Objectif Lune : la Corée du Sud réussit le lancement de Nuri, sa première fusée made in Korea

La Corée du Sud vient de lancer sa première fusée spatiale construite avec ses propres technologies. Baptisée Nuri, il s'agit d'un deuxième essai, quelques mois après l'échec en octobre d'un premier lancement. Le pays ambitionne de procéder à quatre autres tirs de cette fusée d'ici 2027.
(Crédits : Reuters)

La fenêtre de lancement était prévue entre le 16 et le 23 juin. C'est finalement ce mardi 21 juin que le Korea Satellite Launch Vehicle II, une fusée à carburant liquide de 200 tonnes appelée Nuri, a décollé du site de lancement de Goheung, dans le sud de la Corée, à 16h locales (07H00 GMT). « Il semble que tout se passe comme prévu », a déclaré un commentateur.

La fusée transportait un satellite de vérification des performances, qui a atteint avec succès son orbite, selon les responsables. Ainsi que quatre satellites développés par quatre universités locales à des fins de recherche. Le lancement « semble être un succès » a rapporté la télévision sud-coréenne YTN.

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Selon l'Institut coréen de recherche aérospatiale (Kari), le premier étage de la fusée Nuri s'est séparé 123 secondes après le lancement à une altitude de 62 kilomètres, suivi par la séparation de son carénage et du deuxième étage de la fusée à des altitudes de 202 kilomètres et 273 kilomètres, respectivement. Le satellite de vérification des performances a été déployé 875 secondes, soit 14 minutes et 35 secondes, après le lancement.

« Toutes les phases du lancement se sont déroulées normalement » et les satellites ont été déployés « à l'altitude et à la vitesse prévues », a déclaré le directeur du Kari, Lee Sang-ryool.

Il a fallu une dizaine d'années à la Corée du Sud pour développer cette fusée, pour un coût de 2.000 milliards de wons (1,46 milliard d'euros). Avec ses six moteurs à carburant liquide, elle pèse 200 tonnes et mesure 47,2 mètres de long.

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Un lancement huit mois après un premier échec

Ce lancement est le deuxième essai de la Corée du Sud. Il intervient huit mois après l'échec du premier, au cours duquel la fusée n'avait pas réussi à envoyer en orbite sa charge utile factice, ce qui avait constitué un revers pour Séoul.

Les trois étages de la fusée avaient fonctionné, l'amenant à une altitude de 700 kilomètres, et la charge utile de 1,5 tonne s'était séparée avec succès. Mais elle n'avait pas réussi à mettre en orbite un satellite factice, le moteur du troisième étage s'étant arrêté de fonctionner plus tôt que prévu.

« Bien qu'il n'ait pas atteint parfaitement ses objectifs, nous avons réalisé de très belles prouesses avec notre premier lancement », avait commenté Moon Jae-in, alors président de la République de Corée.

Le pays vise à procéder à quatre autres tirs de la fusée Nuri d'ici 2027. Il a aussi lancé une étude préliminaire de faisabilité pour le successeur de Nuri avec le but d'envoyer un module d'atterrissage vers la Lune en 2031.

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À la traîne par rapport à ses voisins asiatiques

La Corée du Sud est la 12e économie mondiale et un des pays les plus avancés technologiquement avec notamment son fleuron le groupe Samsung Electronics, le plus grand fabricant de smartphones et de puces au monde. Mais elle est toujours restée à la traîne dans la conquête spatiale, où l'Union soviétique avait ouvert la voie avec le lancement du premier satellite en 1957, suivie de près par les États-Unis.

En Asie, la Chine, le Japon et l'Inde ont développé des programmes spatiaux avancés. La Chine investit depuis quelques décennies des milliards d'euros dans son programme spatial. Elle a envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003. Depuis, elle a réalisé quelques prouesses remarquées, notamment ces dernières années. Elle a posé début 2019 un engin sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. En 2021, elle a fait atterrir un petit robot sur Mars. Elle prévoit également d'envoyer des astronautes sur la Lune d'ici 2030.

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Pékin finalise par ailleurs actuellement la construction de sa station spatiale. Nommée en chinois Tiangong ("Palais céleste"), également connue par son acronyme CSS (pour "Chinese space station" en anglais), elle devrait être pleinement opérationnelle d'ici la fin de l'année. Elle sera semblable en taille à l'ancienne station russo-soviétique Mir. Sa durée de vie devrait être d'au moins 10 ans.

Le Japon a annoncé fin mai qu'un premier astronaute japonais serait envoyé sur la Lune, sans fixer de calendrier. Une mission qui se fera en coopération avec les États-Unis. Tokyo visait auparavant une mission lunaire habitée d'ici 2030, mais son propre programme spatial s'est pour le moment concentré sur des lancements de satellites et de sondes.

Quant à l'Inde, c'est l'un des pays qui possède l'un des programmes spatiaux les plus anciens au monde. New Delhi a lancé des missions sur la Lune et sur Mars et prévoit d'envoyer un ressortissant indien en orbite terrestre basse d'ici 2023.

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(Avec AFP)

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