Face aux pressions de la Chine, Taïwan appelle à « respecter les résultats » de l'élection présidentielle

Le ministère des Affaires étrangères chinois a proclamé que « Taïwan fait partie de la Chine », en réaction à l'élection présidentielle de samedi qui a consacré le vice-président sortant Lai Ching-te, défenseur de l'indépendance. Face aux pressions, Taïwan a appelé la Chine à « respecter les résultats de l'élection » présidentielle et à « renoncer à réprimer Taïwan ».
(Crédits : Reuters)

La situation se tend entre la Chine et Taïwan. Au lendemain de l'élection présidentielle qui a consacré le défenseur de l'indépendance de l'île Lai Ching-te, les autorités ont demandé à leur turbulent voisin de « renoncer à réprimer Taïwan ». « Le ministère des Affaires étrangères appelle les autorités de Pékin à respecter les résultats de l'élection, à faire face à la réalité et à renoncer à réprimer Taïwan », selon un communiqué du ministère taïwanais.

Lire aussiTaïwan : douche froide pour Pékin, le Parti démocrate remporte l'élection présidentielle

« Taïwan fait partie de la Chine » d'après le ministère chinois des Affaires étrangères

Affirmant avoir reçu les félicitations de « plus de 50 pays dont 12 alliés diplomatiques », le ministère a dénoncé les « commentaires absurdes et erronés » des autorités chinoises. Car plus tôt dimanche, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères avait réaffirmé sur le réseau social X (ex Twitter) que, malgré le vote, « Taïwan fait partie de la Chine ».

Dans la journée, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a déclaré que l'élection à Taïwan ne changera jamais le fait que l'île fait partie de la « Chine unique ». Taïwan n'a « jamais été un pays et ne le sera jamais », a-t-il réagi. Avant de prévenir : les initiatives en faveur de l'indépendance de Taïwan seront « sévèrement punies ».

Dès samedi soir, le pays communiste, qui considère Taïwan comme l'une de ses provinces à réunifier par la force si nécessaire, avait assuré que ce vote « n'entravera(it) pas la tendance inévitable d'une réunification avec la Chine ». Et il avait promis de « s'oppos(er) fermement aux activités séparatistes visant à l'indépendance de Taïwan ainsi qu'à l'ingérence étrangère ».

Lire aussiPrésidentielle à Taïwan : moment de vérité pour la Chine

Pression diplomatique et militaire de la Chine

Au terme d'une campagne marquée par une forte pression diplomatique et militaire de la Chine, le vice-président sortant Lai Ching-te, 64 ans, a remporté l'élection présidentielle à un tour avec 40,1% des voix. Il prendra ses fonctions le 20 mai, aux côtés de sa vice-présidente, Hsiao Bi-khim, ancienne représentante de Taipei à Washington.

Issu du Parti démocrate progressiste (DPP) comme la présidente sortante Tsai Ing-wen - qui ne pouvait se représenter après deux mandats -, Lai Ching-te a promis de « protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine ».

Celui qui, par le passé, s'était défini comme « un artisan pragmatique de l'indépendance de Taïwan », a depuis adouci son discours: désormais, comme Tsai Ing-wen, il adopte une position plus nuancée, affirmant qu'un processus d'indépendance n'est pas nécessaire car l'île est indépendante de facto, avec son propre gouvernement et ses élections.

Mais il reste perçu par Pékin comme un promoteur d'« activités séparatistes liées à l'indépendance » et « un grave danger » pour les relations entre la Chine et Taïwan. La Chine avait donc appelé les Taïwanais à faire « le bon choix », mais ceux-ci ont préféré Lai Ching-te à son principal opposant Hou Yu-ih, du Kuomintang, qui prônait un rapprochement avec Pékin.

Lire aussiElections : « Pour les Taïwanais, la situation de Hong Kong est un repoussoir absolu » (Jacques Gravereau, HEC Eurasia)

Taïwan, sujet majeur de tensions entre les Etats-Unis et la Chine

« Nous disons à la communauté internationale qu'entre la démocratie et l'autoritarisme, nous serons du côté de la démocratie », a lancé le président élu face à ses partisans, promettant toutefois de « poursuivre les échanges et la coopération avec la Chine », premier partenaire commercial de l'île.

Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. Un conflit dans ce détroit serait désastreux pour l'économie mondiale: l'île fournit 70% des semi-conducteurs de la planète et plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde y transitent.

Dès dimanche, une délégation informelle composée de l'ancien conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley, de l'ex-secrétaire d'Etat adjoint James Steinberg et de la présidente de l'Institut américain à Taïwan Laura Rosenberger, arrivera à Taïwan. Cette délégation rencontrera lundi « une série de personnalités politiques de premier plan et transmettra les félicitations du peuple américain à Taïwan pour le succès des élections », selon le communiqué de l'Institut.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a félicité Lai Ching-te ainsi que les Taïwanais pour leur « solide système démocratique ».

Mais « nous ne soutenons pas l'indépendance », a assuré de son côté le président Joe Biden. Les Etats-Unis ne reconnaissent pas Taïwan comme un Etat et considèrent la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime, mais apportent néanmoins à l'île une aide militaire importante.

Lire aussiLes États-Unis et la Chine s'écharpent toujours au sujet de Taïwan

« Faire monter la pression »

Le territoire de 23 millions d'habitants situé à 180 kilomètres des côtes chinoises est salué comme un modèle de démocratie en Asie. « La troisième victoire présidentielle consécutive du parti au pouvoir, sans précédent, décevra la Chine », a commenté Bonnie Glaser, spécialiste de la Chine au German Marshall Fund à Washington, mais sans entraîner de « changement à court terme de la stratégie de réunification de Pékin ».

L'analyste juge également « improbable (...) que le président chinois Xi Jinping reprenne les contacts officiels avec le gouvernement taïwanais, qui ont été suspendus il y a huit ans », après l'élection de Tsai Ing-Wen.

Pour Alexander Huang, expert militaire de l'université Tamkang à Taipei, une réaction militaire de la Chine au scrutin « ne sera sans doute pas immédiate ». Mais « Pékin va faire monter la pression sur Taïwan d'autres manières: après tout, Lai Ching-te, ce n'est pas comme Tsai Ing-wen », dit-il, estimant que le président élu est perçu par Pékin comme plus radical que sa prédécesseure.

Commentaires 6
à écrit le 16/01/2024 à 6:52
Signaler
Bonjour, a la démocratie, une longue histoire... D'ailleurs nous s'avons tres bien comment sa fonctionne en france... Ons interdit certains partis... On manipule les opinions... l'ons créer des partis au même discours... L'ons imposes des unio...

à écrit le 15/01/2024 à 10:01
Signaler
Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 14/01/2024 à 19:39
Signaler
Azerbaïdjan : "ne reconnaît pas l’indépendance de Taïwan et condamne la tenue d’élections"

à écrit le 14/01/2024 à 10:30
Signaler
Taïwan = Ukraine. Si on laisse faire, la Chine et la Russie pousseront toujours plus loin. Les Européens devraient vraiment serrer les rangs pour contenir la Russie. Aux US et aux pays de la region "Pacifique" de s'unir pour contenir la Chine. Pas ...

le 15/01/2024 à 9:28
Signaler
Préserver "Notre" mode de vie ?? Qu'est il devenue ?

le 15/01/2024 à 15:37
Signaler
Réponse de @Valbel89 " Préserver "Notre" mode de vie ?? Qu'est il devenue ? " Il parlait pas du notre mais du sien.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.