
La réaction des marchés des matières premières n'a pas tardé suite au déclenchement des opérations militaires russes en Ukraine, tôt ce jeudi matin. Déjà tendus en raison de l'impasse diplomatique et des dernières déclarations de Vladimir Poutine laissant présager une intervention armée sur le territoire ukrainien, les cours se sont effondrés à l'ouverture de séance.
L'indice Reuters-Jefferies CRB qui regroupe 19 matières premières s'affichait ce jeudi à son plus haut niveau depuis plus de 7 ans. Il a progressé de plus de 15% depuis le début de l'année, traduisant la tension sur plusieurs marchés de produits de base. Tour d'horizon.
- Pétrole : le prix du Brent a enfoncé la barre symbolique des 100 dollars, pour atteindre plus de 103 dollars le baril, avant de refluer pour évoluer entre 102,5 et 103 dollars. La Russie compte parmi les plus importants exportateurs de brut avec l'Arabie Saoudite. En cas de sanctions des Occidentaux contre le secteur énergétique russe les prix pourraient continuer à grimper. Il pourrait toutefois se détendre, si un accord sur le dossier nucléaire iranien était trouvé dans les prochains jours, un producteur majeur de brut et de gaz naturel. L'Iran pourrait ajouter rapidement 1 million de barils par jour supplémentaires sur le marché.
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- Gaz naturel : en Europe, le prix du gaz naturel a bondi de 30% à 115 euros le MWh, renouant avec ses plus hauts niveaux depuis 2 mois, sur des craintes de perturbations d'approvisionnement même si la Russie ne semble pas avoir coupé pour le moment ses livraisons via les gazoducs qui la relient à l'Europe.
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- Aluminium : le métal non ferreux a atteint un nouveau record historique en cotant jusqu'à 3.420 dollars la tonne sur un marché qui s'inquiète de nouvelles perturbations de l'approvisionnement alors que les stocks sont en forte baisse. La Russie compte parmi les plus importants producteurs d'aluminium.
Le marché est d'autant plus tendu que la Chine, pays premier producteur et consommateur de ce métal a vu nombre de ses entreprises réduire leurs volumes de production en raison des pénuries d'énergie, de la pandémie, et de réduction de la pollution durant les Jeux Olympiques d'hiver.
- Blé : au plus haut depuis plus de 9 ans, la céréale a coté jusqu'à 9,29 dollars le boisseau sur le marché de Chicago, faisant craindre une réduction des volumes disponibles, la Russie et l'Ukraine étant respectivement les premier et quatrièmes exportateurs mondiaux. En outre, la faiblesse des stocks aux Etats-Unis et au Canada, respectivement les deuxième et troisième exportateurs du monde, est également un facteur de soutien des cours. Cela risque de peser sur les gros importateurs comme l'Egypte, la Turquie et le Bangladesh.
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Soja : son prix a lui aussi atteint un sommet de presque 10 ans, en s'affichant à 16,80 dollars le boisseau, le risque de perturbation ajoutant aux inquiétudes sur le niveau des récoltes chez les grands pays producteurs comme l'Argentine et le Brésil qui ont subi les aléas climatiques.
Huile de palme : dans le sillage du soja, auquel elle peut se substituer notamment dans les biocarburants, les prix de l'huile de palme progressent de plus de 5% sur le marché à terme de Malaisie pour atteindre un record historique à 6.354 ringgit (1.339 euros), soit une hausse de plus de 30% depuis le début de l'année. Le marché est tendu en raison d'un recul de la production en Malaisie et la décision de l'Indonésie, premier producteur mondial, d'imposer à ses producteurs de consacrer 20% de leur production au marché local, réduisant l'offre sur un marché international déjà tendu.
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