Plombée par l'inflation, l'Argentine est confrontée à des pillages de commerces

Une trentaine de personnes ont été arrêtées ces derniers jours en Argentine après des pillages de commerces dans trois provinces au moins, des actes « délictueux » ponctuels selon le gouvernement qui n'y lit pas une « réaction sociale » à vaste échelle.
La troisième économie d'Amérique latine est aux prises avec une inflation endémique, à deux chiffres depuis plus de douze ans, et de 115% sur un an.
La troisième économie d'Amérique latine est aux prises avec une inflation endémique, à deux chiffres depuis plus de douze ans, et de 115% sur un an. (Crédits : Agustin Marcarian)

Alors que l'Argentine traverse un marasme économique endémique, le pays doit faire face à des pillages de commerces intervenus dans au moins trois provinces.

Selon la police de la province de Cordoba, une vingtaine de personnes ont été arrêtées, dont une majorité de mineurs, pour des attaques ou tentatives de pillages d'une douzaine de commerces lors du week-end. Dans la province de Mendoza, sept personnes ont été arrêtées et inculpées. Dans un quartier de la capitale Buenos Aires, une tentative de pillage de magasin a été signalée lundi soir, déjouée par des riverains. Le ministre de la Sécurité, Anibal Fernandez, a fait état d'interpellations là aussi, sans préciser le nombre. Mardi après-midi à José C. Paz, faubourg populaire à 45 kilomètres de Buenos Aires, un autre supermarché a été en partie pillé dans l'après-midi de mardi, ont indiqué la police et des témoins à l'AFP, qui a constaté de nombreux autres commerces fermés par la suite par précaution dans le secteur.

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Anibal Fernandez a assuré que le gouvernement « suit l'affaire de près » et a indiqué que des tentatives d'attaques de magasins avaient été repérées depuis la semaine dernière, via des mobilisations expresses sur des échanges Whatsapp. « Il n'y a pas un grand degré d'organisation », a estimé le ministre, pour qui il s'agit « d'actes délictueux, pour générer confusion et conflit ».

« Il y a plusieurs détenus (...) et beaucoup d'auteurs sont des gens avec un casier judiciaire. Nous n'y voyons pas une réaction sociale mais des faits qui méritent tout le poids de la loi », a précisé à la presse le chef du cabinet de ministres, Agustín Rossi.

Nombre d'Argentins gardent un souvenir traumatique de scènes de pillages de commerces de la « Grande crise » de 2001, explosion sociale accompagnée d'affrontements avec les forces de l'ordre qui avaient fait 39 morts.

Le peso argentin a été dévalué de 20%

Même si le gouvernement nie tout lien de cause à effet, cette violence intervient alors que le peso argentin a été dévalué d'environ 20% mi-août, autodéfense des autorités monétaires anticipant la réaction des marchés. La troisième économie d'Amérique latine est aux prises avec une inflation endémique, à deux chiffres depuis plus de douze ans, et de 115% sur un an. Une inflation telle que le gouvernement a lancé en mai un billet de banque de 2.000 pesos, le plus important qui n'ait jamais circulé. Jusqu'à présent, la plus grosse coupure en circulation était un billet de 1.000 pesos, lancé en 2017 avec une valeur équivalant à l'époque à 55,5 dollars.

Présidentielles : la montée en puissance d'un candidat « antisystème » fait trembler la classe politique

La spectaculaire percée de l'économiste ultralibéral et « antisystème » Javier Milei, devenu après les primaires organisées mi-août un candidat sérieux à la présidence de l'Argentine a placé les partis traditionnels en état de choc avant l'élection d'octobre. Il est arrivé en tête des primaires, organisées mi-août, avec 30% des suffrages, l'élection présidentielle se déroulant le 22 octobre. Et s'il était attendu sur Buenos Aires (où il est député depuis 2021) et sa province, il a créé la surprise dans un total de 16 provinces sur 24. Un « tsunami » a résumé le quotidien La Nacion. Au moins autant que son hyperactivité, ont joué en faveur de Milei, « dix ans de stagnation inflationniste et cinq ans de forte inflation, qui ont alimenté le scepticisme de vastes secteurs de la population sur la capacité de gouverner des deux grandes coalitions », péroniste et de centre-droit, résume Gabriel Puricelli, politologue du Laboratoire des politiques publiques.

 (Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 23/08/2023 à 18:11
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Bonjour, ils faut dire que la situation du pays et difficile... La crise perdure depuis bien trops longtemps.... Maintenant, je comprends que les plus pauvres reste favorable au pillage des bien de consommation... La classe politiques doits imper...

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