La Chine baisse (encore) un de ses taux de référence pour soutenir son économie

Quatre mois après la dernière baisse de son taux de réserve obligatoire (RRR), qui représente la part des dépôts que les banques sont tenues de garder dans leurs coffres, la Banque centrale chinoise réitère cette stratégie. La baisse sera de 0,25 point dans l'optique de parer à l'essoufflement de la croissance dans la deuxième économie du monde.
Cette mesure vise à alléger la pression sur les établissements financiers pour les encourager à accorder davantage de crédits aux entreprises et in fine à soutenir l'économie.
Cette mesure vise à alléger la pression sur les établissements financiers pour les encourager à accorder davantage de crédits aux entreprises et in fine à soutenir l'économie. (Crédits : Reuters)

C'est presque devenu une habitude pour la Chine ces derniers mois. Afin de relancer son économie, la Banque centrale chinoise a décidé de nouveau d'agir sur son taux de réserve obligatoire (RRR), à savoir la part des dépôts que les banques sont tenues de garder dans leurs coffres. Elle a annoncé ce mercredi 24 janvier, par la voix de son gouverneur Pan Gongsheng cité par les médias d'État, le baisser de 0,5 point.

Cette mesure sera effective à compter du 5 février prochain. Elle vise à alléger la pression sur les établissements financiers pour les encourager à accorder davantage de crédits, à des conditions plus favorables, aux entreprises et in fine à soutenir l'économie. Ainsi, quelque 1.000 milliards de yuans (128,7 milliards d'euros) devraient pouvoir être injectés dans l'économie grâce à cette baisse, selon l'institution.

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Bien mais insuffisant

La baisse du RRR est « un pas de plus dans la bonne direction », estime l'économiste Zhiwei Zhang, de Pinpoint Asset Management. Mais cette mesure est insuffisante pour relancer l'économie, met-il en garde.

« La Chine a besoin d'une demande intérieure plus forte plutôt que de capacités de production accrues », et donc de davantage de mesures en faveur de la consommation, fait valoir Zhiwei Zhang.

Ce n'est pas la première fois que la Banque centrale chinoise baisse son RRR. La dernière remontait alors à septembre 2023, où elle l'avait réduit de 0,25 point - il se situait donc depuis à environ 7,4%. Ce qui représentait la sixième baisse depuis juillet 2021. Une stratégie que la première puissance asiatique avait déjà menée en 2020 pour faire face à la crise du Covid-19 et même en 2019 pour tenir le coup contre la guerre commerciale déclenchée par l'Amérique de Donald Trump.

Une économie à la peine

L'annonce de ce mercredi intervient en tout cas après une succession d'indicateurs en demi-teinte pour la deuxième économie mondiale. La Chine a ainsi signé en 2023 l'une des croissances les plus faibles en trois décennies, selon des chiffres officiels. Si le pays a malgré tout vu son produit intérieur brut (PIB) croître de 5,2% sur un an, la comparaison se fait avec 2022 lorsque les restrictions contre le Covid-19 avaient lourdement pénalisé l'activité. Entre le troisième et quatrième trimestres, comparaison la plus fidèle de la conjoncture, le rythme est bien plus modeste (+1%) pour le géant asiatique.

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Un de ses importants leviers de croissance, les exportations, a connu un repli l'an dernier (-4,6% d'après les Douanes chinoises). Le premier depuis 2016. Une performance qui a un impact direct sur l'emploi pour des milliers d'entreprises du secteur. L'année 2023 a notamment été marquée par neuf mois de recul des ventes de produits et services chinois pour l'étranger. Depuis novembre, les exportations repartent à la hausse et elles ont même accéléré en décembre sur un an (+2,3%). Mais cette hausse est à relativiser car la comparaison se fait, là aussi, avec décembre 2022.

La menace de récession en Europe, combinée à une inflation élevée, contribue désormais à affaiblir la demande internationale en produits chinois. Les tensions géopolitiques et la volonté de certains pays occidentaux de réduire leur dépendance à la Chine ou de diversifier leurs chaînes d'approvisionnement expliquent également cette baisse. L'Union européenne en fait partie et va d'ailleurs présenter ce mercredi un volet de cinq mesures pour protéger ses intérêts économiques de la puissance chinoise, entre autres.

Une consommation intérieure toujours morose

Autre signe de souffrance de l'économie chinoise : la déflation s'est poursuivie en décembre, pour le troisième mois consécutif. C'est le signe d'une consommation atone et à rebours des principales économies, en proie elles à l'inflation. L'activité est notamment pénalisée par les incertitudes sur le marché du travail et le ralentissement économique mondial qui pèsent sur la demande en biens chinois et donc sur l'activité de milliers d'usines.

Quant à la situation du secteur immobilier, avec son lot de promoteurs au bord de la faillite et de logements inachevés, elle est également un important obstacle à la croissance chinoise. Ce secteur, avec celui de la construction, a longtemps contribué au quart du PIB de la Chine et constituait un important vivier d'emplois. En décembre, les principales villes de Chine ont de nouveau enregistré une baisse des prix de l'immobilier sur un mois, selon les chiffres officiels. La baisse du prix de la pierre est un coup dur pour le portefeuille des ménages chinois, pour qui l'achat d'un bien immobilier a longtemps été perçu comme un investissement sûr pour l'épargne.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 24/01/2024 à 12:19
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Oui et? Auprès des grands Timoniers occidentaux, les taux directeurs ont bien virés en "territoire inconnu" durant près de de deux lustres: à zéro pour certains et même en négatif pour d'autres. Les États-Unis vont bien détendre cette année la pressi...

à écrit le 24/01/2024 à 12:01
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L'économie réelle mondiale est dans un état de délabrement jamais connu jusqu'à présent. Nos dirigeants politiques et économiques, publics et privés, sont nuls.

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