Hausse des taux : un responsable de la Fed alerte sur le risque d'un resserrement des conditions de crédit

Pour le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, l'institution américaine doit veiller à « ne pas augmenter les taux de manière trop agressive », car les difficultés rencontrées par le secteur bancaire, notamment avec la faillite de SVB, pourraient entraîner un resserrement des conditions de crédit aux particuliers et aux entreprises ayant les mêmes conséquences qu'un nouveau relèvement des taux.
Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a alerté sur un possible resserrement des conditions de crédit.
Le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a alerté sur un possible resserrement des conditions de crédit. (Crédits : Reuters)

Au sein de la Réserve fédérale américaine (Fed), certains s'inquiètent d'un resserrement des conditions de crédit. C'est du moins ce sur quoi a alerté le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, mardi.

Afin de ralentir l'inflation galopante accrue par la guerre en Ukraine, la Fed, comme la Banque centrale européenne (BCE) ainsi que de nombreuses autres banques centrales, ont opté pour un relèvement de leurs taux d'intérêt. L'institution américaine a d'ailleurs relevé, le 22 mars dernier, ses taux de 25 points de base.

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Turbulences du secteur bancaire

Mais depuis, plusieurs événements ont fragilisé le secteur bancaire américain notamment. Début mars, Silicon Valley Bank (SVB) a fait faillite. Et ce, en partie à cause des hausses successives des taux d'intérêt imposées par la Fed. La banque s'est, en effet, retrouvée confrontée à une crise de liquidités, car ses clients de la Tech, en panne de levée de fonds depuis plus d'un an, ont entrepris de retirer leurs dépôts. L'établissement a donc été contraint de céder ses actifs pour répondre à ces demandes de retraits. Or, si ces actifs avaient été investis pour l'essentiel dans des bons du Trésor américain, en théorie sans risque, le relèvement des taux, qui ont pris, sur les taux américains à 10 ans, 250 points de base depuis janvier 2022, a changé la donne. Cela a, en effet, entraîné une moins-value importante en cas de cession du titre avant sa date de remboursement.

Risque d'un resserrement des conditions de crédit

En conséquence, selon Austan Goolsbee, « compte tenu de l'incertitude (...), je pense que nous devons être prudents », jugeant nécessaire de « recueillir d'autres données et de faire attention à ne pas augmenter les taux de manière trop agressive ». Il a précisé que, selon certains analystes, un resserrement des conditions de crédit lié aux turbulences du secteur bancaire « pourrait correspondre à une hausse du taux d'environ 25 à 75 points de base ». Les tensions bancaires issues de ce qu'il qualifie de « version high tech d'une panique bancaire à l'ancienne, » pourraient en effet restreindre l'accès au crédit pour les ménages et entreprises. Cela aurait le même effet qu'un relèvement des taux: réduire la consommation pour faire ralentir l'inflation.

« Dans l'environnement actuel, il n'y a pas de conflit entre notre politique monétaire et ces conditions de crédit plus strictes (...); elles peuvent travailler en tandem pour aider à ralentir l'inflation », a ainsi détaillé Austan Goolsbee, qui dispose en 2023 du droit de vote tournant lors des réunions de la Fed. Cependant, il a insisté sur l'importance d'être « à l'affût de la possibilité réelle d'un resserrement des conditions de crédit ». Il a également cité une enquête réalisée par la Fed, qui « semblait indiquer un resserrement des normes de prêts avant même les faillites de la Silicon Valley Bank et Signature Bank ».

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« Pas de preuve » d'un resserrement des conditions de crédit pour Yellen

À l'inverse, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a de son côté affirmé plus tôt mardi n'avoir pas observé à ce stade de resserrement des conditions de crédit. « Je n'ai pas vu de preuve, à ce stade, d'un resserrement des conditions de crédit, bien que cela soit une possibilité », a ainsi déclaré la ministre de l'Économie et des Finances de Joe Biden, lors d'une conférence de presse organisée en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se déroulent cette semaine à Washington. « Notre système bancaire reste solide et résilient », a-t-elle martelé, et « l'économie américaine se porte exceptionnellement bien ». Et de conclure : « Je ne m'attends donc pas à un ralentissement de l'économie, même si bien sûr cela reste un risque ».

Fin mars, le président de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari partageait lui aussi cette incertitude sur les conséquences de la hausse des taux sur les conditions de crédit.

« Ce qui n'est pas clair pour le moment, c'est dans quelle mesure les tensions bancaires des dernières semaines conduisent à un resserrement durable du crédit, qui ralentirait ensuite l'économie américaine », avait-il déclaré, en demandant de poursuivre la hausse des taux pour lutter contre l'inflation. « Nous avons des outils pour faire baisser la demande en augmentant les taux d'intérêt afin de rétablir l'équilibre économique. Nous devons donc le faire », avait-il ajouté.

Hier, Janet Yellen s'est montrée optimiste pour l'économie mondiale, alors que le FMI, qui a publié mardi ses prévisions économiques, anticipe une croissance mondiale de 2,8% en 2023, en léger recul par rapport à son estimation de janvier, estimant cependant que les principales régions économiques devraient éviter la récession. « Bien sûr, il y a des risques », a reconnu la ministre américaine, évoquant notamment la guerre en Ukraine. Mais les perspectives sont, selon elle, « raisonnablement bonnes ».

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(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 13/04/2023 à 8:00
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curieusement, je n'ai pas entendu cet incompetent hurler que le QE et les taux 0 allaient mettre le bazar, et que ca risquait d'etre la cata plus tard, comme on l'a appris en deuxieme annee de macroeconomie!!!!!!!! a priori il n'a meme pas eu son dip...

à écrit le 12/04/2023 à 9:37
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La Fed aurait surtout dû resserrer ses conditions de crédits dès début 2021, ce qui n'a pas été fait, maintenant, c'est trop tard

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