Alors que le scrutin présidentiel approche à grands pas - celui-ci étant programmé le 13 janvier prochain -, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé ce mardi avoir détecté deux ballons chinois ayant franchi la veille la ligne médiane du détroit de Taïwan qui sépare l'île de la Chine continentale.
Dans le détail, les deux ballons ont franchi la ligne médiane du détroit le 1er janvier à deux endroits différents : l'un près de la ville de Chiayi, à l'ouest de l'île, l'autre au nord à Keelung. Le premier ballon s'est dirigé vers l'est en survolant l'île, selon un graphique transmis par le ministère.
Les deux engins qui évoluaient à « une altitude d'environ 30.000 et 32.000 pieds (entre 9 et 10 km) » se dirigeaient « vers le Nord-Est » avant de disparaître, selon le communiqué.
Dans les faits, les observations de ballons chinois à Taïwan sont loin d'être nouvelles. Les appareils ont commencé à faire des incursions le mois dernier. Ainsi, Taipei avait déjà indiqué le 8 et le 18 décembre que des ballons avaient franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan.
Tapei appelle à une « coexistence pacifique »
Les ballons chinois sont devenus un sujet politiquement sensible depuis février dernier. En effet, les Etats-Unis avaient alors abattu l'un de ces appareils, après qu'il a survolé leur territoire, le qualifiant de ballon espion. De son côté, Pékin avait affirmé qu'il s'agissait d'un dirigeable civil ayant dévié de sa trajectoire.
En ce début d'année 2024, le contexte est bien différent. Ces dernières années, la Chine a intensifié sa pression militaire et politique sur Taïwan, qu'elle revendique comme faisant partie de son territoire. La présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a dit lundi espérer une « coexistence pacifique » de long terme entre Taipei et Pékin. Elle a également souligné que l'avenir des relations bilatérales doit être décidé par les « procédures démocratiques » de l'île, bientôt appelée aux urnes.
« Nous espérons que les deux parties (du détroit de Taïwan) reprendront des échanges sains et durables dès que possible », a-t-elle insisté lors de son discours du Nouvel An, le dernier avant la fin de son mandat en mai.
« Nous espérons aussi que les deux parties rechercheront conjointement une voie, stable et de long terme, pour une coexistence pacifique (...) », a-t-elle ajouté.
La Chine sera « sûrement réunifiée », affirme Xi Jinping
Les élections présidentielle et législatives qui doivent avoir lieu le 13 janvier à Taïwan seront particulièrement scrutées par la Chine et les Etats-Unis en raison de leur importance pour l'avenir des relations entre l'île autonome et Pékin. L'Empire du Milieu, qui la considère comme partie intégrante de son territoire, s'est juré de la ramener un jour dans son giron, en recourant à la force si nécessaire.
Pékin a interrompu les communications à haut niveau avec le gouvernement taïwanais depuis l'élection de Tsai Ing-wen en 2016. En parallèle, la Chine a accru sa pression militaire, diplomatique et économique sur le territoire. Bien décidée à ne pas céder aux revendications territoriales de la Chine, la présidente de Taïwan a mis l'accent sur la nécessité de défendre la démocratie, dans son discours.
« Face au retour du conflit entre la démocratie, la liberté et l'autoritarisme dans le monde, le seul choix pour Taïwan à l'avenir est de continuer à faire respecter la démocratie et protéger la paix », a déclaré la dirigeante.
La veille, le président chinois Xi Jinping avait, quant à lui, déclaré que la Chine sera « sûrement réunifiée » et que « tous les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan devraient être liés par un but commun et partager la gloire du renouveau de la nation chinoise ».
Appelée à réagir à ces propos, Tsai Ing-wen a indiqué aux journalistes après son allocution : « Les décisions doivent être prises selon la volonté commune du peuple taïwanais. Nous sommes un pays démocratique, après tout ». « Le type de relation que nous établirons avec la Chine à l'avenir doit être déterminé par nos procédures démocratiques en vue d'aboutir à une décision finale. »
(Avec AFP)