Présidentielles à Taïwan  : à la veille du scrutin, la Chine met de nouveau en garde les habitants de l'île

Des dizaines de milliers de Taïwanais assistaient vendredi soir aux derniers meetings de campagne, à la veille d'un scrutin présidentiel sous la pression croissante de Pékin, qui revendique la souveraineté de l'île. L'armée chinoise s'est engagée à « écraser » tout effort en faveur de l'indépendance de Taïwan, qui, pour Pékin, fait partie de son territoire.
Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. (Crédits : Reuters)

Taïwan se réveillera dimanche avec un nouveau président. Trois hommes se disputent le poste, dans cette élection à un tour qui se déroule samedi : le vice-président sortant Lai Ching-te du Parti démocratique progressiste (DPP), Hou Yu-ih du Kuomintang (KMT) et Ko Wen-je du petit Parti populaire de Taïwan (TPP).

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Si le KMT, principal parti d'opposition, prône un rapprochement avec la Chine, le DPP clame, lui, que Taïwan est déjà un Etat indépendant de facto. « La Chine dit que l'élection est un choix entre la guerre et la paix », confiait à l'AFP un étudiant de 24 ans au meeting du DPP. Mais « c'est une fausse proposition, car qu'il y ait une guerre ou non, ça ne dépend pas de nous », ajoutait-il, ne donnant que son nom de famille, Chen. « Nous voulons la paix, pas la guerre », clamaient aussi les pancartes colorées brandies par des supporters au meeting du KMT, non loin de là.

La Chine a appelé les électeurs à faire le bon choix

Mardi, Lai Ching-te a promis de garder la porte ouverte à un dialogue avec la Chine, mais a mis en garde : « Accepter le principe chinois « d''une seule Chine », ce n'est pas la vraie paix. La paix sans la souveraineté, c'est juste comme Hong Kong. C'est une fausse paix ». « Nous devons exprimer à la Chine notre souhait de communiquer », a estimé jeudi Ko Wen-je, du TPP. Mais « nous voulons préserver notre démocratie, notre liberté et notre mode de vie ». Une crainte d'un conflit attisée par l'armée chinoise qui s'est engagée ce vendredi à « écraser » tout effort en faveur de l'indépendance de Taïwan, qui, pour Pékin, fait partie de son territoire. « Tout le monde veut éviter la guerre, d'une façon ou d'une autre. Tous les candidats, les partis politiques, l'opinion publique veulent la poursuite du statu quo auquel ils se sont habitués depuis quelques années. Nombre de Taïwanais connaissent bien la Chine, car ils y ont des entreprises, y font des affaires ou du tourisme », rappelait dans un entretien accordé ce vendredi à La Tribune Jacques Gravereau, fondateur de l'Institut HEC Eurasia.

Les Etats-Unis ont mis en garde la Chine contre toute réaction au résultat sous forme de « plus de pression militaire ou des actions coercitives ». Pékin leur a rétorqué de ne « pas se mêler des élections (...) afin d'éviter de nuire gravement aux relations sino-américaines ».

« L'Armée populaire de libération de Chine maintient une vigilance élevée à tout moment et prendra toutes les mesures nécessaires pour écraser fermement les tentatives d''indépendance de Taïwan sous toutes leurs formes », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Zhang Xiaogang, dans un communiqué.

Washington contre Pékin

Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, premier soutien militaire du territoire, et Washington a prévu d'envoyer une « délégation informelle » sur l'île après le vote. Les Etats-Unis « estiment qu'il revient aux électeurs de Taïwan de décider de leur prochain dirigeant librement et sans ingérence extérieure », a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Vedant Patel.

La tentative de la Chine de discréditer le vote s'est également traduite par une vague de désinformation visant essentiellement les candidats se prononçant pour l'indépendance de l'île avant le scrutin. Un hashtag chinois se moquant de Lai Ching-te a été vu plus de 8,5 millions de fois sur TikTok, et les réactions désobligeantes et autres théories du complot pullulaient en réponse aux messages et aux vidéos contre le DPP. De nombreuses vidéos TikTok ont été créées sur Douyin, la version chinoise de l'application vidéo, a révélé une enquête Fact Check de l'AFP.

 (Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 12/01/2024 à 21:47
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