Royaume-Uni : Shell obtient le feu vert pour un champ gazier décrié en mer du Nord

Les autorités britanniques ont donné leur accord à un nouveau champ gazier qui sera exploité par Shell en mer du Nord. De son côté, le gouvernement a relancé le développement des hydrocarbures depuis le début de la guerre en Ukraine, au grand dam des écologistes. Mais aussi de hauts responsables et d'élus, dont certains ont démissionné pour marquer leur opposition.
Ce nouveau champ gazier, baptisé Victory, devrait entrer en service au milieu de la décennie et produire à son maximum suffisamment de gaz pour chauffer près de 900.000 foyers par an, selon Shell.
Ce nouveau champ gazier, baptisé Victory, devrait entrer en service au milieu de la décennie et produire à son maximum suffisamment de gaz pour chauffer près de 900.000 foyers par an, selon Shell. (Crédits : Murad Sezer)

Un nouveau champ gazier va voir le jour en mer du Nord. L'Autorité britannique du pétrole et du gaz (OGA) « a donné son accord », ce mercredi, à celui baptisé Victory, situé au nord-ouest des îles Shetland. Il devrait entrer en service au milieu de la décennie et produire à son maximum suffisamment de gaz pour chauffer près de 900.000 foyers par an, selon Shell, qui sera en charge de son exploitation.

« Une fois opérationnel, le champ contribuera à maintenir la production nationale de gaz pour les foyers et les entreprises et la production d'électricité britannique », a fait valoir le géant britannique des hydrocarbures dans un communiqué.

L'entreprise a confirmé qu'elle investissait dans ce projet mais, interrogée par l'AFP, s'est refusée à préciser le montant injecté.

Shell en prend pour son grade...

Avec ce projet, Shell essuie de nouvelles critiques des ONG environnementales. « Cette décision d'investissement est une preuve supplémentaire que Shell ne prend tout simplement pas au sérieux la prévention d'un changement climatique catastrophique », a réagi Charlie Kronick, conseiller climat de Greenpeace au Royaume-Uni, dans une déclaration transmise à l'AFP.

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Les critiques viennent aussi de certains de ses actionnaires, qui lui reprochent notamment de ne pas avoir « amélioré ses objectifs climatiques » en 2023. 27 investisseurs se sont ainsi réunis en collectif pour tenter de contraindre le groupe, lors de sa prochaine assemblée générale annuelle, à définir un objectif de réduction de ses émissions en conformité avec l'Accord de Paris.

De son côté, Shell se défend et maintient sa stratégie. « La poursuite des investissements est nécessaire pour soutenir la production nationale [du Royaume-Uni], qui diminue plus rapidement que la demande de pétrole et de gaz » dans le pays, a déclaré Simon Roddy, un responsable de pour l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures, cité dans le communiqué. Selon l'Autorité de transition de la mer du Nord (NSTA), le Royaume-Uni a produit 38% de son approvisionnement en gaz en 2022, se reposant sur des importations pour le reste de sa consommation.

... tout comme le gouvernement britannique

Les ONG ne sont pas plus tendre avec l'exécutif.

« Le gouvernement britannique continue de détruire ce qui reste de sa réputation de leader en matière de climat », a fustigé Charlie Kronick.

Les raisons de ces critiques ? Le fait que, depuis le début de la guerre en Ukraine, le gouvernement a remis la sécurité énergétique au cœur de ses priorités. Et a pour cela annoncé une pléthore de nouveaux permis d'exploration pétrolière et gazière. Fin septembre dernier, il a notamment accordé une « autorisation de développement et production » au champ pétrolier et gazier de Rosebank, présenté par l'un de ses exploitants comme le plus grand gisement non développé du Royaume-Uni. Ce, quelques jours seulement après avoir reporté plusieurs mesures phares dans la lutte contre le changement climatique.

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Une stratégie qui n'est d'ailleurs pas seulement décriée par les militants. Plusieurs hauts conseillers et élus ont démissionné de leur poste pour marquer leur opposition à ces mesures. La semaine dernière, c'est Chris Stark, le directeur général de la Commission sur le changement climatique, l'organisme indépendant chargé de conseiller le gouvernement britannique sur sa stratégie climat, qui a ainsi claqué la porte. Six jours plus tôt, le député conservateur et ancien secrétaire d'Etat à l'Énergie, Chris Skidmore, lui avait emboîté le pas. Autre exemple en juin avec le départ du secrétaire d'État chargé du climat au ministère des Affaires étrangères, Zac Goldsmith, qui accusait le Premier ministre de ne pas s'intéresser à l'environnement.

62 nouvelles licences pétrogazières accordées par la Norvège

Le Royaume-Uni n'est pas le seul pays à autoriser des projets d'exploration. La Norvège, plus gros fournisseur de gaz naturel de l'Europe, a annoncé ce mardi l'attribution de 62 nouvelles licences pétrogazières. Elles seront réparties entre la mer du Nord (29 licences), la mer de Norvège (25) et la mer de Barents.

« C'est important pour l'emploi, la création de valeur et pour s'assurer que la Norvège demeure un fournisseur stable d'énergie pour l'Europe », a justifié le ministre de l'Énergie Terje Aasland dans un communiqué.

Les licences ont été accordées à 24 entreprises dont les géants norvégiens Equinor et Aker BP ainsi que des majors internationales comme TotalEnergies et Shell. Le même jour, le ministère de l'Énergie a aussi donné son feu vert au développement en mer du Nord du champ gazier Eirin, un projet porté par Equinor conjointement avec le koweïtien KUFPEC.

Or, depuis 2021, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) presse le monde d'arrêter tout nouveau projet d'exploration pétrolière pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels.

(Avec AFP)

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