inflation, qui est celui suivi par la Fed, devrait donner une indication sur la direction que devrait prendre la décision de la banque centrale.

Car c'est bien l'objectif de la Fed : ramener l'inflation sous le seuil des 2%. Or, la hausse des prix à la consommation reste, aux Etats-Unis, supérieure à ce seuil bien qu'elle ait considérablement ralenti au point d'atteindre en mars 5% sur un an, soit son niveau le plus faible depuis presque deux ans, selon l'indice CPI. D'autant que le risque plane d'une inflation « généralisée dans l'économie ». C'est ce sur quoi a alerté le 21 avril dernier une des gouverneurs de la Fed, Lisa Cook, qui a souligné que si les différentes mesures de l'inflation « étaient revenues de leurs sommets, elles restaient élevées, ce qui suggérait que l'inflation s'était généralisée dans l'économie ».

« La grande question est de savoir si, et à quelle vitesse, l'inflation poursuivra sa trajectoire à la baisse vers notre objectif de 2% », avait-elle ajouté.

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Hausse des dépenses, ralentissement des investissements et baisse de la consommation

Contrepartie de la lutte contre l'inflation, le resserrement de la politique monétaire a également pour conséquence de renchérir le coût d'emprunt pour les Américains. Il a, en effet, régulièrement progressé durant l'année, suivant le rythme de l'augmentation du principal taux directeur de la Fed.

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En outre, « la croissance du PIB reflète une hausse des dépenses de consommation, des dépenses publiques et des exportations qui viennent compenser la baisse des investissements privés et immobiliers », selon le ministère, qui souligne également que la croissance subit l'effet d'une hausse des importations. Le déficit commercial s'est, en effet, creusé, sur les deux premiers mois de l'année du fait d'une accélération des importations, notamment en matières premières et produits pharmaceutiques. Les données du mois de mars seront publiées en fin de semaine prochaine.

D'autre part, si la consommation des ménages s'est maintenue sur les trois premiers mois de l'année, elle a ralenti au fil des mois, reculant même en mars de 1%, alors que la confiance des consommateurs est, elle aussi, en baisse. Et pour cause, même si l'inflation a ralenti pèse toujours sur le pouvoir d'achat des ménages. Autant de facteurs qui pèsent, eux aussi, sur la croissance du pays avec comme perspective, une possible récession.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 27/04/2023 à 20:25
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Manifestement la normalisation par la légalisation du trafic de drogue (cf. commerce de cannabis) n'apporte aucune contribution à l'économie américaine car les cartels sud américains ne consentiront jamais à payer des impôts à l'oncle Sam. Pire...

à écrit le 27/04/2023 à 18:01
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Pourquoi "craindre" la récession ? Une récession, c'est moins de pollution, c'est parfait pour lutter contre le réchauffement climatique, non ? Au fait, vous voulez toujours lutter contre le réchauffement climatique ? Ou pas ?

le 27/04/2023 à 20:10
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On vous expliquera plus tard pourquoi craindre une récession....

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