Inflation : les banques centrales doivent continuer la lutte, estime la patronne du FMI

Malgré les risques pesant sur le secteur financier, le Fonds monétaire international (FMI) estime que les banques centrales doivent poursuivre leur politique de resserrement monétaire, afin de lutter contre l'inflation. Tant que cette dernière ne baissera pas de manière marquée, les institutions devront continuer à augmenter les taux, souligne Kristalina Georgieva.
L'action des banques centrales a « mis en lumière les vulnérabilités du secteur financier », a reconnu la patronne du FMI
L'action des banques centrales a « mis en lumière les vulnérabilités du secteur financier », a reconnu la patronne du FMI (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

Pas de compromis avec l'inflation. Face à l'envolée des prix à la consommation, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, estime que les banques centrales ne doivent surtout pas « reculer » malgré les risques que cela peut faire courir au secteur financier, dans un entretien à l'AFP.

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 « A l'heure actuelle, nous n'envisageons pas que les banques centrales doivent reculer dans leur lutte contre l'inflation, car l'inflation est toujours là, et tant qu'elle ne baisse pas de manière suffisamment marquée, les banques centrales doivent poursuivre » leur hausse des taux, a-t-elle assuré.

« Faire plus pour garantir la stabilité financière »

Malgré tout, l'action des banques centrales a « mis en lumière les vulnérabilités du secteur financier », a reconnu la patronne du FMI, que ce soit en Suisse ou aux Etats-Unis.

La hausse des taux des banques centrales, qui se situent désormais dans une fourchette comprise entre 4,75% et 5% pour la Réserve fédérale américaine (Fed) par exemple, a conduit à la faillite de plusieurs banques régionales américaines, dans la foulée de la Silicon Valley Bank (SVB) début mars, et le rachat précipité de Credit Suisse par UBS.

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A ses yeux, ces récentes turbulences bancaires signifient que « les banques centrales doivent faire plus pour garantir la stabilité financière », en même temps qu'elles cherchent à réduire l'inflation.

Le risque de fragmentation

Si les « risques devenaient importants, alors les banques centrales devraient décider dans quelle mesure la lutte contre l'inflation doit prendre le pas sur la stabilité financière », a souligné Kristalina Georgieva, « mais nous n'en sommes pas là à l'heure actuelle ».

L'économie mondiale doit au contraire pour l'instant faire face au risque de fragmentation, a estimé la directrice générale du Fonds. Elle a notamment pointé les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

« Nous sortons d'une période durant laquelle l'allocation des investissements était déterminée par les coûts, mais ce n'est plus le cas. Aux Etats-Unis, et ailleurs, la sécurité nationale et celle des approvisionnements sont désormais essentielles » dans la prise de décision, « et cela va durer », reconnaît Kristalina Georgieva.

Des perspectives de croissance plus faible

Mais « jusqu'où aller ? Nous pensons que la réflexion doit rester économique, et ne pas atteindre le point où elle risque d'affecter les pays qui disent vouloir se protéger. Car au final, ce sont les consommateurs de ces pays qui payent », a-t-elle rappelé.

Selon le FMI, la guerre commerciale a coûté 0,4% de croissance mondiale l'année dernière, « soit 400 milliards de dollars en moins ». Mais souligne Kristalina Georgieva, « la résolution de la question de la dette oblige les pays à travailler ensemble. Même chose pour le changement climatique, nous n'y parviendrons pas si nous ne travaillons pas ensemble ».

Dès lors, le rôle du FMI est d'« offrir une table où tous les pays peuvent s'asseoir et discuter, même sur des sujets controversés mais qui bénéficieront à tous ». Dans l'immédiat, les nombreux chocs provoqués par les crises à répétition devraient entraîner le monde dans une des périodes de croissance les plus faibles de ces dernières décennies, en-dessous de 3% en 2023.

Le Fonds publiera mardi une actualisation de ses prévisions pour 2023 et à moyen terme. « Nous nous attendons à une croissance autour de 3% durant les cinq prochaines années, notre plus faible perspective à moyen terme depuis 1990 », a souligné dans un discours la patronne de l'institution.

La dette au cœur des préoccupations

Kristalina Georgieva s'est par ailleurs inquiétée de l'état des finances publiques dans la plupart des pays. De fait, l'endettement public s'est envolé un peu partout dans le monde, sous l'effet de la pandémie de Covid-19, puis des conséquences de l'invasion russe de l'Ukraine.

Les défis à relever sont importants, notamment pour permettre la transition écologique des pays émergents, dont les besoins sont estimés à 1.000 milliards de dollars par an sur les prochaines années. Cela nécessitera que « nos membres les plus riches aident à combler les manques » en matière de levée de fonds.

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Plus encore alors que les pays à faibles revenus font face à des difficultés d'accès au marché de la dette, du fait d'une hausse des coûts liée à l'augmentation des taux des principales banques centrales. Ces nations sont souvent en difficulté financière : le montant total des fonds mis à disposition par le FMI a ainsi fortement augmenté, à 300 milliards de dollars, ces derniers mois.

Cela pourrait se poursuivre, car « près de 15% des pays à faibles revenus sont déjà en difficulté vis-à-vis de leur dette et 45% sont proches d'y plonger », a insisté Kristalina Georgieva.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 07/04/2023 à 8:56
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Oui, elle a tout à fait raison

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