Présidentielle à Taïwan : Pékin se défend d'intervenir dans l'élection et accuse Taipei de manipulations

Accusé de favoriser le candidat pro-chinois par les autorités de Taiwan, Pékin a déclaré ce jeudi qu'elles « exagèrent l'ingérence de la Chine dans les élections » qui auront lieu le 13 janvier. Le gouvernement de Xi Jinping affirme même que c'est Taipei qui tente d'« attiser la confrontation et de manipuler les élections ».
Wu Qian a accusé Taipei de vouloir « attiser la confrontation et de manipuler les élections ».
Wu Qian a accusé Taipei de vouloir « attiser la confrontation et de manipuler les élections ». (Crédits : YEW LUN TIAN)

Les tensions montent entre la Chine et Taïwan à l'approche de l'élection présidentielle. Le ministère chinois de la Défense a accusé ce jeudi les autorités taïwanaises de monter en épingle l'ingérence supposée de Pékin dans l'élection du 13 janvier.

« Les autorités du Parti démocrate progressiste (au pouvoir à Taïwan, NDLR) exagèrent l'ingérence de la Chine dans les élections », a déclaré un porte-parole du ministère, Wu Qian, lors d'une conférence de presse.

Il a d'ailleurs accusé Taipei de vouloir « attiser la confrontation et de manipuler les élections ».

Pékin accusé de lorgner sur les élections taïwanaises

Pour rappel, c'est pour l'instant William Lai, candidat à la succession de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen qui est donné favori dans les sondages. Il est issu comme cette dernière du Parti démocratique progressiste (PDP, pro-indépendance). De l'autre côté de l'échiquier politique se tiennent le Kuomintang et le Parti du peuple taiwanais (TPP), qui ambitionnent de se rapprocher de la Chine. Mais en novembre dernier, les deux partis d'opposition ne sont pas parvenus à s'entendre et ont donc présenté des candidatures séparées. À quelques semaines du scrutin, Taïwan soupçonne donc la Chine d'influencer l'élection en leur faveur.

La justice de l'île a notamment annoncé le 26 décembre avoir lancé des poursuites contre Chen, de son nom de famille, l'accusant de vouloir corrompre des électeurs en faveur de candidats pro-Pékin. Pour cela, l'homme de nationalité taïwanaise a organisé des séjours dans cinq provinces chinoises entre mai et octobre, ont indiqué des procureurs du district de Ciaotou, dans la ville de Kaohsiung (sud). Cheng, poursuivi pour avoir enfreint les lois électorales et « anti-infiltration », « a été commissionné et financé par une source d'infiltration pour promouvoir des candidats et transmettre des bénéfices injustes aux électeurs », a précisé le communiqué, publié lundi.

Plus tôt en décembre, des procureurs de Ciatou avaient annoncé qu'ils enquêtaient sur cinq personnes soupçonnées d'avoir organisé des voyages sponsorisés par Pékin dans la province chinoise de Hunan (sud) pour 60 électeurs. Le principal suspect, nommé Chou, avait demandé aux participants de soutenir des candidats spécifiques dans une « tentative d'influencer les intentions de vote des électeurs et les résultats de l'élection », selon la justice. Il est également accusé d'avoir « conspiré » avec une autre personne pour produire des sondages d'opinion en vue d'influencer le scrutin, ont ajouté les procureurs.

Washington contre Pékin

Les tensions sont d'autant plus vives que la question du futur gouvernement de Taïwan dépasse largement les seuls intérêts de l'île. En effet, Taipei est aujourd'hui un allié des Etats-Unis en confrontation directe avec la Chine.

Or, la Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pour parvenir à ses fins, elle dit privilégier une réunification « pacifique » avec le territoire, où les quelque 23 millions d'habitants sont gouvernés par un système démocratique. Mais elle n'a jamais renoncé à employer la force militaire pour y parvenir.

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De son côté, si Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei depuis 1979, le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à Taïwan, dans le but affiché de dissuader la Chine de toute velléité expansionniste. Mi-décembre, les Etats-Unis ont d'ailleurs autorisé une vente d'équipements militaires défensifs à Taïwan, pour 300 millions de dollars afin de renforcer les défenses de l'île. Ce à quoi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a réagi en assurant que la Chine prendra « des mesures de représailles à l'encontre des entreprises impliquées dans la vente d'armes à Taïwan ».

« La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale », a-t-il insisté.

Encore avant cela, le 15 décembre, les États-Unis ont appelé la Chine à ne pas s'« ingérer » dans l'élection présidentielle à Taïwan, incitant « toutes les parties à un comportement responsable »« A l'approche du 13 janvier, nous escomptons et espérons vivement que ces élections seront exemptes d'intimidation, de coercition ou d'ingérence de la part de toutes les parties », a déclaré l'ambassadeur des États-Unis à Pékin, Nicholas Burns, faisant clairement allusion à la Chine. Ce dernier a dans le même temps assuré que « les États-Unis ne sont pas impliqués et ne seront pas impliqués dans ces élections ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 28/12/2023 à 17:50
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C'est passionnant de voir les usa perdre toutes crédibilités, qui craint la livraison d'armes provenant des usa ? Plus personne! Le coup monté ukrainien termine l'hégémonie gagnée en 45 et via breten woods, l'occident ferait mieux de clairement arrêt...

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