Guerre en Ukraine : Zelensky presse les républicains de voter l'aide financière à Kiev

L'aide financière de 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Taïwan et Israël - dont 60 milliards destinés à Kiev - promise par les États-Unis depuis des mois, est toujours bloquée au Congrès en raison d'un veto d'élus républicains trumpistes. Lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision conservatrice Fox News, le président ukrainien s'est montré pressant.
« Est-ce que l'Ukraine va survivre sans le soutien du Congrès ? Bien sûr. Mais pas nous tous », a déclaré le président ukrainien.
« Est-ce que l'Ukraine va survivre sans le soutien du Congrès ? Bien sûr. Mais pas nous tous », a déclaré le président ukrainien. (Crédits : POOL)

Volodymyr Zelensky a exhorté le Congrès américain à approuver une aide militaire supplémentaire à son pays, lors d'une interview diffusée jeudi sur Fox News, la chaîne préférée des conservateurs. Pour rappel, une aide de 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Taïwan et Israël - dont 60 milliards destinés à Kiev - promise par les États-Unis depuis des mois, est toujours bloquée au Congrès en raison d'un veto d'élus républicains trumpistes. Le Sénat a validé cette nouvelle enveloppe, mais son adoption finale dépend des partisans de l'ancien président républicain, Donald Trump, à la Chambre des représentants, qui refusent en l'état d'examiner le texte.

« Est-ce que l'Ukraine va survivre sans le soutien du Congrès ? Bien sûr. Mais pas nous tous », a déclaré le président ukrainien, en référence aux pertes civiles depuis l'invasion russe il y a presque deux ans jour pour jour.

Selon le dirigeant ukrainien, le prix à payer pour aider Kiev aujourd'hui est bien inférieur au coût potentiel d'une confrontation avec le président russe Vladimir Poutine plus tard, s'il gagnait sa guerre contre l'Ukraine.

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Principal soutien de Kiev, les Etats-Unis ont, jusqu'à présent, fourni des dizaines de milliards de dollars d'aide militaire. Les fonds américains se sont toutefois taris et l'armée ukrainienne a commencé à manquer de munitions.

Les Ukrainiens « vont se trouver dans une position moins solide s'ils ne reçoivent pas les munitions, les systèmes de défense anti-aérienne et les autres équipements dont ils ont besoin », avait ainsi plaidé le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, le 14 février dernier.

Le FMI débourse 880 millions de dollars

« Nous voyons déjà l'impact du fait que les États-Unis n'aient pas été capables de prendre une décision », avait appuyé le lendemain le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, interrogé sur le manque de munitions des forces ukrainiennes, à son arrivée au siège de l'Alliance à Bruxelles pour une réunion des ministres de la Défense.

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L'appel de Volodymyr Zelensky intervient alors que, jeudi, le FMI a annoncé son intention de débourser 880 millions de dollars pour l'Ukraine. Cette enveloppe concrétise la troisième tranche d'un plan d'aide de 15,6 milliards de dollars, adopté en mars 2023. L'aide doit encore être approuvée par le conseil d'administration du Fonds monétaire international.

« Les résultats du programme (d'aide) ont été solides malgré les difficultés de la guerre », a salué dans un communiqué Gavin Gray, responsable de l'équipe du FMI qui a tenu des discussions à Varsovie avec des responsables ukrainiens, du 17 au 22 février 2024.

L'équipe a réalisé une évaluation des objectifs qui avaient été fixés il y a un an, lors de l'adoption de cette aide accordée dans le cadre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) et qui s'étale sur quatre années.

« Les autorités ont satisfait à tous les critères de réalisation quantitatifs sauf un (un léger manque à gagner en matière de recettes fiscales en raison des blocus aux frontières) et aux quatre critères structurels prévus pour l'examen », a précisé le responsable au FMI.

« La croissance devrait ralentir en 2024 »

L'équipe du FMI a évalué à 486 milliards de dollars les besoins de reconstruction du pays. « Les autorités ont habilement maintenu la stabilité macroéconomique et financière, ce qui, associé à un financement extérieur important, a permis une reprise économique plus forte que prévu en 2023 : la croissance est estimée à 5% [dans un contexte de] baisse de l'inflation et de réserves solides », indique le FMI.

« Cependant, la guerre et les retards dans le financement extérieur pèsent sur la confiance, et la croissance devrait ralentir en 2024 pour se situer entre 3 et 4% ».

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Selon le responsable de l'équipe du FMI, « les efforts devraient se concentrer sur la garantie de recettes adéquates, la priorisation des dépenses et l'exploitation des liquidités du marché intérieur » « Les autorités sont prêtes à réagir rapidement aux chocs et ont déjà pris des mesures pour remédier aux tensions de liquidité apparues au début de l'année en raison de retards dans le financement extérieur », a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs souligné que « le décaissement en temps opportun du soutien extérieur engagé, prévu à 38 milliards de dollars en 2024, est essentiel au financement budgétaire et au maintien de la stabilité macroéconomique ».

De nouvelles sanctions américaines contre la Russie

Les Etats-Unis annonceront vendredi de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie, visant plus de 500 entités liées « à ses soutiens et à sa machine de guerre », a indiqué jeudi à l'AFP une porte-parole du département américain du Trésor. « Il s'agira de la tranche la plus importante depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par Poutine », il y a tout juste deux ans, le 24 février 2022, a-t-elle précisé.

Ces sanctions seront prises à la fois par le département du Trésor et par le département d'Etat, a souligné cette porte-parole. L'arrivée vendredi de nouvelles sanctions, « majeures », contre la Russie, avait déjà été annoncée par la Maison Blanche plus tôt dans la journée.

Elles viennent également en réponse au décès de l'opposant russe Alexeï Navalny, dont Joe Biden a rencontré la veuve et la fille jeudi à San Francisco. Le président américain a accusé le président russe Vladimir Poutine d'être « responsable » de sa mort, annoncée le 16 février.

Américains et Européens ont déjà, depuis le déclenchement de la guerre, pris de nombreuses sanctions contre la Russie, bloquant les avoirs aux Etats-Unis des personnes et entités visées et leur empêchant tout commerce au sein des pays alliés. Les avoirs de la Banque centrale russe y sont également gelés. Les pays d'une coalition regroupant le G7, l'Union européenne (UE) et l'Australie ont par ailleurs mis en place un système de plafonnement des prix du pétrole russe.

Cela a eu pour effet de réduire d'un tiers les revenus que la Russie a tirés en 2023 de l'exportation de pétrole et produits pétroliers, par rapport à 2022, selon les pays de la coalition. Les sanctions et annonces se sont multipliées ces derniers jours, à l'approche du deuxième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine.

Les pays de l'UE se sont ainsi mis d'accord mercredi sur un 13e paquet de sanctions, tandis que le Royaume-Uni a dévoilé jeudi des mesures contre plus de 50 personnalités et entreprises, annonçant par ailleurs de nouvelles livraisons de missiles aux Ukrainiens.

La président français Emmanuel Macron va lui organiser lundi à Paris une réunion de soutien à l'Ukraine avec plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement ou leurs représentants ministériels. Côté Etats-Unis, le ministère de la Justice a annoncé jeudi des inculpations d'oligarques russes.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 23/02/2024 à 13:49
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bonjour, on devrait installer en Ukraine une usine de fabrication de munitions, qui sait il y a peut être des machines d'armement à droite à gauche chez des ferrailleurs ,ou périmées face à l'impression 3d. ça réduira les délais et ajuster ait les ...

à écrit le 23/02/2024 à 9:11
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L'argent est le nerf de la guerre et certain s'en font beaucoup sur la peur, le désespoir, la destruction et la mort !

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