Le tourisme en France amputé de "50 à 60 milliards d'euros" de recettes, mais limite les dégâts

Le secteur du tourisme paye un lourd tribut en raison de la crise du Covid. Sur les six premiers mois de l'année, les recettes touristiques internationales ont chuté de 49,4% en France mais la "fréquentation a été globalement meilleure qu'espéré" grâce à la mobilisation des Français, selon un bilan présenté mercredi en Conseil des ministres.
(Crédits : GONZALO FUENTES)

Selon les premières estimations de la Banque de France, les recettes internationales du tourisme se sont élevées "à 16,7 milliards d'euros contre 33,1 milliards d'euros" sur la même période de sept mois en 2019, d'après le document présenté par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat en charge du Tourisme. Ces chiffres font écho à ceux publiés la veille par l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui a fait état d'une perte de 460 milliards de dollars pour le secteur au premier semestre.

Le tourisme local a sauver l'été

S'agissant des dépenses des Français à l'étranger de janvier à fin juillet 2020, elles atteignent "14,4 milliards d'euros contre 26,1 milliards" l'an passé, soit un recul de 44,7%, indique le bilan.

Mais en France, la chute attendue des dépenses des touristes en 2020, Français et étrangers compris, est plus limitée, entre -30 et -35%, avec des "pertes potentielles de recettes touristiques globales" estimées sur l'année par Atout France à un montant situé "entre 50 et 60 milliards d'euros". Car le bilan de la saison touristique estivale 2020 fait apparaître que la fréquentation en France a été globalement meilleure qu'espérée au printemps dernier, selon le document présenté en Conseil des ministres.

Alors que les Français ont massivement séjourné en France (94% de ceux qui partaient sont restés dans l'Hexagone), "la France a toutefois mieux résisté que ses voisins, notamment l'Espagne et l'Italie, qui enregistrent en juillet, premier mois de véritable reprise des mobilités internationales, respectivement avec -75 % en fréquentation internationale (...) pour l'Espagne, et -66 % de demande étrangère en Italie". En juillet en France, le recul est de 41% sur la fréquentation.

Lire aussi : Pour leurs vacances, les Français limitent kilomètres et budget

Le niveau d'activité touristique en juillet en France "a augmenté tardivement mais sensiblement à partir du 20 juillet pour atteindre des taux d'occupation corrects au cours des deux premières semaines d'août dans les hébergements collectifs marchands", relève encore le compte-rendu.

Le littoral et la campagne ont été les plus prisés, tandis que la Corse, l'outre-mer et les grandes villes ont été plus délaissées.

"Outre l'hôtellerie à Paris et dans les grandes métropoles, deux secteurs s'avèrent particulièrement fragilisés", à savoir l'évènementiel ainsi que les opérateurs de voyages et de séjours (OVS), souligne le bilan en chiffrant les reculs d'activité respectifs à -70 et -90%.

Les hôteliers de Barcelone sont "à bout"

Le tourisme, pilier de l'économie espagnole, est touché de plein fouet par la pandémie. Après le coup d'arrêt provoqué en mars par le confinement et la fermeture des frontières, la reprise progressive de l'activité a été interrompue dès le mois de juillet en raison de l'apparition de nombreux nouveaux foyers de contagion à travers l'Espagne, deuxième destination touristique mondiale après la France.

Les hôteliers de Barcelone, ville la plus visitée d'Espagne désormais désertée par les touristes étrangers, ont appelé à l'aide mercredi face à la "tragédie" vécue par leur secteur, avec 75% des établissements toujours fermés en raison de la pandémie de coronavirus.

"La situation est dramatique, une tragédie (...) Le secteur hôtelier est à bout", a prévenu, lors d'une conférence de presse, le président de l'association professionnelle locale, Jordi Mestre, alors que les rues sont désertes et que de nombreux commerces et hôtels sont fermés dans la cité catalane.

Le secteur a perdu 850 millions d'euros lors des six derniers mois, selon cette association. Seuls 25% des hôtels de la ville ont ouvert cet été malgré la fin du confinement imposé en Espagne entre mars et juin, et leur taux d'occupation n'a atteint que 10%, alors que les prix avaient été abaissés de moitié.

En août par exemple, 3.200 clients ont été accueillis par jour contre 58.000 visiteurs quotidiens à la même période en 2019.

"Sans plan de sauvetage, nous nous retrouverons dans une situation limite, qui débouchera sur des faillites, la disparition de l'activité ou sa vente à des fonds vautours", a averti M. Mestre.

(aves l'AFP)

Commentaires 5
à écrit le 22/09/2020 à 10:51
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Le tourisme local "a sauvé l'été", et non "a sauver"...

à écrit le 17/09/2020 à 10:30
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D'où il apparaît que nos sociétés sont malades du "trop" et du "toujours plus". Trop de transport, trop de déplacements, trop de produits inutiles, de mauvaise qualité...Nous avons perdu le sens des priorités au profit d'un développement anarchique p...

à écrit le 17/09/2020 à 8:55
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Les français ne sont pas partis en France pour soutenir l'activité économique, c'est juste qu'ils ne se voyaient pas confinés à des centaines voir milliers kilomètres de chez eux et avaient besoin d'en partir quand même du fait du confinement qui les...

à écrit le 17/09/2020 à 8:24
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Le Fisc se frotte toujours les mains, cela les rassurent! Mais il vous feront payé "le manque a gagner" en vous culpabilisant alors que vous êtes victime!

à écrit le 17/09/2020 à 6:24
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l'an dernier Barcelone se plaignait du nombre de touristes qui envahissaient la ville

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