Ukraine : le Japon s'engage à financer la reconstruction de l'Ukraine après la fin de la guerre

Le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, s'est rendu au Japon ce lundi et a obtenu des accords avec le gouvernement japonais pour que ce dernier contribue au financement de la reconstruction du pays après la fin de la guerre. Un nouveau partenariat bienvenu pour le gouvernement de Volodymyr Zelensky, au moment où les Etats-Unis menacent de ne plus financer la guerre.
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a rencontré son homologue ukrainien ce lundi.
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a rencontré son homologue ukrainien ce lundi. (Crédits : BRITTANY HOSEA-SMALL)

Le gouvernement ukrainien prépare l'après-guerre. Ce lundi, le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal s'est rendu à Tokyo pour convaincre le Japon et ses entreprises privées d'investir dans le « miracle économique » qui attend selon lui son pays, une fois que la guerre contre la Russie aura pris fin.

Quelques heures après leur rencontre, cette nuit, les deux pays ont annoncé avoir signé lundi divers accords portant sur la reconstruction d'infrastructures en Ukraine, son agriculture ou encore le déminage du territoire.

« L'Ukraine et le Japon ont signé 56 documents lors de la conférence de Tokyo. Il s'agit notamment d'accords intergouvernementaux, de mémorandums, d'accords entre entreprises et représentants des autorités locales. Nous avons notamment signé une convention intergouvernementale visant à éviter la double imposition, ce qui est extrêmement important pour les entreprises japonaises qui planifient de nouveaux projets en Ukraine », a notamment annoncé Denys Chmygal sur X.

Les besoins de l'Ukraine pour sa reconstruction et son redressement économique sont colossaux et ne cessent d'enfler : ils ont été réévalués à 486 milliards de dollars la semaine dernière par la Banque mondiale, l'ONU, l'Union européenne et Kiev. C'est 75 milliards de dollars de plus que la précédente estimation, qui datait de mars 2023.

Tokyo, grand financeur de l'aide humanitaire

Surtout, selon le gouvernement ukrainien, l'aide financière de Tokyo serait un investissement rentable pour le pays du Soleil levant. « Le secteur privé sera le principal moteur des efforts de reconstruction de l'Ukraine (...) Nous voulons travailler avec le Japon sur la modernisation et la reconstruction de l'Ukraine, nous voulons que vous fassiez partie du miracle économique ukrainien » après la guerre, a-t-il lancé.

« Les entreprises qui investissent maintenant en Ukraine seront capables de générer des bénéfices et d'avoir des opportunités incroyables dans les prochaines années », a-t-il encore vanté.

Lire aussiSemi-conducteurs : face aux restrictions japonaises, la Chine déterminée à « devenir autonome »

A noter, d'ailleurs, depuis le début de l'invasion russe il y a deux ans, « le Japon a fourni à l'Ukraine plus de 10 milliards de dollars » d'aides diverses, faisant de l'archipel nippon le quatrième plus gros partenaire financier de Kiev, a souligné Denys Chmygal, lors d'une conférence avec des représentants du gouvernement de Tokyo et des milieux d'affaires ukrainiens et japonais.

Cependant, le Japon applique un strict contrôle de ses exportations d'armements, en vertu de sa constitution pacifiste. C'est pourquoi Tokyo se concentre principalement sur l'aide humanitaire, le soutien économique et la reconstruction de l'Ukraine, en plus de participer aux sanctions internationales contre Moscou comme les autres pays du G7. « Le Japon s'est tenu aux côtés de l'Ukraine et va continuer de le faire », a promis ce lundi son Premier ministre Fumio Kishida.

Zelensky signe de nouveaux accords bilatéraux

Sur le plan militaire, en déplacement vendredi à Berlin puis Paris, le président ukrainien Volodomyr Zelensky n'est pas revenu les mains vides en signant des accords de sécurité bilatéraux qui inscrivent dans la durée l'aide de l'Allemagne et de la France à l'Ukraine, avec une dizaine de milliards de soutien militaire promis pour 2024. Dont trois milliards d'euros d'aide supplémentaire cette année pour la France, selon Emmanuel Macron.

Côté allemand, le document signé contient une aide militaire supplémentaire et immédiate d'un montant de 1,1 milliard d'euros, qui est une tranche des sept milliards de soutien déjà annoncés par l'Allemagne pour 2024. Ces soutiens interviennent après celui du Royaume-Uni en janvier.

L'aide occidentale menacée ?

Reste que l'aide occidentale à l'Ukraine est affaiblie depuis plusieurs mois, en raison notamment de l'impasse au Congrès américain pour débloquer une nouvelle grosse enveloppe des Etats-Unis, alors que les troupes de Kiev ont dû abandonner Avdiïvka, dans l'est de l'Ukraine, ce week-end, après des vagues d'assaut constantes de l'armée russe contre cette ville depuis des mois.

Une aide de quelque 60 milliards de dollars décidée par le gouvernement de Joe Biden pour l'aider à se ravitailler en armes et munitions, qu'il a qualifiée samedi de « vitale » par Volodomyr Zelensky se fait attendre depuis plusieurs mois. Le Sénat américain a bien validé une nouvelle enveloppe débloquant 95 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël et Taïwan, mais son adoption est suspendue au bon vouloir des partisans de Donald Trump à la Chambre des représentants, qui refusent en l'état d'examiner le texte.

Lire aussiUkraine : la volonté de persévérer de Zelensky reste intacte

Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky s'est déclaré prêt, samedi, à emmener Donald Trump sur le front de la guerre en Ukraine. « Je l'ai invité publiquement, mais tout dépend de ses souhaits », a déclaré le chef de l'État ukrainien à la tribune de la Conférence sur la sécurité de Munich, dans le sud de l'Allemagne, qui rassemblait l'élite de la géopolitique et de la défense mondiale.

« Si Donald Trump vient, je suis prêt à aller avec lui sur le front », a-t-il poursuivi. Et d'ajouter : « Je pense que si nous dialoguons sur la manière de terminer la guerre, nous devons montrer aux décideurs ce que signifie la vraie guerre, pas sur Instagram ». En juillet dernier, Donald Trump avait affirmé qu'il serait capable de mettre fin au conflit « en 24 heures » s'il était réélu en novembre.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 20/02/2024 à 3:37
Signaler
La promesse japonaise sous entend une victoire ukrainienne🤔 donc elle ne leur coûte rien. Et puis les promesses n'engagent que ceux qui les croient.

à écrit le 19/02/2024 à 13:07
Signaler
L'aide européenne à l'Ukraine étant "un prêt" en contrepartie d'intérêts économiques à moyen/long terme - à voir ensuite sur quoi reposera le remboursement du nominal - alors reste à espérer que l'Empire du Soleil levant laissera autre chose que des ...

à écrit le 19/02/2024 à 10:45
Signaler
C'est devenu vraiment n'importe quo la guerre au troisième millénaire, c'était mal parti au 20è déjà, mais une chose ne change pas ce sont les vrais gens qui meurent sur le terrain et pas ceux qui décident de les y envoyer.

le 19/02/2024 à 11:04
Signaler
@dossier 51 - La guerre n'a jamais été et ne sera jamais autrement. Les uns pour défendre leur territoire et les autres parce qu'il sont envoyés au combat et qu'ils n'ont pas le choix sous une dictature qui declenche une "opération speciale".

le 19/02/2024 à 11:26
Signaler
C'est cocasse que tu me répondes ça sur un sujet qui ne parle que de fric en fait qui ne lie la guerre qu'à l'argent car ce n'est que cela pour eux une histoire de pognon, leur seule et unique obsession. Alors tu sais les "dictateurs" hein ils ont bo...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.