
Les prévisions de l'organisation internationale du travail pour 2023 sont plutôt sombres. Cette agence spécialisée de l'ONU a publié ce lundi 16 janvier un rapport où elle examine l'impact du ralentissement économique sur le marché mondial du travail et analyse les tendances mondiales. Il ressort ainsi que la croissance de l'emploi mondial ne sera que de 1% en 2023, soit moins de la moitié du niveau de 2022. Le chômage mondial devrait quant à lui augmenter légèrement en 2023, d'environ 3 millions, pour atteindre 208 millions (correspondant à un taux de chômage mondial de 5,8%).
En parallèle, de nouvelles tensions géopolitiques, le conflit en Ukraine, la reprise inégale après la pandémie et la persistance de goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement mondiales « ont créé les conditions d'un épisode de stagflation, conjuguant simultanément inflation élevée et faible croissance, pour la première fois depuis les années 1970 », constate le rapport.
« Les prévisions de ralentissement de la croissance économique et de l'emploi en 2023 impliquent que la plupart des pays ne retrouveront pas complètement les niveaux d'avant la pandémie », souligne le directeur général de l'OIT, Gilbert Houngbo, dans la préface.
Les travailleurs fortement impactés
Conséquence directe de cette situation morose : la détérioration du marché du travail. « Le ralentissement actuel signifie que de nombreux travailleurs devront accepter des emplois de moindre qualité, souvent très mal payés, avec parfois des durées de travail insuffisantes », indique le rapport.
En outre, comme les prix augmentent plus vite que les revenus nominaux du travail, la crise du coût de la vie risque de précipiter davantage de personnes dans la pauvreté. Cette tendance vient s'ajouter aux baisses importantes de revenus constatées pendant la crise du Covid-19 qui, dans de nombreux pays, ont affecté le plus durement les groupes à faible revenu.
« Le besoin de plus de travail décent et de justice sociale est clair et urgent », considère le directeur général de l'OIT, Gilbert F. Houngbo. Et d'ajouter : « En raison du ralentissement de la croissance de l'emploi mondial, nous n'espérons pas pouvoir compenser les pertes subies pendant la crise du Covid-19 avant 2025 ».
Les femmes et les jeunes les plus touchés
Les femmes et les jeunes sont nettement moins bien lotis sur les marchés du travail. À l'échelle mondiale, le taux d'activité des femmes s'élevait à 47,4 pour cent en 2022, contre 72,3 pour cent pour les hommes. Cet écart de 24,9 points de pourcentage signifie que, pour chaque homme économiquement inactif, on compte deux femmes inactives.
Les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) sont confrontés à de graves difficultés pour trouver un emploi décent et le conserver. Leur taux de chômage est trois fois supérieur à celui des adultes. Plus d'un jeune sur cinq — 23,5 pour cent — n'est ni en emploi, ni en études ni en formation.
(Avec AFP)
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