Shanghai, qui a dévissé de plus de 11% la semaine passée, a entamé la dernière semaine d'août sur un nouveau dérapage incontrôlable. Entraînés par cette nouvelle débâcle, les marchés asiatiques ont plongé lundi 24 août au matin à des niveaux inédits depuis trois ans, sur fond d'inquiétudes persistantes pour la croissance chinoise.
L'indice composite de la Bourse de Shanghai a terminé la séance sur une chute de 8,46% à 3.210,90 points, sa plus forte baisse en séance depuis le 27 février 2007. L'indice CSI300 des principales entreprises cotées à Shanghai et Shenzhen a perdu 8,75%, également sa plus forte chute depuis le 27 février 2007, à 3.275,53 points, son plus bas depuis le 24 décembre 2014. Avant de s'effondrer mi-juin, la Bourse de Shanghai s'était envolée de 150% en l'espace d'un an. Elle a retrouvé aujourd'hui ses niveaux de mars 2015, effaçant près d'un an de gains.
Propagation sur les marchés asiatiques et européens
À Tokyo, première place majeure à ouvrir en Asie, la Bourse s'est enfoncée de 4,61%, au plus bas en six mois après cinq journées de recul. La séance a été extrêmement active, avec 3,95 milliards de titres échangés sur le premier marché, le double du volume d'une journée moyenne. Dans les autres places financières asiatiques, la tendance était aussi à la baisse : Hong Kong perdait 5,04%, Sydney 4,09% et Singapour 3,8%.
"Les marchés paniquent. Les choses commencent à ressembler à la crise financière asiatique de la fin des années 1990. Des spéculateurs se débarrassent des actifs qui semblent les plus vulnérables", avance Takako Masai, directeur de recherches à la Shinsei Bank de Tokyo.
En Europe, dès l'ouverture, les marchés ont accusé le coup. L'indice CAC 40 abandonne 3,05% à 4.489,61 points après avoir accusé la semaine dernière, avec une chute de 6,57%, sa plus mauvaise performance hebdomadaire depuis décembre 2014. La Bourse de Londres recule de 2,48%, celle de Francfort de 3,11% et Milan de 3,24%.
"La contribution de la Chine à un ralentissement mondial potentiel a de nouveau chahuté les marchés ce matin, les vendeurs de précipitant dans la brèche, un mouvement exacerbé par les faibles volumes alors que la City doit encore revenir à son activité normale à la fin de ce mois de vacances", a commenté Richard Hunter, analyste du courtier Hargreaves Lansdown Stockbrokers
Vers une nouvelle dévaluation du yuan?
La peur d'une contagion à l'échelle mondiale du ralentissement de la deuxième puissance économique de la planète avait déjà fait vivre vendredi à Wall Street sa pire séance depuis près de quatre ans, les trois indices de référence perdant plus de 3%.
Cette semaine encore, les investisseurs vont surveiller de près la Chine dans l'attente de mesures de stimulation de la part de Pékin afin de freiner le ralentissement.
"La Chine pourrait être contrainte de dévaluer encore le yuan si son économie fléchit, et les marchés actions doivent gérer la perspective d'un yuan plus faible amplifiant l'impact négatif d'une économie chinoise léthargique", commente Eiji Kinouchi, analyste chez Daiwa Securities à Tokyo.
(avec Reuters)